IV.2. L'acceptation et l'accoutumance au risque
Nelkin D., 1989 et Ogden J., 1995 pensent que le risque ne
peut pas être traité en dehors du cadre social et culturel dans
lequel les gens exposés évoluent. Ces auteurs démontrent
ainsi l'impact des prédispositions mentales telles que l'acceptation et
l'accoutumance au risque. Dans la ville de Bamenda, les populations vivant dans
les zones dangereuses présentent une certaine docilité aux
risques auxquels elles sont exposées. En effet, au quartier Sisia
surtout dans les secteurs situés en pentes abruptes comme à
Abangoh ou à New layout ou même à Mulang, les populations
ont été suffisamment averties par rapport à la
dangerosité de leur environnement par des communiqués rendus
public par des affichages ou relayés par les radios locales. En outre,
la communauté urbaine a déclaré ces zones non
aedificandi. C'est ainsi qu'on assiste à une importante
spéculation foncière. Le terrain étant trafiqué au
même titre que les substances prohibées à l'instar de la
drogue. C'est ainsi que des parcelles sont cédées à des
prix dérisoires. Un chef de famille habitant le flanc de l'escarpement a
déclaré avoir acheté son terrain à
80 000Fcfa : une parcelle de près de 100m² soit 300
à 400 fois moins couteux que les terrains loti dans les quartiers
à la périphérie de la ville. Cet état des choses
entraine une grande précarité. Ainsi, lorsqu'il y a une
inondation ou une coulée boueuse ou même une chute de pierre, ces
populations « supportent » ce qui les arrive. Car elles
reconnaissent leur responsabilité. Cette situation est aussi
illustrée par le fait que ces populations lorsqu'elles font face
à un problème, s'abstiennent de signaler aux autorités ou
même de demander de l'aide. Elles assument ce qui est le signe d'une
acceptation totale du risque encouru. Toutefois, il convient de remarquer que
cette acceptation concerne beaucoup plus les pertes matérielles (maisons
détruites, plantations dévastées et autres biens
endommagés). Lorsque l'aléa porte atteinte à la vie, les
populations ont du mal à accepter des malheurs de cette gravité.
C'est ainsi que par endroit surtout dans les zones inondables, plusieurs
maisons sont aujourd'hui abandonnées. Le degré d'exposition de la
parcelle ayant été mal apprécié lors de la
construction.
V. SYNTHESE
CARTOGRAPHIQUE DE LA VULNERABILITE AUX RISQUES NATURELS DANS LA VILLE DE
BAMENDA
La prise en compte des différents facteurs de
vulnérabilité (géographique, économique,
sociodémographique, conjoncturel, fonctionnel et socioculturel) permet
de représenter sur une carte (figure 26) l'exposition et la
sensibilité des populations de la ville de Bamenda aux risques naturels.
Ainsi, dans les secteurs de la ville les plus vulnérables, on
observe :
- L'enclavement à cause du manque de routes
carrossables ;
- Les fortes densités de populations vivant dans la
précarité ;
- Des constructions inappropriées au milieu ;
- Le non-respect des règles d'urbanisation ;
- Une mauvaise perception du risque encouru ;
- Le manque de services de secours.
Figure 26 :
Synthèse cartographique de la vulnérabilité aux risques
naturels dans la ville de Bamenda
La lecture de cette carte laisse voir des zones
escarpées construits et les marécages mal mis en valeur comme les
espaces les plus vulnérables aux risques naturels. Les marécages
(zones rouges) fortement susceptibles au risque d'inondation occupent une
surface de 417 ha au nord de la ville de Bamenda. Cet espace est bâti
à près de 25% soit 104 ha reparti dans les quartiers Lower
Ngomgham, Mulang et Below foncha. Dans ces zones à risque, la
densité de la population est moyenne (près de 400
habitants/km²). En outre, d'autres secteurs de la ville (zone orange et
zones vertes ; voir figure 14) sont aussi vulnérables aux
inondations à causes du déficit technologique dans les
aménagements. La zone escarpée (pente > 15°) occupe 194
ha au total. Au pied de l'escarpement, les quartiers Sisia, New layout,
Ntenefor II, Ntaghang et Abangoh s'étendent depuis le début de
la dernière décennie sur la pente inconstructible fortement
vulnérable aux mouvements de masse. En amont, on observe
également plusieurs constructions à risque perchées
au-dessus de l'escarpement. Dans le quartier résidentiel de Up
station (GRA) certaines villas comme l'ex résidence du gouverneur
ont déjà été affectées par des glissements
de terrain.
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