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INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
Depuis quelques années, le concept de «
protection sociale » est l'un des grands sujets du débat
consacré à la politique sociale et des études
théoriques sur la pauvreté et les garanties des ressources. Les
partisans de la lutte contre l'exclusion sociale font valoir que la protection
sociale moderne ne devrait pas se borner aux formes traditionnelles de garantie
des ressources, mais devrait aussi viser, par exemple, à renforcer la
cohésion sociale et la croissance économique (voir Badelt,
1999b). Ainsi, les dépenses de protection sociale ne cessent de
croître dans l'ensemble des pays européens depuis le début
des années 1950. Jusqu'en 1970, cette hausse a pu être
financée sans créer de tensions sur le partage des revenus
grâce à une forte croissance du PIB et des gains de
productivité élevés. Cependant, depuis le début des
années 1970, les dépenses de protection sociale continuent
à augmenter à un rythme soutenu, alors que la croissance de la
production devient plus faible. En France, par exemple, la part des prestations
sociales est passée de 16% à 25% du PIB entre 1970 et 1993 (De
Foucauld, 1995). Au Cameroun le Phénomène n'est pas en reste car,
les dépenses de sécurité sociale sont passées de
10,280 milliards de FCFA en 1975/1976 à 54,640 milliards de FCFA en
2001/200235. Tandis que le PIB par tête évolue au taux
annuel moyen 1,1%, soit plus de 2,5 fois le taux de croissance annuel moyen des
pays d'Afrique subsaharienne, mais moins de 3 fois celui des pays de l'Asie du
Sud-Est36. Cette montée des dépenses de
sécurité sociale au Cameroun constitue-t-elle un frein ou
contribue-t-elle à la relance de l'économie camerounaise par la
croissance ?
L'objectif de cette partie est d'appréhender les
effets théoriques et empiriques de la protection sociale sur la
croissance économique. Ainsi on analysera les mécanismes
théoriques de l'incidence de la protection sociale. De plus, à
partir des données de l'économie camerounaise, on testera la
deuxième hypothèse selon laquelle : une augmentation des
dépenses de protection sociale affecte positivement la croissance.
Cette partie sera traitée dans deux chapitres : le premier chapitre
mettra en exergue la relation théorique et empirique entre la protection
sociale et la croissance à la lumière de la littérature
économique et sociale et le deuxième chapitre fera l'objet d'une
évaluation empirique des effets de la protection sociale sur la
croissance de l'économie camerounaise.
35 Données recueillies à la CNPS et
à l'INS : annuaire statistique de l'économie camerounaise
2004.
36 Le taux de croissance annuel moyen du PIB par
tête est de 0,4% entre 1960 et 1997 pour l'ensemble des pays de l'Afrique
au Sud du Sahara ; il est de 3,9% pour les pays d'Asie du Sud-Est au cours de
la période (O'connell et Ndulu, 2000).
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