II. LES FACTEURS SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES
Les modes d'occupation de sols ainsi que la
ségrégation sociale en milieu urbain trouvent leurs explications
au moins en partie dans les facteurs sociodémographiques et
économiques qui caractérisent la population de la ville.
L'analyse des facteurs sociodémographiques vise à ressortir dans
la structure de la population (stratification sociale), sa composition (ethnie
et régions d'origines) et les types d'activités
économiques qui concourent à accentuer la
vulnérabilité.
II.1. Une croissance démographique très
forte
L'accroissement démographique de la ville de Bamenda
est calqué sur le contexte général de l'ensemble du
Cameroun. En effet, la précarité et le manque d'emplois dans les
campagnes conduisent à un solde migratoire excédentaire pour les
villes. La population de Bamenda est passée de 18 489 en 1934
à 137 691 en 1990 pour atteindre 322 889 en 2005. En
2012, la population de la ville de Bamenda a été estimée
par la division régionale de l'Institut Nationale de la Statistique
(INS) du Nord-Ouest à 496 931 habitants soit un taux de croissance
de 4.9% par an. La figure 24 retrace l'évolution de la population de
Bamenda depuis 1934.
Figure 24 : Evolution de la population de
1934 à 2012 (Source: Master plan of Bamenda city
2011-2022)
La croissance rapide de la population de la ville de Bamenda
relève de plusieurs facteurs. Acho Chi (1998) explique la
première poussée démographique de la ville (entre 1965 et
1970) par les turbulences politiques qui avaient cours au Nigéria voisin
en cette période qui ont causé d'importantes migrations des
Ibos vers cette ville qui présentait une stabilité
politique. Cet auteur relève aussi que pendant cette même
période, le Cameroun oriental faisait face à d'importantes
agitations post indépendance ; ce qui avait causé un exode
massif des populations bamilékés vers Bamenda. Nkwemoh (1999)
remarque que lorsqu'on observe la distribution de la population qui arrive dans
la ville de Bamenda, il en ressort que la majorité des nouveaux
arrivants se concentrent dans dans le noyau urbain ; ce qui conduit
à une augmentation des densités dans les quartiers centraux pas
toujours très adapté aux fortes densités.
L'accroissement rapide de la population surtout dans le
contexte des pays en développement est un facteur aggravant de la
vulnérabilité. L'incapacité de l'Etat à pouvoir les
infractructures nécessaires à l'épanouissement des
populations est à l'origine de nombreux problèmes. Le cas du
manque de logements conduit les populations à la débrouilladise
c'est-à-dire à la recherche de solutions qui sont
généralement inapropriées et très perilleuses
à long terme. D'Ercole et al. (2009) relévent qu'une des
principales causes de la vulnérabilté des agglomérations
urbaines des pays du sud est l'inadéquation entre la croissance
démographique trop forte et la faible capacité des Etats à
satisfaire les besoins des populations.
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