II.D.4 - Modèle orienté-objet avec
modélisation des événements
Ce modèle consiste à ajouter
l'événement liant les différentes versions des objets et
des entités. Le principe est de considérer que chaque
entité géographique possède un historique et
peut-être
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l'origine ou le produit d'une ou de plusieurs autres
entités. Grâce à ce modèle, la topologie temporelle
est implémentée dans la base en décrivant les relations de
succession entre les entités.
Le modèle identitaire ne mentionne pas explicitement
les relations temporelles liées aux événements. Ajouter
une modélisation des événements permet de compléter
ce modèle et de faciliter l'analyse des évolutions.
Dans sa thèse, Plumejaud choisit de développer
ce type de modèle afin de résoudre le problème du suivi
statistique sur de longues périodes de temps, alors que le support
spatial des données peut évoluer dans le temps. Elle distingue
deux catégories d'événements : les
événements de vie et les événements territoriaux
(Tableau 5). Les premiers se réfèrent à l'histoire
individuelle d'une entité, sa création, ses modifications et sa
destruction :
- La création est l'apparition d'une nouvelle
entité définie par une identité propre.
- La modification intervient lorsqu'un des attributs de
l'entité géographique est modifié sans
modifier son identité.
- La destruction est le moment de la suppression d'une
entité géographique. Son identité ne sera plus
attribuée à de nouveaux objets stockés dans la base.
Les seconds expriment le résultat du croisement des
entités dans l'espace au cours du temps, comme une combinaison, une
fragmentation, ou un déplacement de limite. Plumejeaud a défini
cette typologie d'événements afin de décrire les
évolutions des découpages administratifs, support spatial des
données statistiques. Cette nomenclature est affinée en fonction
du critère de conservation de l'identité d'une entité
précédente :
- Une combinaison intervient lorsque plusieurs entités
sont remplacées par une seule.
o Lors d'une fusion, il y a création d'une nouvelle
entité.
Exemple : la création de la ville nouvelle de
Saint-Quentin-en-Yvelines regroupant plusieurs communes.
o Lors d'une intégration, une des entités
précédentes est conservée. Exemple : l'intégration
des faubourgs de Paris.
- La fragmentation est l'événement inverse de la
combinaison.
o Il s'agit d'une scission lorsque l'entité de
départ à été remplacée par plusieurs
nouvelles entités.
Exemple : l'éclatement de l'URSS.
o Il s'agit d'une extraction lorsque l'entité de
départ existe encore après l'événement. Exemple :
la sécession du Soudan du Sud de la République du Soudan.
- La redistribution correspond à un déplacement de
limites entre deux entités.
o La réaffectation implique la destruction d'une des
entités précédentes.
Exemple : la frontière entre deux parcelles cadastrales
et le propriétaire d'une des parcelles changent.
o La rectification implique le maintien des deux entités
précédentes. Exemple : idem que précédent, sans
changement de propriétaire.
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Tableau 5 : Événements de vie et
événements territoriaux (Source : Plumejeaud, 2011)
Évènements territoriaux
|
Combinaison
|
Fragmentation
|
Redistribution
|
|
Intégration
|
Scission
|
Extraction
|
Réaffectation
|
Rectification
|
Avant l'événement
|
|
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Évènements de vie
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Création
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X
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X
|
X
|
X
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|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
|
|
Ce modèle est celui qui permet de répondre
pleinement aux besoins d'une approche qualitative du temps dans une base de
données. En décrivant les événements et en reliant
les entités par un même événement, il est possible
d'intégrer la succession ordinale des états et d'identifier
clairement les évolutions. Cela permet de connaître l'information
temporelle relative. Chaque entité possède différents
états qui sont reliés entre eux et avec les états d'autres
entités par des événements datés. Il est ainsi
possible de connaître précisément l'historique d'une
entité ou d'un territoire.
Ce modèle possède les mêmes
défauts que le modèle précédent. Il est
relativement complexe à mettre en oeuvre, car il demande de
définir non seulement l'identité et le changement, mais aussi les
événements. Son implémentation requiert donc une
automatisation, à l'aide d'un algorithme d'appariement.
II.E - Illustration des différents
modèles de base de données spatio-temporelle à l'aide d'un
exemple de synthèse
Afin de comparer concrètement les sept modèles
que nous avons évoqués, nous utilisons un exemple unique mettant
en évidence les différences entre ses modèles. Il s'agit
d'évolutions probables d'un territoire entièrement couvert par le
RGFor entre un jeu de données initial et une première mise
à jour. Les évolutions utilisées dans cet exemple sont
:
- Le fractionnement d'un peuplement avec la construction d'une
route.
- Un déplacement de limite entre un peuplement de
forêt fermée et de forêt ouverte et le
remplacement d'une lande herbacée par une lande ligneuse
pouvant être causé par la succession végétale.
- Une coupe rase au sein d'un peuplement.
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