1.2 Utilisation du CAU dans la détermination des
doses d'engrais àapporter aux cultures
Aujourd'hui, le raisonnement de la fertilisation consiste
àestimer les fournitures en éléments minéraux du
sol afin de déterminer la dose d'engrais nécessaire et suffisante
pour assurer une production visée. Cette dose, notée X,
représente une estimation de l'optimum technique (COMIFER, 2012) 1. Sur
cette base, des méthodes d'estimations de l'optimum technique de
fertilisation par l'approche du bilan de masse de l'azote minéral du sol
ont vu le jour. Hébert propose dès 1969 la méthode du
bilan prévisionnel de l'azote minéral du sol,
complétée par Rémy-Hébert en 1977. A `
l'échelle de la parcelle, cette méthode, la plus largement
utilisée aujourd'hui, détermine les besoins du peuplement et
propose l'inventaire des ressources disponibles et envisageables pendant la
durée de prélèvement d'azote de la culture, expliquant le
passage d'une situation initiale représentée par la
quantitéd'azote minéral R (àl'ouverture du bilan)
àune situation finale Rf (quantitéd'azote minéral
du sol à la fermeture du bilan)(COMIFER, 2012). Le COMIFER (2012)
propose en plus la prise en compte des pertes aux dépens de l'engrais,
par voie gazeuse Gx et par organisation Ix, gràace au
CAU, intégrateur des processus de compétition, améliorant
ainsi la précision de la méthode. L'expression du bilan de masse
devient l'équation 1.4, adaptée des écritures du COMIFER.
Selon les contraintes locales, certains postes du modèle peuvent
être difficiles à estimer, ils sont substitués par un terme
général représentant les fournitures du sol P0,
intégrédans l'équation d'efficience de l'azote
(équation 1.5).
Pf = P + Ri + Mn + A + Nirr + X - CAU -- L -- Rf
(1.4)
Pf = P0 + X - CAU (1.5)
- Pf - P : azote prélevépar le peuplement
végétal entre l'ouverture et la fermeture du bilan;
- Rf - R : quantitéd'azote minérale entre
l'ouverture et la fermeture du bilan;
- Mn : minéralisation de la matière
organique (humus, résidus de cultures, produits résiduaires
organiques);
- A : apports atmosphériques;
- Nirr : azote apportépar l'eau d'irrigation;
- X : dose d'azote (optimum technique de
fertilisation);
- L : lixiviation de l'azote.
1.3 Travaux de modélisation
1.3.1 La vitesse de croissance pour expliquer le
CAU
Dans sa thèse François Limaux (1999)
étudie les termes de l'équation d'efficience (équation
1.5). Il met en évidence un lien fort entre le CAU et la vitesse de
croissance (VC) du blétendre d'hiver au moment de l'apport, pour des
apports précoces. Cette relation se base sur des essais
réalisés en
1. L'optimum technique n'est pas nécessairement un
optimum économique. L'optimum économique dépend du rapport
du prix de l'engrais au prix de vente de la culture. La dose optimale technique
est la base de toute approche économique ultérieure (COMIFER,
2012).
Lorraine fournissant des valeurs de CAU et des suivis de
croissance permettant d'estimer les VC. Il établit une relation
linéaire entre le CAU et la VC, éprouvée sur un jeu de
données de validation externe dont les résultats sont
encourageants mais suggèrent des relations plus complexes (fig. 1.2, VC
exprimée en g MS m-2dj-1
; dj : degrés jours base 0°C).
Construction du modèle VC
CAU (%)
0 20 40 60 80 100 120
COUR94 JOV94
LIFF94 MAN93
MON90
l ROS93
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
VC en gr de MS m-2dj-1 Validation
externe du modèle VC
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
CAU (%)
0 20 40 60 80 100 120
l BOU96 DIE96 LIX95
LIXN295
l MEL96 MIR95
MIRD196 MIRD296 SEI96
l SIE96 STA196 STA296
VC en gr de MS m-2dj-1
4
Figure 1.2 - Le modèle VC (Limaux, 1999). CAU
= 38,24 + 73,924 · V C ; R2
= 0,86; RMSEP = 13,6 pour la validation
externe
L'utilisation de l'isotope 15N
met en évidence la concurrence forte pour la ressource
azotée entre les besoins de la culture, les pertes par voie gazeuse et
l'organisation (Limaux et al., 1999; Recous,
1988). Il démontre que les quantités d'azote de
l'engrais absorbées par la plante et retrouvées
àla récolte sont déterminées très
précocement (quelques jours àquelques semaines après
l'apport)
(Limaux et al., 1999; Recous et al., 1997). Ceci
suggère de s'intéresser aux conditions qui caractérisent
le moment de l'apport pour comprendre l'absorption de l'azote. La VC traduirait
justement la demande en azote de la culture au moment de l'apport et
représente un facteur explicatif de la compétitivitéde la
culture pour l'azote vis àvis des processus concurrents (Limaux et al.,
1999).
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