CHAP II : APPROCHE
METHODOLOGIQUE
Ce présent chapitre présente la
méthodologie envisagée pour analyser les causes et
conséquence de la présente crise de la microfinance, à
travers son impact sur le bien-être des ménages à
Bukavu.
Cette partie aura trois sections à savoir :
techniques de collecte des données, techniques de traitement des
données et la description sommaire des variables utilisées pour
la collecte et le traitement des données.
A. TECHNIQUES DE COLLECTE
DES DONNEES
Pour mesurer la crise actuelle de la microfinance à
travers les différentes causes qui entrainent les difficultés de
remboursement de crédits par ses bénéficiaires ainsi que
les sacrifices auxquels ces derniers font face ; il sied de mener une
analyse comparative entre bénéficiaires ayant remboursé
son crédit avant l'échéance et bénéficiaires
pré défaillants en vue de vérifier si la pré
défaillance est liée ou pas aux politiques de crédit des
IMF.
0. Détermination de la taille de
l'échantillon
Il est à signaler qu'il existe deux principales
méthodes d'échantillonnage, la méthode probabiliste et non
probabiliste. Au terme de notre travail, nous optons pour la première
méthode soit la méthode probabiliste qui consiste à
attribuer à chaque individu une probabilité« connue »
et non nulle d'être choisi. Et dont tout plan d'échantillonnage ne
remplissant pas cette caractéristique sera dit non aléatoire
(Bugandwa,2010).
Pour ce qui est de notre étude, pour ne pas
considérer l'ensemble de la population comme un tout, nous optons pour
le sondage stratifié consistant à diviser la population en
différents groupes homogènes appelés STRATES, dans
lesquelles on procédera à un tirage aléatoire dans chacune
de strates. Nos strates sont les trois communes de la ville de Bukavu entre
autre la commune de Kadutu, la commune d'Ibanda et la commune de Bagira dont
l'ensemble de la population s'élève à 900.920 habitants
(Mairie de Bukavu, 2011).
Pour déterminer la taille de l'échantillon, il
nous a été nécessaire de procéder par les
pré-enquêtes et puis les enquêtes proprement dites pour
récolter les données dudit travail.
1°. Pré-enquête et enquête
proprement dite
Avec une contrainte budgétaire et une limite temporaire
qui, ne devant pas être échappé, nous ne pouvons pas
enquêter toutes les populations. Néanmoins, dans le souci de
déterminer un nombre représentatif des activités cadrant
avec notre étude, nous extrayons un échantillon sur la population
cible de 30 ménages répartis en parts égales dans les
trois communes c'est-à-dire 10 par commune pour lequel nous utilisons
la formule de Cochran(1977).
Cette formule pose comme postulat : la
pré-enquête effectuée auprès de 30
ménages par un tirage aléatoire aboutit à la proportion
des répondants (P) qui est de 24 ménages pour notre étude
représentant 0,8 et de proportion des non répondants (q) de 6
dans notre cas représentant 0,2.
Ce qui nous a permis de déterminer la taille de
l'échantillon ( ) de cette population selon la formule de Cochran donnée
par :
Où
Avec
: Taille de l'échantillon non corrigée,
La valeur critique qui est fixée à 1,96.
P : la proportion des répondants,
q : la proportion des non
répondants,
d : la marge d'erreur qui
représente 10 % dans notre étude
N : représente la population
totale, étant de 900 920.
Le tableau suivant présente la répartition de la
population et des IMF de la ville de Bukavu:
Tableau 2. 1 : Population de Bukavu en 2011 et
IMF en 2008
COMMUNE
|
KADUTU
|
BAGIRA
|
IBANDA
|
TOTAL
|
Habitant
|
284839
|
203638
|
412453
|
900920
|
Pourcentage
|
32
|
23
|
45
|
100
|
IMF
|
5
|
4
|
53
|
62
|
Source : Mairie de Bukavu pour la population et
GAMF/SUD-KIVU pour les IMF
Notre échantillon sera divisé en deux principaux
groupes : bénéficiaires du microcrédit et non
bénéficiaires respectivement 31 et 30 ménages ;
Répartition de l'échantillon pour la
réalisation de l'enquête proprement dite en fonction du nombre
d'habitants par commune :
Tableau 2.2 : Répartition de
l'échantillon pour l'enquête proprement dite
COMMUNE
|
KADUTU
|
BAGIRA
|
IBANDA
|
TOTAL
|
Habitant
|
284839
|
203638
|
412453
|
900920
|
Pourcentage
|
32
|
23
|
45
|
100
|
Echantillon
|
20
|
14
|
27
|
61
|
B. TECHNIQUES DE
TRAITEMENT DES DONNEES
D'après GURBERT et ROUBAUD (2005), évaluer
l'impact (au niveau microéconomique) de l'intervention d'une IMF revient
à se poser la question suivante : en quoi la situation des
ménages clients des institutions (mesurée par le revenu, niveau
de vie, l'insertion dans le tissu économique, etc.). Est-elle
différente, en moyenne, de ce qu'elle aurait été si cette
institution n'avait pas existé? Il s'agit d'estimer l'effet causal d'un
traitement sur un output potentiel, en y insérant les effets de la
commercialisation par le sacrifice des clients et du surendettement de ces
derniers.
