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Interventions éducatives visant la réduction de la violence dans le cadre de projets d'insertion professionnelle destinés aux anciens détenus

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par Régis Verhaegen
CPFB (UCL) - Baccalauréat en éducation spécialisée 2003
  

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4.4 Résultante stratégique

Après avoir vu les résultantes qui augmentaient la probabilité de réapparition des comportements violents, observons ce qu'il se passe quand, pour plusieurs raisons, le sujet décide consciemment ou inconsciemment que la violence est une mauvaise stratégie. Il aura la possibilité de refouler ou de dériver sa violence, mais ce sont là des stratégies intrapsychiques. S'il a une difficulté pratique, elle ne disparaitra pas s'il gère mieux ses émotions. Il aura par contre de meilleures chances de la résoudre adéquatement, notamment en réfléchissant à une solution alternative à l'agressivité. Il n'a pas vraiment d'autre choix que d'augmenter ses moyens de résolution de problèmes. On ne peut pas dire que ce sont deux phases distinctes l'une de l'autre : d'abord le refus de la violence (par des expériences malheureuses) et puis l'utilisation d'autres stratégies. Les deux phases se déroulent en même temps et dépendent beaucoup des résultantes évènementielles et intrapsychiques.

Résolution
Le professeur Born (1996 in Vanaubel 2010) a mis en avant, dans une série de recherches, la difficulté à résoudre des problèmes de la vie quotidienne chez les jeunes ayant des conduites agressives. La personne n'étant pas très douée pour résoudre ses problèmes tentera d'utiliser la violence en tant que stratégie efficace de résolution. Ces jeunes présenteraient des déficits au niveau des processus cognitifs, de la verbalisation, un traitement particulier des informations, une incapacité à différer la satisfaction et à mettre un moment de réflexion avant de réagir ainsi qu'une impulsivité trop importante.

Interventions pratiques : revue de la littérature

C'est sur base de ce constat que plusieurs chercheurs ont développé des programmes de résolution de problèmes (Massé & al. 2006 ; D'Zurilla et Goldfried, 1971 in Leport-Froment 1996) relativement similaires les unes des autres.

D'Zurilla et Goldfried proposent 5 étapes

· S'arrêter pour penser (cf. Chapitre 3.4)

· Définir le problème

· Produire des alternatives

· Prendre une décision

· Évaluer les résultats de cette décision

Massé (2006) y ajoute une étape entre la production d'alternatives et la prise de décision : l'évaluation de ces alternatives.

Les deux s'accordent pour dire qu'il est plus adéquat d'améliorer la recherche stratégique plutôt que d'offrir une série de solutions qui, de toute façon, ne peuvent s'accorder à toutes les situations.

Sur le terrain : observations et interventions personnelles

D'abord, y croire
Il nous a semblé indispensable avec notre public d'ajouter à la résolution de problèmes la confiance en ses propres capacités (Bandura, 1977 in Vanaubel, 2013) à résoudre des situations complexes. Nous utilisons pour cela la pédagogie de la réussite et une directivité très limitée. Par les chantiers et les autres activités, les participants acquièrent rapidement des techniques ou des outils qu'ils ne connaissaient pas. Avec la vie en groupe et les différentes difficultés qu'ils surmontent, ils acquièrent des compétences relationnelles. Avec les contrats d'évolutions réalisés chaque mois ainsi que les remarques que nous leur faisons et leurs propres constats, ils se rendent compte de leurs réussites. Peu à peu, ils développent leur confiance en eux et en leur capacité à résoudre des situations complexes. Des 3 sujets qui ont fait leur auto-évaluation (évaluation qui n'était pas en place en session 1 (sujet 5 et 6) et que les sujets 3 et 4 partis avant la fin de la session n'ont pu faire), tous ont considéré avoir amélioré leur confiance en eux.

Ensuite, agir
Même si cela ne fait pas l'objet d'activités spécifiques, nous pratiquons une résolution de problèmes similaire à celle de Born et Chevalier (in Lepot-Froment, 1996). Celle-ci est utilisée quand cela s'avère nécessaire, c'est-à-dire quand ils allaient utiliser une stratégie totalement inadéquate (par exemple l'usage de la violence) (cf. Chapitre 3.4). La méthode que nous utilisons se compose de 5 étapes :

· Rationalisation et définition du problème (aider, si le problème est interpersonnel, à cibler un comportement et pas un individu)

· Évaluation de la stratégie initialement prévue (et de ses inconvénients pour le sujet)

· Recherche de pistes de solution (avec suggestions de notre part si nécessaire)

· Choix et mise en pratique de la solution la plus efficace (qui peut être dans certains rares cas imposée par un membre de l'équipe)

· Évaluation de la décision (en général, constat de réussite et auto-renforcement)

Heureusement, le projet nous offre sonlot de difficultés et de conflits pour permettre à ces apprentissages de se faire sans devoir utiliser des jeux de rôles ou des simulations. La pratique réelle est toujours bien plus efficace.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo