![](Recherche-d-un-processus-d-historisation-de-base-de-donnees-d-occupation-des-sols-applique-au-ref17.png)
Figure 13 : Définition du temps selon deux axes
: absolu/relatif et discret/continu (Source : Peuquet, 2000).
La Figure 12 reprend les aspects multiples du temps selon
deux axes, absolu/relatif et continu/discret, en proposant une
délimitation volontairement floue, car sujette à
l'interprétation, de quelque exemples. Le temps de l'analyse
géographique est à la croisée des aspects
complémentaires du temps représenté par cette figure
(Isnard, 1985). Il existe en effet à la fois une géographie
physique, proche des sciences naturelles, de l'observation de l'espace physique
et de l'étude des lois naturelles, et une géographie humaine,
appartenant aux sciences sociales, de l'étude des perceptions et des
transformations de l'environnement, soit une géographie plutôt
quantitative et une géographie plutôt qualitative.
Le temps est un concept fondamental pour l'analyse
géographique. Les changements dans le temps et dans l'espace composent
tout processus géographique (Peuquet, 2000). Paradoxalement, pourtant,
la géographie s'est détachée du temps pour se concentrer
sur l'étude de l'espace, et se différencier ainsi d'autres
disciplines, comme l'histoire et la sociologie (Ellisalde, 2008 ; Ott et
Swiaczny, 2001, p. 3).
L'exemple classique des nombreuses études diachroniques
nécessite d'apporter une nuance à l'affirmation
précédente. Le temps n'est pas absent de la géographie.
Mais le temps en géographie s'identifie souvent au temps d'une
cartographie papier, c'est-à-dire à une représentation de
l'espace figé à un moment. Le passage du temps et les analyses
qui en découlent sont déduits par comparaison entre plusieurs
cartes d'un même espace à différentes époques. C'est
cette vision du temps qui prédomine encore actuellement en
géographie (Kraak, 2000 ; Bordin, 2002).
Toutefois, des travaux sur l'introduction du temps comme
sujet d'étude en géographie et des représentations plus
dynamiques de l'espace sont à noter. La carte de Minard sur la campagne
napoléonienne de Russie (Figure 14) est un exemple célèbre
de la représentation du temps dans une carte. La qualité de cette
carte, que Minard appelait lui-même plutôt une « carte
figurative », tient au fait qu'elle ne respecte pas les codes de la
cartographie usuelle. Elle fait correspondre un déplacement dans
l'espace et un déplacement dans le temps à l'aide de
l'épaisseur du trait symbolisant le nombre de soldats qui diminue au fur
et à mesure des pertes (Peuquet, 2002 p. 157).
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Figure 14 : « Carte figurative des pertes
successives en hommes de l'armée française dans la campagne de
Russie 18121813 », Minard19.
Le géographe suédois Torsten Hägerstrand
est sans aucun doute parmi les principaux contributeurs dans l'étude du
temps en géographie (Langran, 1992 p. 15). La théorie de la
diffusion (Hägerstrand, 1952) et la géographie temporelle
(Hägerstrand, 1970), ou time geography, de Hägerstrand sont
fondés sur l'étude de parcours individuels et sur leurs
interactions dans l'espace au cours du temps. Ces théories ont
été appliquées à de nombreux sujets, de
l'étude de la diffusion de l'innovation en agriculture, à la
diffusion de l'instabilité politique, d'une épidémie, etc.
(Peuquet, 2000). La géographie temporelle est particulièrement
connue pour ses diagrammes spatio-temporels. La Figure 15 en est un exemple
dans le cadre des travaux de la géographe féministe Mei-Po Kwan
sur les femmes afro-américaines à Portland dans les années
1990. Cette étude a permis de montrer que ce groupe de population avait
une utilisation plus restreinte de l'espace dans ses déplacements
quotidiens.
![](Recherche-d-un-processus-d-historisation-de-base-de-donnees-d-occupation-des-sols-applique-au-ref19.png)
Figure 15 : Parcours spatio-temporels de femmes
afro-américaines à Portland en
1994-199520.
Ce type de diagramme reprend le concept de Minkowski d'un
cube spatio-temporel en remplaçant la troisième dimension «
z » par « t ». Il est ainsi possible de visualiser en
perspective des déplacements individuels dans le temps symbolisé
par chaque tracé, en violet dans cet exemple. D'autres
représentations cartographiques du temps sont possibles.
19 Source :
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Minard.png.
Consulté le 28/04/2013.
20 Source :
http://meipokwan.org/Gallery/STPaths.htm.
Consulté le 28/04/2013.
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Il est également possible de représenter le
temps dans une carte par anamorphose, comme les temps de transports par
exemple. Enfin, les cartes animées constituent l'innovation la plus
récente dans ce domaine. Elles reposent sur l'utilisation d'un lecteur
multimédia affichant une succession de données en fonction du
temps (Figure 16) (Kraak, 2000).
![](Recherche-d-un-processus-d-historisation-de-base-de-donnees-d-occupation-des-sols-applique-au-ref20.png)
Figure 16 : Carte animée de la population
mondiale de 1960 à 201121.
Bien que la théorie de la géographie temporelle
fût accueillie avec enthousiasme au moment de sa parution dans les
années 70, elle est tombée en désuétude par manque
de données temporelles exploitables aisément. De même, la
cartographie s'est penchée sérieusement sur le sujet de la
visualisation du temps depuis les années 60, sans pour autant trouver
d'application faute de support technique suffisant (Kraak, 2000).
Depuis le développement des technologies de
l'information et de la communication, les données sont présentes
et de nouveaux moyens permettent le développement de cartes dynamiques.
La question du temps est devenue un enjeu sérieux. La
représentation du temps en géographie a ainsi pendant longtemps
été limitée par le medium cartographique statique par
nature. La problématique est désormais de représenter
correctement ces données dans les bases de données afin de
pouvoir mettre en évidence facilement les évolutions spatiales et
temporelles (Peuquet, 2000, p. 10). Il s'agit donc de définir le temps
dans un SIG.