I.2.3. Ambiguïté et chevauchement des
compétences
Capitale régionale et départementale, la ville
de Bamenda est divisée en trois arrondissements qui s'étendent
sur sept villages (Bamendakwè, Mankon, Nsongwa, Chomba, Mbatu, Nkwen et
Ndzah). Ainsi, des autorités de plusieurs ordres interagissent dans
l'aménagement de cette ville. S'il est vrai que l'objectif de toutes les
parties prenantes est bien entendu le bien-être des populations de la
ville, les méthodes préconisées peuvent être
différentes. C'est ainsi qu'il n'est pas rare d'assister à
d'interminables querelles. La ville de Bamenda est un des piliers du
multipartisme au Cameroun car ayant abrité les travaux qui ont
été à l'origine des deux principaux partis politiques du
Cameroun ; le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais
(RDPC) et le Social Democratic Front (SDF). Ainsi, la ville de Bamenda
a gardé cette pluralité politique. Au niveau de la
communauté urbaine, tandis que le délégué du
gouvernement est du RDPC tous les 18 grands conseillers y compris les maires
des trois communes urbaines d'arrondissements sont du SDF. Cette cohabitation
est d'autant difficile que les philosophies des deux partis politiques sont
contraires. Sur le terrain, cette situation se matérialise par la
contestation sans cesse des autorités administratives par les maires. Le
blocage des initiatives des maires par les sous-préfets. Cet état
des choses est aggravé par le manque de précision de la Loi
n°87/015 du 15 juillet 1987 portant création des Communautés
Urbaines. Par exemple, cette loi attribuée des compétences en
matière de gestion de l'environnement tant à la Communauté
Urbaine qu'aux Communes Urbaines d'Arrondissement sans spécifier les
domaines d'intervention, ni les échelles, encore moins les
possibilités de relais de compétence entre ces institutions. En
outre, elle n'associe pas équitablement les financements et les missions
attribuées. Cette confusion rend inefficace toute initiative de
planification dans la ville et toute synergie des différentes parties
prenantes devient impossible. Au sujet de l'extension anarchique de la ville de
Bamenda, le délégué régional du
développement urbain et de l'habitat Monsieur Emmanuel Asongued
pointe un doigt accusateur sur les conseils municipaux des CUA qui dit-il
soutiennent les populations des zones à risques parce qu'ils
constitueraient un important électorat pendant les différentes
consultations politiques. Le délégué régional
déplore aussi le manque de soutien des maires dans les actes de
représailles visant à restaurer l'ordre. D'après les
maires, le gouvernement fait une « victimisation » des
populations menacées de déguerpissement.
La situation d'ambiguïté de compétence est
aussi illustrée par la situation de la ville en 2007. Alors que
l'aménagement de la ville était encore officiellement
coordonné sous la base du SDAU de 1983, la commune urbaine de Bamenda
III a préparé son propre document stratégique pour son
développement propre et la ville tout entière a aussi connu une
autre étude le « SMAUL » dans le cadre du PACDDU.
Tous ces documents brillaient par leurs contradictions et le non-respect des
lois en vigueur au plan national et local. Face à cette situation l'on
se demande ce qui se passerait si toutes les forces vives de la ville
étaient invitées à gérer une crise grave.
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