I.1.2- Évaluation de la concentration
géographique :
Les pays en développement sont
caractérisés par un dualisme économique qui ne cesse d
`influencer les niveaux de structure tant industrielles que sociale. Au
Cameroun, à côté d'un secteur moderne qui, regorge les
activités commerciales et industrielles modernes, il existe un vaste
secteur traditionnel. Ces deux secteurs d'activité sont localisés
dans les zones bien spécifiques. Alors que le secteur moderne se
localise dans les agglomérations urbaines, telles que Yaoundé,
Douala, Bafoussam, le secteur traditionnel, pour sa part, se situe dans des
zones rurales. Cette
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 89 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 90 ~
structuration de l'économie camerounaise, expliquerait
alors la concentration géographique du réseau bancaire. En effet,
le secteur traditionnel manifeste une certaine aversion vis-à-vis des
structures bancaires, et la structure des dépôts en subit donc les
effets. Seul le secteur moderne influence de façon significative
l'importance des dépôts et la structure des banques. Ce
différentiel d'aversion de ces différents secteurs vis à
vis des banques influence l'implantation des banques qui choisissent les
grandes agglomérations au détriment des campagnes. Ainsi, la
plupart des banques sont installées dans les grandes villes, notamment
Douala, Yaoundé, Bafoussam, et quelques chefs lieux de région. Ce
phénomène peut être visualisé à travers le
tableau ci-après qui retrace le réseau bancaire camerounais.
Tableau 15 : Évolution du
réseau bancaire camerounais
Ville
|
1975
|
1983
|
1987
|
1994
|
1999
|
2002
|
Douala
|
17
|
27
|
47
|
9
|
8
|
16
|
Yaoundé
|
13
|
20
|
39
|
7
|
6
|
12
|
Bafoussam
|
5
|
7
|
10
|
6
|
5
|
9
|
Total
|
35
|
54
|
96
|
22
|
19
|
37
|
Autres
|
42
|
113
|
90
|
56
|
40
|
48
|
Total
|
87
|
167
|
186
|
78
|
59
|
85
|
Source : Rapports annuels du conseil
national du crédit
La lecture de ce tableau souligne bien l'importance du
phénomène de concentration géographique du réseau
bancaire autour des grandes agglomérations urbaines au Cameroun. En
effet, il est à remarquer que sur l'ensemble de la période, les
trois métropoles que sont Douala, Yaoundé et Bafoussam, ont la
plus grande part des agences par rapport aux autres régions. Sur
l'ensemble de le période étudiée, ces trois villes ont
à elles seules, d'année en année, en moyenne 35% du nombre
total d'agences. Ce phénomène s'est surtout accentué en
1987 où ces trois villes ont à elles seules plus de 51% des
agences existantes. Il peut être attribué à cette situation
la multiplication des guichets périodiques du milieu des années
1980.
Cette concentration géographique se traduit par le
développement des comportements d'épargne informelle dans les
zones rurales.
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Aussi, des 85 agences bancaires que compte le système
bancaire en 2002, un peu plus 80% sont regroupées dans les villes de
Douala et Yaoundé. Ainsi, des 16 agences que compte la
société générale de Banques au Cameroun (SGBC), dix
sont situées dans les villes de Yaoundé (trois) et Douala (sept),
et six dans le reste du Cameroun.
En somme, l'industrie bancaire est fortement
concentrée, sur l'ensemble de la période. Sur le plan
géographique, les agences des banques sont plus installées dans
trois villes. Sur le plan économique, l'activité bancaire est
contrôlée par cinq banques à raison de 85% pour les
dépôts et 72% pour les crédits.
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