4.4
Résultante stratégique
Après avoir vu les résultantes qui augmentaient la
probabilité de réapparition des comportements violents, observons
ce qu'il se passe quand, pour plusieurs raisons, le sujet décide
consciemment ou inconsciemment que la violence est une mauvaise
stratégie. Il aura la possibilité de refouler ou de
dériver sa violence, mais ce sont là des stratégies
intrapsychiques. S'il a une difficulté pratique, elle ne disparaitra pas
s'il gère mieux ses émotions. Il aura par contre de meilleures
chances de la résoudre adéquatement, notamment en
réfléchissant à une solution alternative à
l'agressivité. Il n'a pas vraiment d'autre choix que d'augmenter ses
moyens de résolution de problèmes. On ne peut pas dire que ce
sont deux phases distinctes l'une de l'autre : d'abord le refus de la
violence (par des expériences malheureuses) et puis l'utilisation
d'autres stratégies. Les deux phases se déroulent en même
temps et dépendent beaucoup des résultantes
évènementielles et intrapsychiques.
Résolution Le professeur Born (1996 in
Vanaubel 2010) a mis en avant, dans une série de recherches, la
difficulté à résoudre des problèmes de la
vie quotidienne chez les jeunes ayant des conduites agressives. La
personne n'étant pas très douée pour résoudre ses
problèmes tentera d'utiliser la violence en tant que stratégie
efficace de résolution. Ces jeunes présenteraient des
déficits au niveau des processus cognitifs, de la verbalisation, un
traitement particulier des informations, une incapacité à
différer la satisfaction et à mettre un moment de
réflexion avant de réagir ainsi qu'une impulsivité trop
importante.
Interventions pratiques : revue de la littérature
C'est sur base de ce constat que plusieurs chercheurs ont
développé des programmes de résolution de
problèmes (Massé & al. 2006 ; D'Zurilla et
Goldfried, 1971 in Leport-Froment 1996) relativement similaires les unes des
autres.
D'Zurilla et Goldfried proposent 5 étapes
· S'arrêter pour penser (cf. Chapitre 3.4)
· Définir le problème
· Produire des alternatives
· Prendre une décision
· Évaluer les résultats de cette
décision
Massé (2006) y ajoute une étape entre la production
d'alternatives et la prise de décision : l'évaluation de ces
alternatives.
Les deux s'accordent pour dire qu'il est plus adéquat
d'améliorer la recherche stratégique plutôt que d'offrir
une série de solutions qui, de toute façon, ne peuvent s'accorder
à toutes les situations.
Sur le terrain : observations et interventions
personnelles
D'abord, y croire Il nous a semblé
indispensable avec notre public d'ajouter à la résolution de
problèmes la confiance en ses propres capacités
(Bandura, 1977 in Vanaubel, 2013) à résoudre des
situations complexes. Nous utilisons pour cela la pédagogie de la
réussite et une directivité très limitée. Par les
chantiers et les autres activités, les participants acquièrent
rapidement des techniques ou des outils qu'ils ne connaissaient pas. Avec la
vie en groupe et les différentes difficultés qu'ils surmontent,
ils acquièrent des compétences relationnelles. Avec les contrats
d'évolutions réalisés chaque mois ainsi que les remarques
que nous leur faisons et leurs propres constats, ils se rendent compte de leurs
réussites. Peu à peu, ils développent leur confiance en
eux et en leur capacité à résoudre des situations
complexes. Des 3 sujets qui ont fait leur auto-évaluation
(évaluation qui n'était pas en place en session 1 (sujet 5 et 6)
et que les sujets 3 et 4 partis avant la fin de la session n'ont pu faire),
tous ont considéré avoir amélioré leur confiance en
eux.
Ensuite, agir Même si cela ne fait pas l'objet
d'activités spécifiques, nous pratiquons une
résolution de problèmes similaire à celle
de Born et Chevalier (in Lepot-Froment, 1996). Celle-ci est utilisée
quand cela s'avère nécessaire, c'est-à-dire quand ils
allaient utiliser une stratégie totalement inadéquate (par
exemple l'usage de la violence) (cf. Chapitre 3.4). La méthode que nous
utilisons se compose de 5 étapes :
· Rationalisation et définition du problème
(aider, si le problème est interpersonnel, à cibler un
comportement et pas un individu)
· Évaluation de la stratégie initialement
prévue (et de ses inconvénients pour le sujet)
· Recherche de pistes de solution (avec suggestions de notre
part si nécessaire)
· Choix et mise en pratique de la solution la plus efficace
(qui peut être dans certains rares cas imposée par un membre de
l'équipe)
· Évaluation de la décision (en
général, constat de réussite et auto-renforcement)
Heureusement, le projet nous offre sonlot de difficultés
et de conflits pour permettre à ces apprentissages de se faire sans
devoir utiliser des jeux de rôles ou des simulations. La pratique
réelle est toujours bien plus efficace.
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