Plusieurs méthodes sont en ce fait
envisagées :
v La première méthode consiste à demander
aux bénéficiaires des microcrédits quelle aurait
été leur situation si le projet n'avait pas existé. Cette
approche est évidemment fort subjective et présente un risque
d'erreur réel.
v La méthode
« avant-après » consiste quant à
elle à comparer la situation des participants au projet juste avant leur
situation quelques années après. Le problème que
présente cette méthode est qu'elle ne permet pas d'isoler les
effets du projet de ceux d'autres événements ayant pu survenir
simultanément. Dans le cas qui nous intéresse, la pré
défaillance des clients pourrait par exemple être la
conséquence de changements intervenus au niveau macroéconomique
entre l'époque « avant la participation » et
l'époque « après » et non la
conséquence du projet ou de la politique d'octroi de
crédit ; ce qui importe d'en approfondir afin d'essayer à
intégrer les causes visibles par les bénéficiaires
liées à la pré défaillance de ces derniers et les
conséquences qu'elles entraineraient sur leur bien-être.
v Une troisième méthode,
« avec-sans », dite des groupes appariés,
est fréquemment utilisée. Elle consiste à identifier des
groupes de non-participants (groupe témoin) présentant des
caractéristiques analogues à celles des participants (le groupe
traité qui comprendra les emprunteurs défaillants d'un
côté et non défaillants de l'autre côté) et
à les comparer entre eux. Parmi les critères
généralement pris en compte pour l'appariement figurent notamment
l'âge, le sexe, l'activité professionnelle, etc. il en
résulte qu'on ne peut jamais être complètement sûr
que les différences observées entre les deux groupes à la
fin du programme soient imputables au programme et non à des
différences qui existerait déjà entre les
caractéristiques inobservées des participants et des
non-participants ;y intégrant les effets de la commercialisation de
la microfinance et de l'insouciance des ses opérateurs vis-à-vis
des bénéficiaires des services.
v La quatrième méthode, dite de
« double-différence », mêle la
méthode « avant-après » et celle des groupes
appariés.
v Et la cinquième méthode consiste en une
approche expérimentale où les personnes d'un groupe cible sont
réparties au hasard soit dans un
groupe « expérimental » qui
bénéficiera du projet, soit dans un « groupe
contrôle » qui n'en bénéficiera pas si elle est
correctement appliquée, cette méthode permet d'éviter des
disparités systématiques entre les participants et le groupe
témoin.
1. METHODES RETENUES
Dans le cadre de ce travail nous allons utiliser la
méthode subjective et la méthode des groupes appariés
mêlée au concept de pré défaillance qui nous
permettra d'identifier et de grouper des emprunteurs ayant des
caractéristiques communes, d'un côté les emprunteurs
défaillants et de l'autre côté les non défaillants
et dont les différences enregistrées seront
vérifiées par le test de Khi-deux, ce dernier nous permettra de
prendre objectivement la décision si la pré défaillance
est liée ou pas à la politique de crédit.
1°.La méthode
subjective
La méthode subjective repose sur les
appréciations et sentiments éprouvés par les
ménages au regard du service obtenu des IMF, principalement le
microcrédit, ainsi que sur les politiques des crédits. En
d'autres termes, la méthode subjective va consister pour les
bénéficiaires du microcrédit à estimer l'incidence
des microcrédits sur certaines variables socio-économiques de
leurs ménages ainsi que sur leurs activités et formuler des
appréciations sur les politiques d'octroi des crédits.
