IV. LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS
Les facteurs socioculturels renvoient à l'ensemble des
représentations mentales que les populations se font des risques
auxquels elles sont exposées. Laganier R. (2006), conçoit la
représentation mentale comme étant « Le processus et le
produit d'une activité mentale par laquelle l'individu ou le groupe
reconstruit le réel auquel il est confronté et lui attribue un
sens, en fonction de ce qu'il sait et de ce qu'il croit, de son
expérience ou de son vécu et de tout un système de valeur
qui lui est propre. Ce n'est pas à la réalité objective
que réagit le sujet, mais à une réalité construite,
reconstruite et interprétée». Pour apprécier les
représentations que les populations se font des risques à
Bamenda, il est proposé ci-bas une évaluation de la perception,
de l'acceptation et de l'accoutumance des populations aux risques encourus.
IV.1. La mauvaise perception du risque encouru
Pour apprécier la perception du risque encouru par les
populations de la ville de Bamenda, il a été mené une
enquête par questionnaire dans les principaux quartiers les plus
vulnérables notamment New layout, Sisia, Abangoh et Mulang. Dans ces
quartiers, les populations sont au courant des risques auxquels elles sont
exposées notamment les inondations et les mouvements de masse. Le
questionnaire a aussi permis de relever l'avis des populations sur les causes
des phénomènes dommageables auxquels elles sont
exposées.
Figure 25: Causes des risques naturels dans
la ville de Bamenda d'après les populations enquêtées
(Source : Enquêtes de terrain)
Il ressort de cette distribution qu'une importante frange de
la population des zones à risque perçoit mal les causes des
risques naturels auxquels elle est exposée. En effet, 31.97% de la
population interrogée pense que les risques naturels qui se posent dans
leur environnement sont dus à la colère des dieux ou à la
sorcellerie. Cette croyance est celle des populations adeptes des croyances
philosophiques locales, et une partie des chrétiens pense que ces
risques seraient les signes avant-coureurs de la fin des temps.
Interrogé sur la question, un pasteur d'une Eglise
réveillée très populaire dans la ville nous a
confié que les indices de la fin des temps sont perceptibles dans tout
le monde comme à Haïti. La ville de Bamenda n'est pas en reste. Les
inondations rappellent que la bible reste d'actualité notamment
l'apocalypse de saint Jean. Les populations autochtones attachées aux
croyances locales relèvent le fait que les dieux de la ville seraient
contrariés à cause des abus de l'homme sur l'environnement. Les
espaces verts qui servaient d'abris aux divinités ont été
pour la plupart complètement rasés. Certaines personnes vivant
aux abords des cours d'eau disent avoir vu le débit du cours d'eau
augmenter alors qu'il n'y a pas de pluie ce qui est une preuve palpable de
l'intervention des dieux qui réclament leur espace. Il convient de
remarquer que la franche qui attribuent la cause des risques naturels aux
précipitations ne dispose d'aucun outil leur permettant de se mettre
à l'abri. Comme dans l'ensemble du pays les stations
météorologiques sont désuètes et se limitent au
mieux à faire de simples relevés pendant les pluies et ne sont
pas en mesure d'apprécier la quantité d'eau contenue dans un
nuage ; afin de prédire les pluies diluviennes.
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