C-2-Lutte anti-terroriste et prégnance de
l'information sécuritaire :
La lutte anti-terroriste va peser d'un poids
considérable sur les rapports entre le pouvoir et les médias. Par
la force des choses, le tout sécuritaire va s'imposer comme le
référentiel à l'aune duquel sera déterminée
la politique médiatique du pouvoir et partant ses rapports avec la
presse, notamment écrite. En l'occurrence, et sous le motif de fermer
tout canal permettant aux groupes armés de distiller leur
idéologie, les autorités politiques imposent un arsenal juridique
contraignant pour les journalistes. Désormais, l'information à
caractère sécuritaire est étroitement
contrôlée et diffusée. En effet, dans sa guerre contre les
islamistes radicaux, le gouvernement doit impérativement s'appuyer sur
les médias, la presse écrite notamment. Sa campagne de
communication politique vise à légitimer sa stratégie de
lutte anti-terroriste et à discréditer celle de l'adversaire.
Le décret du 9 février 1992 instaurant
l'état d'urgence ainsi que le décret législatif du 30
septembre 1992 relatif à la lutte contre la subversion et le terrorisme
inaugurent une ère nouvelle dans les rapports entre le pouvoir et les
médias. De prime abord, l'imposition d'un couvre-feu n'est pas de nature
à aider les journalistes dans leur travail. Les dispositions de la loi
d'urgence restreignent, en outre, l'accès des journalistes aux
informations, en plaçant toutes les organes et structures de
sécurité sous l'autorité du ministère de
l'Intérieur. Les libertés publiques consacrées par la
constitution de 1989 se trouvent ainsi mises sous le boisseau Une cellule de
communication chargée des relations avec les médias est
crée. Cette structure est alors chargée de contrôler la
diffusion de l'information, limitant ainsi la marge de manoeuvre des
journalistes. Cette nouvelle orientation en matière de communication
oblige les journalistes à exclure l'information sécuritaire du
champ de la compétition professionnelle et à éviter les
scoops et la sur-médiatisation). Quant à l'imprimatur,
instauré entre 1993-1997, celui-ci resserre le contrôle sur les
écrits journalistiques. Certains journaux ne peuvent plus être
imprimés par les imprimeries de l'État en raison de la
publication d'articles controversés.
D - Loi organique du 1er janvier 2012 :
le champ audio-visuel au privé national59.
Le ministre de la Communication à l'époque, Nacer Mehel, dans un
entretien au mensuel Afrique Asie, a précisé que : "La loi
organique portant code de l'information est une avancée importante en
termes de garanties à la liberté d'expression, soulignée
d'ailleurs dès l'article premier de la loi 60». Le
ministre dans son entretien a assuré que le code de l'information,
désormais en vigueur, a instauré un "balisage pour
précisément éviter l'accaparement des médias par
ces forces de l'argent ». Sur l'ouverture précisément de
l'espace audio-visuel au privé national, Mehel a informé qu'il
faut attendre la loi spécifique sur l'audiovisuel qui fixera les
conditions de création de chaînes radio et TV. Ensuite, il
appartiendra à l'autorité de régulation de l'audiovisuel
de déterminer les cahiers de charges.
Article 61. -- L'activité audiovisuelle
est exercée par :
-- les institutions publiques,
-- les entreprises et organismes du secteur public,
-- les entreprises ou sociétés de
droit algérien.
Cette activité s'exerce conformément aux
dispositions de la présente loi organique et à la
législation en vigueur.
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