I.2-LA REGLE DES « TROIS D »:
Les cycles de négociation de l'Uruguay-round
(négociations multilatérale au sein du GATT14 de 1986
à 1994, en vue d'achever la libéralisation du commerce
international et qui ont débouché sur l'instauration de l'OMC
à la suite du traité de Marrakech en avril 1994) sur les services
financiers ont contribué à polariser l'attention sur le
fonctionnement du marché, sur la différence entre libre
mobilité des capitaux et non discrimination sur les marchés, sur
l'avantage de la libre concurrence entre institutions financières
nationales et étrangères, aussi bien dans les pays
industrialisés que dans les pays en développement
(Bekolo-Ebé, 2002). L'évolution des
marchés et le processus de mondialisation financière se sont
accompagnés d'une libéralisation des systèmes financiers
(Romey, 2004). Cette libéralisation se
caractérise par ce qu'il est convenu d'appeler le
phénomène des «3D» : décloisonnement,
désintermédiation et déréglementation que nous
analyserons tour à tour.
I.2.1-Le décloisonnement des marchés:
Les conditions nécessaires de la globalisation
financière sont non seulement l'ouverture des marchés nationaux,
mais aussi, à l'intérieur de ceux-ci, l'éclatement des
compartiments préexistants (Bourguinat, 1992). La fin
des compartiments signifie que les marchés se
déspécialisent, les intermédiaires exerçant tous
types d'activités. Ainsi, des distinctions traditionnelles
séparant aux États-Unis, banques commerciales et «
Investment Banks » spécialisées dans le placement
des valeurs mobilières, s'estompent. Ce décompartimentage a
été consacré par le « big-bang »
d'Octobre 1986 qui a conduit à la confusion des fonctions de
contrepartistes et courtiers. De même s'installe une sorte de continuum
qui fait passer sans distinction de la finance indirecte à la finance
directe, avec une prédominance de plus en plus forte de cette
dernière (Bekolo-Ebé, 1998).
Les dispositions mises en place dans la plupart des pays au
début des années 1970, notamment en France, se
caractérisaient par de fortes limitations du jeu des forces du
marché, au moyen notamment de contrôles des prix ou du volume des
opérations des institutions à l'accès au marché. En
France, par exemple, le décloisonnement a consisté à
réduire le nombre de marchés
14 GATT : General Agreement of Tarif and Trade, a
été remplacé par l'Organisation Mondiale du Commerce(OMC)
en 1994 à Marrakech.
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 19 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
spécifiques (circuit bancaire et du trésor,
réseaux mutualistes ou caisses d'épargne) afin de constituer un
vaste marché des capitaux permettant une régulation
monétaire plus efficace et plus conforme aux règles de la
concurrence. L'ouverture du marché monétaire en 1985 va donc
marquer la première étape du processus de
décloisonnement.
L'introduction des titres de créances
négociables (TCN) et des bons du trésor
négociables participe à la mise en place du chaînon
manquant entre le marché interbancaire et le marché obligataire.
La seconde étape du processus de décloisonnement a
été réalisée par la levée progressive de
l'encadrement du crédit entre 1985 et 1987, complété par
une plus grande égalité dans les conditions de collecte des
ressources et d'octroi de financement.
La décennie des années 1980 est aussi celle de
la réhabilitation des marchés boursiers dans le financement de
l'économie. Cette réhabilitation s'est accompagnée, en
France, d'une modernisation des structures institutionnelles et d'une
transformation des techniques de marché avec l'information des
échanges. Le décloisonnement s'est aussi accompagné d'une
internationalisation des marchés.
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