1.1.1 Un Coecient Apparent différent du Coecient
Réel d'Utilisation
Le CAU représente l'utilisation apparente de l'engrais,
supposant que les fournitures du sol soient indépendantes des apports.
Le recours au marquage isotopique 15N permet de
déterminer le coefficient réel d'utilisation (CRU) : l'azote de
l'engrais réellement absorbépar le peuplement
végétal. Pour une situation agronomique donnée, le CAU est
supérieur ou égal au CRU, car en situation fertilisée
l'azote fourni par le sol peut être supérieur
à QN0. Il existe donc une interaction entre l'azote
apportéet l'azote du sol s'expliquant par des phénomènes
de resubstitution de pools. En effet, une partie
des besoins en azote de la microflore du sol est
assurée par l'azote de l'engrais alors que la biomasse microbienne
restitue de l'azote minéral utilisépar la culture (Limaux, 1999;
Recous et al., 1997). Finalement, en ne relevant pas les
phénomènes de resubstitution, l'interprétation du CAU
comporte moins de biais que celle du CRU (Recous et al., 1997). Le CAU est
globalement proportionnel au CRU en étant plus facile à
acquérir dans des dispositifs expérimentaux au champ.
1.1.2 Complément à 100 du CAU : les pertes
d'azote issue de l'engrais
L'azote est au coeur d'une compétition entre la demande
en azote du peuplement végétal, l'or-ganisation (Ix),
les pertes par voie gazeuse (Gx) et par lixiviation (Lx)
(fig. 1.1). Le complément à100 du CAU intègre
ces pertes (équation 1.2).
(1-CAU)·D=ÄRf+Gx+Lx+Ix (1.2)
- ÄRf : la différence de stock d'azote
minéral du sol après récolte par rapport àune
culture non fertilisée.
Minéralisation
Ammonium
Dénitrification
N gazeux
Volatilisation
Absorption
N minéral
Nitrate
N plante
Nitrification
Lixiviation
Organisation
N organique
Figure 1.1 - Les formes d'azote dans le sol. L'azote
minéral de la solution du sol se trouve sous deux formes : ammoniacale
et nitrique. La ressource est partagée par différents processus
entre le peuplement végétal (absorption), les micro-organismes du
sol (organisation), les pertes par voies gazeuses (volatilisation et
dénitrification) et la lixiviation (Recous et al., 1997).
Pour des doses d'azote inférieures ou égales
à l'optimum technique de nutrition azotée de la culture,
ÄRf et la lixiviation sont négligeables (Meynard et al.,
1997). La somme des pertes gazeuses et d'organisation est proportionnelle
àla dose d'engrais pour des apports sous-optimaux (équation
1.3).
(1-CAU)·D=Gx+Ix (1.3)
3
Les pertes Ix sont des pertes temporaires
à l'échelle du système de culture (mais définitives
àl'échelle de la phase d'absorption de la culture)
puisque l'azote immobilisésous forme organique par
les microorganismes est minéraliséà la
morts de ceux-ci (Recous et al., 1997) ou incorporéàl'humus
(Nicolardot et al., 1997). Au contraire, les pertes Gx sont
des pertes sèches : l'azote gazeux est définitivement perdu pour
le système sol-plante. Les pertes par voie gazeuse concernent en premier
lieu la volatilisation de l'ammoniac (COMIFER, 2012). Ainsi, toutes les formes
d'engrais ne sont pas exposées au même risque : les engrais
nitriques ne sont pas concernés, l'ammonitrate est
associéàun risque faible tandis que les formes ammoniacales sont
impactées par ces pertes (COMIFER, 2012).
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