Une autre solution permet le suivi des évolutions.
Elle consiste à attribuer une identité fixe aux objets
enregistrés dans la base de données en fonction des
entités qu'ils représentent.
Ce type de modèle correspond à la mise à
jour par historique. Il s'attache le plus à l'aspect thématique
du suivi de données, c'est-à-dire à l'approche qualitative
du temps.
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Également appelé modèle
orienté-objet, le modèle identitaire reprend son principe
à la programmation orienté-objet. Ce type de programmation,
plutôt que d'écrire des commandes successives sous une forme
impérative, consiste à définir un objet et son
comportement. La technologie orienté-objet se prête mieux d'un
point de vue conceptuel aux données géographiques, dont les
limites peuvent être floues et irrégulières.
L'implémentation du paradigme identitaire n'est toutefois pas
déterminée par le choix technologique pour la base de
données et est tout à fait possible dans une base de
données relationnelle en ajoutant une colonne pour l'identité et
en fixant des règles de conservation de celle-ci pour les nouveaux
enregistrements dans la base de données.
Selon ce modèle, un lien est établi entre les
différents états d'un objet qui permet de suivre les changements.
En plus des attributs temporels, chaque objet possède un identifiant et
l'information sur son successeur ou son prédécesseur.
L'identité de l'objet est définie par rapport à
l'entité géographique lui correspondant. Lorsqu'il est
modifié, on peut soit considérer que l'entité a
évolué, auquel cas l'objet conserve son identifiant, soit que
l'entité a été détruite et remplacée par une
autre. Dans ce cas, l'objet est indiqué comme détruit et son
successeur est indiqué.
Grâce à l'implémentation d'une
identité, les attributs temporels, spatiaux et sémantiques des
objets peuvent évoluer de manière indépendante. Le
repère fixe permettant le suivi temporel est l'identité.
Les évolutions sont enregistrées selon le
même principe que le versionnement. La différence tient au fait
que les versions successives d'une même entité pourront être
reconnues à l'aide d'un identifiant unique.
Le paradigme identitaire est intéressant, car il
nécessite une réflexion préalable sur les entités
géographiques observées ainsi que sur la nature du changement. Il
permet de répondre à un enjeu fondamental de
l'implémentation temporelle, à savoir l'identification à
travers différentes états d'objet d'une même entité
ayant subi différentes évolutions, ce que les modèles
précédents ne sont pas capables de produire. Ce modèle
possède les mêmes avantages que le versionnement, auxquels
s'ajoute la capacité d'extraire l'histoire d'une entité dans le
temps (Plumejeaud, 2011).
Toutefois, ce modèle très élaboré
peut être difficile à implémenter et lourd à
gérer. La réflexion nécessaire quant à
l'identité et à l'évolution des entités
géographiques peut être sujette à interprétations.
Elle peut donc varier selon les besoins des utilisateurs des données. Il
faudrait pouvoir définir des critères objectifs
d'identités.
Contrairement aux modèles précédents,
implémenter une identité permet de commencer à expliquer
comment une évolution a lieu. Les modèles
précédents peuvent, au mieux, permettre d'extraire les
changements à une date donnée et d'utiliser les opérateurs
topologiques d'Allen. Mais ils ne permettent pas de distinguer dans le
processus de l'évolution la succession entre les entités
géographiques. Pour cela, il faut d'abord définir
l'identité des entités afin de pouvoir les suivre. Puis il faut
définir des opérateurs topologiques liant les entités
interdépendantes entre elle (Ott et Swiaczny, 2001). Il est donc
nécessaire d'ajouter une modélisation des
événements au modèle identitaire.