Introduction:
Au cours de ces trois dernières décennies, le
système financier international a subi des mutations profondes. Ces
mutations ont été accélérées par l'essor de
nouvelles techniques (progrès technique en matière d'information
et de communication) et de nouvelles pratiques financières, mais aussi
par des développements théoriques qui ont permis de mieux saisir
la relation existant entre les phénomènes réels et les
phénomènes financiers.
Les mutations du système financier international ont
porté autant sur la structure de celui-ci que sur le rôle des
principaux acteurs. En ce qui concerne la structure, il convient de souligner
que l'on est passé depuis 1973 d'un système de change fixe
à un système de change flottant. De même, on est
passé dans de nombreux pays, d'un système financier
centralisé à un système financier
décentralisé. Cette dernière évolution est
consacrée par l'apparition de marchés émergents dans de
nombreuses économies en développement ou en transition.
En ce qui concerne le rôle des acteurs, les missions des
banques centrales, des banques de second rang, mais aussi des institutions
financières internationales se sont modifiées progressivement.
Ces différentes évolutions ont contribué à
définir peu à peu le champ de la macroéconomie
financière internationale.
Suite à l'apparition des besoins de plus en plus
importants des capitaux, les marchés financiers vont se
développer avec une diffusion internationale. Les économies
contemporaines vont s'engager dans un processus de mondialisation des
marchés et de globalisation financière dont, le rythme tend
à s'accélérer (Bekolo-Ebé, 1998).
Aussi, les banques vont suivre ce mouvement en diversifiant les services
financiers à la disposition des agents économiques. Ces
évolutions ont affecté tous les pays industrialisés et
vont toutes dans le sens d'un accroissement de la part des marchés dans
le financement des économies.
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Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
L'analyse des origines des mutations financières
nécessite la compréhension du processus de globalisation
financière (section I) et celui de
l'accélération des innovations financières
(section II).
SECTION I: LA GLOBALISATION FINANCIERE.
La globalisation financière est un concept
associé à la mutation financière, et apparaît comme
le dénominateur commun à l'ensemble des transformations qui ont
affecté le fonctionnement des systèmes financiers
(Romey, 2004). Depuis les années 1980, on assiste
à ce qu'on appelle le « big-bang financier
» qui donne naissance à une explosion des
marchés dont l'ampleur, le volume et la nature des transactions sont
aujourd'hui caractéristiques de la mondialisation financière. La
globalisation financière résulte des progrès techniques en
matière de communication, mais elle procède aussi des
décisions politiques (Romey, 2004). Elle s'est ainsi
accompagnée d'une libéralisation des systèmes financiers
nationaux.
Cette section vise à montrer que la globalisation
financière est à l'origine des mutations financières. Pour
cela, il convient de présenter d'une part, les composantes de la
globalisation financière (1), et d'autre part,
la règle des « trois D »
(2).
I.1- LES COMPOSANTES DE LA GLOBALISATION FINANCIERE:
Les économies contemporaines sont aujourd'hui
engagées dans un processus de mondialisation dont le rythme tend
à s'accélérer. Cette mondialisation s'analyse en une
globalisation dans laquelle les diverses économies tendent à
s'intégrer et à former une totalité marquée par un
renforcement des interconnexions et à une unification du marché
qui s'homogénéise par-delà les États-nations
(Bekolo-Ebé, 1998). Les firmes et organisations
appréhendent ainsi le marché comme une totalité de moins
en moins contrainte par les réglementations nationales et
déterminent leurs implantations et leurs placements par rapport au
marché mondial traité comme un tout, parce que celui-ci est de
plus en plus unifié et intégré
(Bourguinat, 1997). Telle est la condition préalable de
la globalisation.
Plus précisément, du point de vue des firmes, on
admet aujourd'hui qu'il existe trois conditions, préalables à
cette évolution (Bekolo-Ebé, 1998) :
- d'abord, il faut que le produit ait un caractère
global, c'est-à-dire universel, à même d'être
identifié et demandé à l'échelle mondiale par le
consommateur. Ce caractère global n'empêche pas des
spécificités qui peuvent prendre place dans un processus de
segmentation où dans un produit-
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système, les éléments secondaires sont
alors, déglobalisés, permettant de donner aux produits
génériques une touche finale locale ;
- ensuite, l'activité du groupe pour être dite
globale doit impliquer, comme le relève Porter (1996)
que la « position de concurrence stratégique des concurrents
dans les zones géographiques ou sur les marchés nationaux, soit
fondamentalement affectée par leur position globale ». En
matière bancaire par exemple, la crédibilité, sur le plan
de la solvabilité dans un pays est fortement tributaire de la structure
de son bilan consolidé ;
- enfin, l'équi-traitement des moyens impliquant une
absence de préférence opérationnelle pour le pays ou la
zone géographique originelle. En d'autres termes, la firme ne se
détermine que par rapport aux conditions de coûts et de
rendements, lesquels déterminent la localisation du moment, mais aussi
les décisions éventuelles de délocalisation d'un espace
à un autre.
Le phénomène touche aussi bien la sphère
réelle de production de biens et services que la sphère
financière, et au regard des évolutions actuelles et de l'ampleur
du phénomène, on est tenté de penser que la finance est le
lieu par excellence de cette globalisation des transactions
(Bekolo-Ebé, 1998).
Le produit financier tend en effet à prendre rapidement
un caractère mobile, ubiquiste, parce qu'à même de se
déplacer avec des coûts de transferts extrêmement faibles,
d'autant qu'il prend rapidement un caractère standardisé, et du
fait que les risques y attachés tendent à s'atténuer ou
sont susceptibles d'être assurés par des procédures de plus
en plus diversifiés (Bourguinat 1997 ;
Aglietta, 1990). Ces conditions se trouvent aujourd'hui de
plus en plus souvent réunies car les interconnexions entre
économies obligent les gouvernements à adopter des mesures de
convergences juridiques et fiscales et à s'engager toujours plus avant
dans un processus d'unification des procédures et de banalisation des
techniques monétaires et financières entre les pays dont les
systèmes économiques voient leur interdépendance accrue
(Bekolo-Ebé, 1998).
Au demeurant, un haut degré d'intégration
financière repose sur la réunion de deux conditions : la
mobilité des capitaux ; car la forte mobilité des capitaux repose
sur l'absence de contrôle de change et de discrimination fiscale. Et la
substituabilité des actifs, qui recouvre deux dimensions; au sein d'une
même union monétaire, elle repose sur la capacité des
agents à passer d'un type d'actifs domestiques à un autre; sur le
plan international, elle permet de passer d'une devise à une autre.
Aussi, si la finance se globalise dès lors qu'elle est unifiée
à l'échelle du monde
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entier, il convient encore d'invoquer à son propos la
règle des « trois D » qui définit les
caractéristiques de cette évolution :
décloisonnement-déréglementation-désintermédiation.
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