MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS BURKINA FASO
SECONDAIRE ET SUPERIEUR
UNITE- PROGRES- JUSTICE
SECRETARIAT GENERAL
UNIVERSITE DE KOUDOUGOU
UNITE DE FORMATION ET
DE RECHERCHE EN LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE
NIVEAU D'ETUDE : Maîtrise
Mémoire de fin de deuxième cycle en
Psychologie de l'éducation
a LA GESTION DES INTERACTIONS DANS LE TRAVAIL DE
GROUPE ET LA REUSSITE DES APPRENTISSAGES SCOLAIRES
Présenté et soutenu par : Sous la
direction de : Dr François SAWADOGO
Stéphane BALO Maître-assistant en
psychologie cognitive à l'Université
M le : 0843-0005 de Koudougou
Co-dirigé par: M. Anastase S. SOME,
Chef de département des Sciences de
l'Education
Année académique : 2013-2014
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INTRODUCTION
Situé au coeur de l'Afrique occidentale, le Burkina
Faso est un pays en voie de développement. Il est pauvre en ressources
naturelles mais s'investit tant bien que mal dans des domaines porteurs afin de
répondre aux multiples besoins vitaux de la population. C'est dans ce
sens que l'éducation de base est de plus en plus source de plusieurs
réformes à la recherche de la meilleure formule
d'éducation et d'instruction au bénéfice de toute la
société. A travers l'école, il recherche la formation
complète de ses futurs bâtisseurs. C'est un cadre formel
d'apprentissage mais aussi un lieu de brassage des valeurs culturelles. En plus
d'assurer la pérennité des valeurs culturelles de la
société, elle véhicule les idéaux
prônés par l'Etat. Et comme le disait J.J ROUSSEAU dans Emile
ou de l'éducation (1762 : 36) : « on façonne les
plantes par la culture, et les hommes par l'éducation ». Pour
cette importance de l'école, les autorités éducatives
multiplient la construction et l'ouverture des structures éducatives sur
toute l'étendue du territoire. Elles ont confié la charge de
l'éducation des jeunes générations à des
enseignants à travers leurs encadreurs pédagogiques et les
structures décentralisées et/ou déconcentrées.
Elles attendent d'eux des résultats positifs. Les parents
d'élèves sont aussi impliqués dans cette réussite
scolaire de leurs enfants.
Selon P. BOURDIEU et J-C PASSERON (1970), cette
réussite est fonction de l'origine sociale de l'élève.
Pour eux, l'école reproduit les inégalités sociales. C'est
dire que la réussite de l'oeuvre éducative ne dépend pas
que du dévouement de l'élève ou de son maître. Les
conditions pour assurer de longues études sont fonction des moyens
financiers des parents. Les frais de scolarité, le coût des
documents à acheter, sont énormes pour des parents à
revenus moyens. Ce qui nous amène à reconnaître avec ces
auteurs que les études sont plus adaptées à
l'élève issu de famille nantie que celui venant d'une famille
modeste.
Pour cela, le Burkina Faso, à travers le Plan
Décennal de Développement de l'Education de Base (PDDEB,
1999), a consenti beaucoup d'efforts pour la scolarisation de plusieurs
milliers d'élèves par la construction de plusieurs salles de
classes, la formation des encadreurs et des enseignants sur toute
l'étendue du territoire national. Mais force est de constater que toutes
ces réalisations n'ont pas répondu aux besoins en scolarisation
qui grandissent d'année en année et à la qualité de
l'enseignement qui doit chaque fois se réadapter à
l'évolution du temps et des connaissances scientifiques. Malgré
ces efforts en matière d'infrastructures, des classes sous paillote
existent. Plus de trois mille classes du
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primaire sont sous paillotte pour cette année scolaire
2012-2013. Selon le Directeur Régional de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation (DREBA) de la Boucle du MOUHOUN, sa région
compte pour l'année scolaire 2012-2013, plus de cinq cents (500) classes
sous paillote. Il existe des classes de plus de cent vingt (120)
élèves assis à cinq sur des tables bancs conçus
pour trois ! Avec ces conditions de travail, que faut-il attendre des
résultats scolaires ? Le Plan de Développement
Stratégique de l'Education de Base (PDSEB, 2012) a pris la
relève du PDDEB en août 2012. Il poursuit un développement
holistique de l'éducation. Pourra-t-il corriger les imperfections du
PDDEB ? Les autorités du ministère multiplient les actions dans
ce sens.
Malgré ces efforts déployés chaque
année, les résultats ne sont toujours pas satisfaisants. Ils
s'expriment par des taux d'abandons, d'exclusion, d'achèvement et de
promotion très bas. En témoignent les résultats scolaires
aux différents examens de 2012 : Certificat d'Etudes Primaires (CEP)
65,16 %, Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC) 52,16% et 37,11% au
Baccalauréat (BAC). En chiffres par exemple, au CEP de la session de
2012, trois cents vingt-six mille trois cents deux (326302)
élèves se sont présentés à l'examen et
seulement cent quatre-vingt-neuf mille trois cents vingt-deux (189322) dont 89
430 filles et 99 892 garçons ont réussi à obtenir leur
diplôme. Qu'est-ce qui justifie l'échec des cent trente-six mille
neuf cent quatre-vingt (136980) élèves ? Il marque l'existence
d'un mal qui mine le système éducatif burkinabè. Tous les
acteurs sont donc interpellés. L'instituteur, en particulier, doit
revoir sa manière d'enseigner afin de minimiser les échecs
scolaires.
La classe est un lieu où les relations se
développent entre l'enseignant et ses élèves comme entre
les élèves eux-mêmes. L'acte pédagogique se nourrit
donc de plusieurs facteurs. Trois modèles d'apprentissage sont au
service de l'enseignant dans sa pratique en classe : l'individualisme, la
compétition et la coopération. A la recherche d'une gestion
harmonieuse et fructueuse de sa classe, le maître se doit d'adopter le
modèle d'apprentissage approprié afin de réussir sa
mission : celle d'instruire et d'éduquer ses élèves.
C'est sous cet angle que J-B. NDAGIJIMANA (2008), dans son
mémoire de DEA, affirmait que « Certains enseignants ignorent
l'aspect de motivation pendant l'acte pédagogique, ils n'y pensent
même pas. La question qu'ils se posent souvent est " pourquoi
nos élèves ne réussissent pas ?" Leur réponse est
rapide : "ils sont faibles, sans niveau"». C'est dire à quel
point l'enseignant pose mal le problème. Son diagnostic est rapide et
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unilatéral. Cependant, il peut lui-même, de par
sa pratique, être le responsable de l'échec des
élèves.
Dans notre étude dont le thème est « La
gestion des interactions dans le travail de groupe et la réussite des
apprentissages scolaires», nous allons identifier les techniques
appropriées pour l'enseignement coopératif puis les analyser. Ce
qui permettra aux enseignants de conduire au mieux les classes à large
effectif et produire de meilleurs rendements scolaires.
Dans une première partie, nous présenterons les
aspects théoriques et conceptuels, ensuite nous aborderons ceux
pratiques dans la deuxième partie.
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PREMIERE PARTIE :
ASPECTS THEORIQUES ET
CONCEPTUELS
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