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Protection sociale et croissance économique au Cameroun

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par Jean Colbert Awomo Ndongo
Université de Yaoundé II-Cameroun - D.E.A en Sciences Economiques 2008
  

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SECTIONII : UNE ANALYSE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE SUR LA

RELATION

Les travaux théoriques et empiriques sur la croissance ont marqué certains progrès au cours de la dernière décennie pour ce qui est de réduire l'incertitude entourant les déterminants de la croissance des pays. Ainsi on focalisera une attention sur certaines études empiriques sur la croissance (II-1) et sur celles qui se sont penchées sur l'incidence de la variable protection sociale sur la croissance (II-2).

II-1: Les études empiriques sur la croissance

Les travaux sur la croissance ont connu un regain avec l'introduction du capital humain comme un facteur important pour l'explication de la croissance, d'où ces nouveaux modèles ont pris la dénomination de modèles de croissance endogène (Romer, 1990 et Lucas, 1988). Le résumé du tableau des modèles empiriques modernes de la croissance (I-1-1) et la controverse liée aux résultats liant la protection sociale à la croissance (I-1-2), feront l'objet de l'étude de cette sous-section.

II-1-1 : Résumé du tableau des modèles empiriques modernes de la croissance

En présentant une évaluation des travaux publiés, Temple (1999) fait preuve d'un optimisme prudent. On résume le tableau qui ressort des modèles empiriques modernes de la croissance en disant qu'ils comportent trois étapes : les analyses de forme réduite (A), puis les modèles structurels de la croissance, avec et sans dynamique transitoire explicite (B).

A : Les travaux publiés reposant sur une analyse transversale de forme réduite

Dans les travaux publiés qui reposent sur une analyse transversale de forme réduite, on s'entend généralement pour dire que l'équation de croissance renferme relativement peu de

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variables statistiquement robustes37. L'équation de croissance fait voir la croissance moyenne de la productivité du travail comme variable dépendante et un ensemble de variables explicatives possibles du côté droit. Les variables utiles sont notamment :

· le niveau de revenu au début de la période ;

· les ratios d'investissement au PIB ;

· les niveaux de scolarité ;

· la croissance de la population ;

· les indicateurs de l'ouverture au commerce ou à l'investissement étranger direct

(IED).

Temple (1999) passe en revue cette documentation et note qu'en raison de l'absence d'une structure théorique explicite, on a fait l'essai d'un très grand nombre de variables; ce courant de la documentation souffre manifestement d'un problème de surexploitation des données. Cela dit, les analyses de régression publiées sur la croissance ont exercé une très grande influence, quoique davantage sur les questions touchant aux pays en développement que sur celles propres aux pays avancés. Les premiers travaux ont aussi démontré qu'un certain nombre de variables ne constituaient pas de bons facteurs explicatifs de la croissance. Parmi celles-ci, il y a la politique budgétaire, les mesures de la R-D et diverses variables de nature politique et juridique.

B : Modèle structurel de la croissance

Un important modèle structurel de la croissance est la version du modèle de Solow enrichi par Mankiw, Romer et Weil (1992). Ce modèle correspond au modèle néoclassique de base de la croissance mis au point par Solow, avec épargne exogène se transformant en capital matériel, auquel vient s'ajouter un troisième facteur de production -- le capital humain. Le modèle repose sur une fonction de production agrégée comportant des rendements d'échelle constants. L'application empirique du modèle suppose l'imposition d'une contrainte d'état stationnaire, par laquelle les pays demeurent sur un sentier de croissance stable à long terme durant toute la période étudiée. Dans cette hypothèse, les taux de croissance (qui sont la variable dépendante) peuvent être exprimés sans référence aux stocks de capital matériel ou humain, mais comme fonction du taux d'épargne, d'une variable de scolarité et d'un niveau initial de productivité que l'on suppose être réparti de façon aléatoire entre les pays. Les tentatives faites pour ajuster ce modèle aux données transversales de l'OCDE n'ont pas eu

37 Voir Levine et Renelt (1992) et Sala-i-Martin (1997).

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beaucoup de succès. Cela peut être considéré soit comme une réfutation de la théorie soit comme un reflet du fait que la contrainte d'état stationnaire est trop rigoureuse.

Dans les années 90, on a vu apparaître divers modèles de croissance structurelle intégrant le capital humain et délaissant l'hypothèse selon laquelle la croissance observée se situe sur une courbe d'état stationnaire. En intégrant des effets dynamiques transitoires qui permettent de faire varier les taux de croissance théoriques dans le temps, ces modèles ont obtenu un peu plus de succès.

Barro (1991) a été l'un des pionniers dans ce domaine, mais de nombreuses améliorations aux niveaux de la méthodologie, de la mesure et de l'analyse économétrique ont été apportées au cours de la dernière décennie. Une bonne revue technique de cette documentation est présentée dans Durlauf et Quah (1999), que Barro et Sala-i-Martin (1995) ont repris en partie dans leur manuel. Ce qui est plus significatif, les versions les plus récentes de ces modèles utilisent des données par panel, qui exploitent à la fois la variation transversale et la variation temporelle, et sont estimées à l'aide d'une variété de méthodes d'analyse dynamique par panel.

Au début, on s'est interrogé sur la façon dont les variables de capital humain devraient entrer dans ces modèles et certains des premiers résultats obtenus pour le capital humain étaient assez étranges. Cependant, ce paradoxe du capital humain a, pour l'essentiel, été résolu récemment. Nombre de ces estimations appuient l'hypothèse de rendements presque non décroissants sur une mesure étendue du capital humain et du capital non humain. Des rendements non décroissants supposent qu'un accroissement du capital (largement défini) par travailleur engendre une augmentation marginale de la production qui ne diminue pas à mesure que du capital supplémentaire est ajouté. Cela se rapproche beaucoup d'une corroboration de ce que l'on appelle la croissance endogène à long terme.

La notion de croissance endogène, telle qu'élaborée par Romer (1990) et Lucas (1988), intervient lorsqu'une variable de politique, par exemple le taux d'épargne, peut avoir un effet permanent sur le taux de croissance plutôt que sur le niveau du revenu à long terme. Les rendements non décroissants sur le capital sont une condition suffisante pour qu'un modèle engendre une croissance endogène. Un modèle montre une croissance exogène lorsque les variables de politique n'ont qu'un effet transitoire sur le taux de croissance, bien qu'elles puissent influer sur le niveau de revenu à l'état stationnaire.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe