5 Piste généraliste : la communication
Comme nous l'avons vu dès le départ de ce travail,
la violence se définit comme un moyen de communication. Pas n'importe
quel moyen de communication, un moyen ultime. Cela revient à dire que
l'on va avoir recours à ce moyen quand les autres auront
échoués ou s'ils n'existent pas, s'ils n'ont pas
été appris. En améliorant l'efficacité des autres
moyens de communication, on finit inévitablement par réduire le
recours à la violence. Traube (2002) explique clairement que là
où la communication passe bien, surtout la communication positive, la
violence n'est presque pas utilisée.
Interventions pratiques : revue de la littérature
Il existe de nombreuses méthodes pour améliorer la
communication en général. Cela peut passer de l'apprentissage de
la langue (vocabulaire), de la communication non-verbale à la
verbalisation des émotions, mais cela inclus aussi d'autres formes
d'expression comme l'art au sens large. Nous allons en citer quelques-unes.
Le concept de verbalisation a déjà
été abordé dans plusieurs chapitres de ce travail. Savoir
exprimer sa colère ou sa révolte par les mots permet souvent
d'éviter le recours à la violence.
L'écoute active, comme méthode de
réception et de prise en compte de l'autre, a aussi été
abordée. Elle permet d'apaiser et de reconnaitre l'autre tout en lui
offrant la possibilité de réfléchir plus sereinement
à ses difficultés.
La communication non violente (CNV),
méthode de communication théorisée par Rosenberg (1999)
est basée sur les besoins des individus et sur une expression qui scinde
bien les faits, des ressentis et des demandes. C'est une méthode
efficace pour arriver à communiquer clairement, mais elle est un peu
complexe pour le public visé et surtout, elle est trop aux antipodes des
habitudes de communication de ceux-ci. Avec les participants, nous
considérons que c'est déjà un grand succès si nous
arrivons à les faire parler en "je".
Les différentes méthodes de gestion de
conflit abordées par Traube (2002) sont avant tout
basées sur le dialogue. Il est donc indispensable de pouvoir se parler
pour réussir à résoudre efficacement le conflit.
L'intervention d'un tiers qui permet à la parole de circuler sans heurts
s'avère être souvent utilisée.
Sur le terrain : observations et interventions
personnelles
Une faille ? Un des défauts du projet
Kick Off est peut-être de ne pas avoir misé suffisamment sur le
développement des capacités de communication. Plusieurs
participants (mais aucun des sujets étudiés) nous en ont fait la
demande.
J'ignore s'il s'agit de quelque chose de positif ou de
négatif, mais les trois travailleurs de terrains de l'équipe
adaptent et simplifient leur vocabulaire pour réussir à
communiquer plus efficacement avec les participants (cf. chapitre 3.4).Nous
observons parfois avec une certaine tristesse des intervenants
extérieurs utiliser un langage trop théorique. Les participants
démontrent, sur le moment, un certain respect pour l'intervenant, mais
nous confient par la suite ne rien avoir intégré du contenu de
l'intervention. Je vais proposer à l'équipe de pouvoir
réfléchir à une manière de les aider à
développer leurs aptitudes de communication.
Un de mes défauts personnels est de ne pas être
très sociable (un comble pour un travailleur social). Quand j'observe
mes deux collègues de terrain, je leur envie leur facilité
à discuter et à obtenir, dans des discussions informelles, une
grande quantité d'information de la part des participants. J'aimerais
trouver un moyen d'améliorer cet aspect, car j'ai jusqu'ici eu des
difficultés relationnelles avec les participants chez qui la
communication verbale était réduite (sujets 3 et 5). Je vois ces
mêmes difficultés poindre avec certains participants de la session
3 et j'espère cette fois pouvoir prévenir ce problème.
Mais des actions Nous intervenons cependant de
différentes manières :
Intervention d'un tiers : en cas de conflit
interpersonnel, nous servons de tiers pour aider à résoudre la
difficulté.
Conseil : le conseil est un excellent moyen
qui permet aux participants de développer toutes sorte des
capacités de communication : parler en "je", ne pas juger, savoir
écouter, savoir attendre avant de parler, chercher une solution
ensemble... (cf. chapitres 3.6 et 3.7)
Écoute active : nous prenons, comme
je l'ai expliqué plus tôt (cf. chapitre 3.4), le temps
nécessaire pour écouter leurs difficultés et leurs
problèmes.
Verbalisation : nous les aidons (cf.
chapitre 3.4 et 4.2), à verbaliser leurs émotions, leurs
désirs et leurs sentiments.
Félicitations :Traube (2002)
considère que les milieux où les éléments de
communication positive (comme les félicitations ou les marques de
sympathie) circulent bien sont les milieux avec le moins de violence. Comme
expliqué au chapitre 4.4, nous avons le plus souvent possible recours
aux retours positifs que ce soit individuellement ou collectivement.
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