I.2.3-La désintermédiation
(marchéisation):
La désintermédiation a été l'une
des premières conséquences visibles du décloisonnement des
marchés (Romey, 2004). Elle traduit
schématiquement le passage d'une situation qualifiée de «
finance indirecte ou intermédiée
», dans laquelle les entreprises sont essentiellement
financées par les banques au moyen de crédits bancaires
classiques, à une situation de « finance directe
», dans laquelle les entreprises se financent davantage par
apport de fonds propres, ou par émission de titres de créances
négociables sur les marchés financiers. En fait, la notion de
désintermédiation que l'on associe à l'expansion des
marchés financiers ne signifie donc pas disparition des
intermédiaires financiers, mais mutation de leur rôle,
l'intermédiation financière naît des imperfections sur les
marchés des titres primaires (Leland et Pyle, 1987).
Cette désintermédiation rend compte de ce que la finance directe
devient prépondérante au détriment de la finance indirecte
par monnaie de crédit. Les institutions financières jouent
désormais un rôle d'agence, mettant en place un système
d'information, permettant de réduire les effets d'asymétrie
informationnelle générateurs d'aléa moral
(Diamond et Dybvig, 1983). Ceci explique les
transformations que connaît la fonction d'intermédiation des
banques. S'il est vrai depuis les travaux de Gurley et
Shaw (1960) et la distinction faîte par Hicks (1974) que
la finance directe est opposée à la finance indirecte, il reste
que les préférences des portefeuilles des échangistes sont
en règle générale différentes que même dans
la finance directe, il y a toujours place pour les intermédiaires
financiers. Bien que les financements de marché tendent à
supplanter les financements bancaires traditionnels, on constate dans le
même temps, que les banques ne se désintéressent pas, loin
s'en faut, du développement du marché des capitaux. Au contraire,
elles ont tendance à accentuer leurs interventions sur ces
marchés, en émettant elles-mêmes des titres ou en
souscrivant à des actifs émis sur les marchés
monétaires et financiers. C'est cette présence accrue des banques
sur le marché des capitaux qui a entraîné une «
marchéisation » des conditions bancaires des opérations
traditionnelles (Romey, 2004).
La désintermédiation apparaît dès
lors comme une conséquence de cette évolution et la situation
s'analyse en une tendance à la modification et à la mutation du
rôle des intermédiaires, en particulier les banques, et ce, du
fait du développement de la finance directe. Les banques ont pu par ce
biais soustraire de leur bilan, le maximum de créances douteuses et sans
grand avenir, en se faisant alors intermédiaires pour les placer
auprès d'emprunteurs finals, sous forme d'effets renouvelables et de ce
fait, à taux variables.
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
La marchéisation désigne l'accroissement de la
sensibilité des intermédiaires financiers au risque de
marché. D'une part, il apparait une concurrence au niveau de la
formation des prix et d'autre part, on observe un accroissement de ce qu'on
appelle la mobiliéralisation des bilans bancaires, c'est-à-dire
les financements internationaux basés davantage sur l'émission
des obligations internationaux au détriment des crédits bancaires
internationaux. Cette mobiliéralisation s'explique maintenant par deux
choses : la polarisation des déséquilibres et transactions
courants entre pays développés entrainant de nouvelles formes de
financement international fondées sur les titres ; la
nécessité pour les banques d'accroitre leurs fonds propres
consécutivement à la dégradation de leur
résultat.
Ainsi, la globalisation financière, en favorisant le
développement des marchés financiers a permis aux banques de
faire valoir leur expertise financière et proposer à leurs
clients une vaste gamme de services financiers. Dès lors, le
développement des innovations financières trouve là leur
explication.
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