2° Concept de pré défaillance et
la méthode des groupes apparies
La pré-défaillance est une situation dans
laquelle un client n'honore pas son engagement à
l'échéance convenue. Il ne s'agit pas d'une
pré-défaillance définitive. Parmi les
pré-défaillants, il en est qui finissent par rembourser
même sans une quelconque action de l'institution de microfinance. La
pré-défaillance est déterminée en comparant les
échéances et les paiements. Certains crédits sont mono
échéances et d'autres sont multi échéances, il y a
pré-défaillance lorsque l'une quelconque des
échéances n'est pas respectée. Chaque
échéance est en fait comptée comme un crédit. Cette
approche est en outre renforcée par la notion de déchéance
du terme : lorsqu'une échéance n'est pas respectée,
les suivantes deviennent exigibles.
La pré-défaillance est une prémisse de la
défaillance définitive. Ce concept permet la détection
précoce des difficultés du micro entrepreneur et de
prévenir la défaillance effective. Cet un outil de gestion du
risque. La pré-défaillance permet de ne pas révéler
la défaillance effective et ne permet pas d'imputer la
responsabilité à l'une quelconque des parties au contrat. En
conséquence, la méthode réduit les risques de violation de
secret bancaire.
Ce concept avec la méthode des groupes appariés
nous permettront de calculer la proportion des ménages
bénéficiaires du microcrédit qui se sont
avérées défaillants et de les isoler d'un
côté avec ses caractéristiques communes et d'autre
côté les bénéficiaires non défaillant. En
intégrant les causes du remboursement tardif des
bénéficiaires cela nous permettra enfin d'analyser les
conséquences qu'ils subissent au prix de leur bien-être, et de
vérifier objectivement le lien existant entre la pré
défaillance et les politiques de crédit (montant de crédit
reçu, commune de résidence) par le test de Khi-deux.
3° Test de Khi-deux
Ce test permettra d'apprécier l'efficacité
relative du microcrédit sur le bien-être des
bénéficiaires en comparant la relation existant entre les
politiques de crédits (taux d'intérêt, montant limite de
crédit, commune de résidence, échéance du
crédit...) avec la pré défaillance des clients(nombre des
jours dépassés de l'échéance, les moyens
utilisés pour le remboursement, le niveau du revenu après
remboursement...).
Le test de Khi-deux requiert 5 étapes pour son calcul(
Amyotte, 1996)
1. Énoncer les hypothèses H0 et
H1
2. Définir des classes et calculer les
fréquences observées
3. Calculer les fréquences théoriques
espérées
4. Calculer le X²
5. Comparer le X² calculé avec le X²
observé dans la table
Ø Enoncer les
hypothèses
Les deux hypothèses caractéristiques du test
d'indépendance peuvent être formulées comme suit :
- Hypothèse Nulle Ho) : la pré
défaillance est indépendante de la politique de crédit
(commune de résidence et montant de crédit reçu)
- Hypothèse Alternative :la
pré-défaillance dépend de la politique de
crédit
Ø Définir des classes et calculer les
fréquences observées et du seuil de signification
Il s'agit de choisir le pourcentage de risque de rejeter
à tort l'hypothèse nulle. Nous retenons son niveau standard de
0,05.
Ø Calculer les fréquences
théoriques espérées Vérification des conditions
d'application
Pour un test d'indépendance, il faut s'assurer que les
fréquences théoriques valent toutes au moins 5 ; cela pour
ne pas engendrer une distorsion causée par des écarts relatifs
trop importants. On procède au calcul de toutes les fréquences
théoriques ft données par la formule suivante :
Ø Calcul de la variable d'écart le
X²
La variable d'écart relatif est obtenue par la
formule :
X2calculé= ?
Où ft : fréquence
théorique et
fo : fréquence observée
Plus les fréquences observées s'éloignent
des fréquences théoriques, plus cette valeur de la variable
d'écart ne sera grande.
Le degré de liberté(Ddl) se détermine par
la formule suivante :
Ddl = (ligne - 1) X (colonne -1)
Ø Comparer le X² calculé avec le
X² observé dans la table et la formulation de la règle de
décision
Le test d'hypothèse consiste à faire un choix
entre deux hypothèses opposées en vertu d'une règle de
décision.
Ho est rejetée lorsque
X2calculé> X2 de la table. Sinon,
nous maintenons l'hypothèse Nulle.
Graphiquement la règle de décision se
présente comme suit :
Distribution X2.
á= 0,05
X2>X2C
X2<X2C
Rejet de l'indépendance
Non Rejet de l'indépendance (Ho)
3° La statistique descriptive
En vue d'analyser les données de
l'échantillon, certaines variable nécessitent quelques mesures de
tendance centrale et de dispersion.
a. Mesures de tendance centrale
Ces mesures permettent de caractériser une
série statistique au moyen d'une valeur. Nous nous intéresserons
particulièrement à la moyenne arithmétique et à la
médiane.
