Avec la géomatique, le temps peut sortir du paradigme
de la cartographie figée, et se diriger vers une intégration plus
générale du temps comme une représentation davantage
fidèle à la réalité, ouvrant des voies nouvelles
à l'analyse géographique. Un consensus se dégage des
travaux sur ce sujet : la question du temps dans les SIG est encore un sujet de
recherche d'actualité. En effet, la plupart des SIG sont actuellement
limités par rapport à cette problématique récente
et peu de bases fonctionnelles existent. Malgré de nombreux
modèles de bases de données spatio-temporelles, la gestion du
temps demeure souvent rudimentaire dans les SGBD relationnels (Peuquet, 2002,
pp. 304-308).
21 Source :
https://www.google.fr/publicdata/directory.
Consulté le 28/04/2013.
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La question de la représentation de l'espace et du
temps dans un système informatique est donc loin d'être
parfaitement résolue. Malgré leurs capacités, les SIG
peinent à prendre en compte la dimension temporelle (Andrault, 1997 ;
Peuquet, 2000 ; Bordin, 2002 ; Médici et al., 2011). Trois
facteurs expliquent cela.
Premièrement, les SIG restent encore majoritairement
tributaires du temps géographique et de la cartographie traditionnelle
(Peuquet, 2000 et 2002). Ils ont été pour la plupart d'abord
conçu comme des outils remplaçant la carte papier, et/ou
facilitant son édition. Les SIG ne pouvaient représenter le temps
qu'indirectement, comme une succession de fichiers séparés.
Deuxièmement, le temps fut peut être pendant une
assez longue période une dimension négligée des
donnée. Face au développement rapide des SIG dans les
années 90, l'acquisition de nouvelles données et l'adaptation des
données existantes furent longtemps la priorité des principaux
utilisateurs des SIG en termes de questionnement et de stockage. Il a fallu
attendre la constitution des bases initiales pour que la question du temps en
géomatique apparaisse à travers celle de la mise à jour
des données. L'objectif fut d'abord que les données continuent
à être représentatives de la réalité et afin
de garantir la continuité du fonctionnement du SIG.L'intégration
du temps au moment de la mise à jour fut ensuite
déterminée par les capacités des machines à stocker
de l'information supplémentaire, en conservant des états
passés des données (Peuquet, 2002, pp. 304-308).
Troisièmement, une fois pris en compte, le temps a
répondu à des besoins techniques plus que d'analyse
thématique. Il fallait ainsi d'abord résoudre la question de la
maintenance et de la « fraicheur » des données assurant la
pérennité des investissements dans le SIG. Avec les besoins
d'analyse des phénomènes et de suivi des changements au cours du
temps, l'intégration du temps dans les SIG revêt un aspect
supplémentaire. Il implique de devoir « résoudre [...] les
problèmes de gestion des informations de mise à jour, non
seulement dans leur prise en compte et leur intégration, mais aussi
comme source d'information temporelle », il s'agit non seulement de
disposer d'une information « à jour » mais aussi « au
jour » (Bordin, 2002).
Aujourd'hui, l'intégration du temps dans les SIG est
une capacité en voie de développement22. Ce
développement avance à mesure que les SIG s'éloignent du
modèle cartographique traditionnel, ayant comme finalité une
représentation n'incluant que partiellement le temps, et se rapprochent
des modèles de base de données. Ce type de modèle est
censé permettre une représentation aussi fidèle que
possible de l'information servant à la résolution de
problèmes. Ils incluent le temps et reposent sur l'utilisation optimale
de l'outil informatique (Peuquet, 2000). Une minorité de SIG ont ainsi
été créés pour remplacer des tableaux de listes
d'informations liées à des cartes. Dans ces listes, le temps
était couramment inclus. La tendance actuelle se dirige vers
l'intégration du modèle cartographique et de base de
données afin d'intégrer explicitement le temps aux données
géographiques (Heres, 2000).
La question du temps en géomatique a
émergé à partir des années 80 avec la
création de nombreux modèle spatio-temporel de base de
données. Les travaux de Gail Langran (Langran et al. 1988 ;
Langran, 1992) sur le sujet constituent la première oeuvre
théorique de référence en la matière (Peuquet,
2002, pp. 304-308).
22 Source :
http://support.esri.com/en/knowledgebase/GISDictionary/term/temporal%20GIS.
Consulté le 28/04/2013.
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Les premiers travaux de modélisation ont cherché
à améliorer les bases de données relationnelles pour
incorporer le temps (Hazelton, 1991 ; Kelmelis, 1991 ; Langran, 1992) puis
l'attention s'est portée sur la technologie orientée objet
(Wachovicz, 1999)
Le temps dans les SIG est donc une question encore
récente, faisant face à de nombreux défis techniques.
L'implémentation du temps, sa complexité et ses capacités,
varient selon la modélisation (Bordin, 2002) que nous allons approfondir
dans les parties suivantes.