- La moyenne
Mais elle présente l'inconvénient d'entrainer,
pour sa détermination, des calculs parfois longs, et d'être
influencée par des valeurs aberrantes de la variable (valeurs
exagérément faible ou élevées), nous devons lui
adjoindre la médiane.
- La médiane
C'est la valeur centrale de la distribution en-dessous et
au-dessus desquelles se situent 50% des effectifs ; elle divise une
distribution statistique en deux parties égales.
b. Mesures de dispersion
Ces mesures nous montrent comment chaque valeur Xi de la
distribution se positionne par rapport à la moyenne. Elles permettent de
déterminer si les données sont concentrées ou
étalées.
- L'écart-type
Il est la racine carrée de la variance ; plus il
est faible, plus la dispersion est faible et vice-versa.
C. DESCRIPTION SOMMAIRE DES VARIABLES
UTILISEES
a. Le depassement de l'échéance ou
pré-défaillance :c'est une variable
quantitative. Cette variable saisit tout dépassement de
l'échéance convenu entre l'IMF et l'emprunteur. Elle s'exprime en
terme de jours ou de mois. Dans cette étude nous les comptons en nombre
des jours révolus au-delà de la date de remboursement telle que
stipulée par les parties ou contrat.
b. L'Etat civil :c'est une
variable qualitative à deux
modalité :marié,célibataire. il renseigne sur l'Etat
matrimonial de la personne enquêtée.
c. La profession ou secteur
d'activité :c'est une variable qualitative à 4
modalité :Activité commerciale, chômeur,
salarié, indépendant. Cette variable renseigne sur
l'activité dans laquelle le bénéficiaire du crédit
ont réellement investi le crédit reçu. L'activité
ou secteur d'activité conditionne la performance du crédit et du
remboursement. En effet, les personnes ayant aucune autre activité
remunetrace approuverait trop de difficultés de remboursement du
crédit à l'échéance.
d. Le Montant du crédit
réçu :c'est une variable quantitative,qui donne
des indications sur le montant en dollars USD reçu par le
bénéficaire. L'incidence du montant de crédit sur la
prédéfaillance est ambigüe. En effet, dans un premier temps,
un montant de crédit élévé conduit à un
investissement élévé et consistant, ce qui conduit aussi
à une rentabilité financière appréciable. Dans ce
cas l'emprunteur sera apte à payer à la fois les interêts
et le principal au prêteur dans le delai convenu. Dans un second cas, la
grandeur du montant peut constituer un poids pour l'emprunteur surtout si son
activité ne marche pas bien. Cela peut conduire à la
déterioration de sa situation finançière et de surcroit,
rater la possibilité de rembourser à l'échéance. Et
aussi, un montant faible peut entrainer l'orientation du crédit à
la consommation et entrainer la négligence de l'emprunteur sur le
remboursement à l'échéance.
e. Nombre de crédit
reçu :il s'agit d'une variable quantitative. Elle
décrit le nombre de fois que l'emprunteur a reçu le crédit
auprès de l'IMF. Plus le nombre de crédit est
élévé plus l'emprunteur jouit d'une certaine
crédibilité auprès de l'IMF. En effet, l'IMF n'accorde un
nouveau crédit qu'à un emprunteur qui a remboursé le
précédent au délai convenu. Plus l'emprunteur
reçoit du crédit, moins il est pré-défaillant.
L'accès successif au crédit d'une IMF confert à
l'emprunteur de effets d'experience qui lui procurent plus de
productivité. Cela accroit sa capacité à rembourser et
à être de moins à moins pré-défaillant.
f. Echeance du
crédit :c'est une variable quantitative. Elle capte le
terme du prêt en termes de mois. L'échéance exerce une
influence sur la capacité de remboursement. En effet, plus
l'échéance est courte plus, plus le bénéficiaire
serait dans l'incapacité de réunir le principal et les
interêts, surtout si son activité n'a pas une rotation rapide
g. Les moyens utilisés pour
rembourser :c'est une variable qualitative qui permet de
comprendre si le remoursement du crédit n'avait pas entrainé son
surendettement.
h. L'affectation du
crédit : c'est une variable qualitative indiquant le
motif subjectif pour lequel le crédit a été
affecté, notons à ce titre que la pré défaillance
serait liée aussi à l'affectation du crédit, un
crédit affecté dans une activité commerciale aura moins de
pré défaut qu'un crédit affecté à la
consommation.
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