SECTION II : LES MESURES D'AJUSTEMENT FINANCIER AU
CAMEROUN
La crise financière ayant considérablement
endommagé la situation des banques, il est apparu important pour les
autorités de remettre en cause l'orientation donnée
jusque-là, à l'activité bancaire. Cette intervention des
autorités se justifie théoriquement par le fait que le
marché seul ne pouvait parvenir à corriger les
déséquilibres constatés.
Pour ces raisons, des autorités ont été
obligées d'intervenir dans le cadre de l'ajustement financier pour
restructurer les établissements en détresse. L'ajustement
financier ne peut être défini uniquement comme un ensemble de
changements dans la politique financière.
Toutefois, les objectifs fondamentaux d'un programme
d'ajustement sont claires : augmenter l'efficacité avec laquelle le
système financier doit assurer ses fonctions essentielles de
mobilisation et d'allocation des ressources, permettre aux institutions de
réagir avec davantage de souplesse et par là même,
promouvoir la stabilité du secteur financier.
Généralement, l'augmentation de
l'efficacité de l'intermédiation s'effectue par des mesures de
décentralisation, de libéralisation et de levée des
contrôles. La politique mise en place consiste par exemple à
ouvrir le système à une grande concurrence grâce à
la réduction des barrières à l'entrée, à la
suppression des contrôles sur les taux d'intérêt ou à
l'élimination progressive des restrictions de crédit.
Pour le cas du Cameroun, l'amélioration des
performances du système financier au niveau de l'allocation des
ressources a été particulièrement importante et difficile
puisqu'il était entrepris en même temps d'autres ajustements
visant à rendre le système plus sensible aux signaux
donnés par les prix et aux forces du marché.
Dans le cadre du programme de stabilisation, un ensemble de
mesures monétaires et fiscales étaient destinées à
réduire la demande globale afin de lutter contre l'inflation ou contre
le déséquilibre de la balance des paiements. Certains de ces
changements touchent aux instruments et à leur utilisation, d'autres
concernent les mécanismes et règles de contrôles, une
troisième catégorie concerne la détermination de la masse
monétaire et donc la définition des agrégats
(Bekolo-Ebé, 2001)
Le programme de stabilisation lancé devait s'attaquer
aux déséquilibres budgétaires par la réduction de
la taille du domaine public ou par l'élimination des distorsions de prix
qui constituent
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des obstacles au commerce international en particulier et
à une répartition efficace des ressources en
général. Ces mesures devaient parvenir à obliger le
système financier à redistribuer les ressources de manière
efficace et souple, en fonction des signaux toujours fluctuant que renvoie le
marché.
Cependant, l'ajustement financier a impliqué
également en contre partie des mesures de décentralisation et de
déréglementation : La mise en place d'une nouvelle
réglementation et l'amélioration du dispositif de surveillance
des institutions. Des politiques d'ajustement30 ont
été mises en place à partir de 1987.Elles ont
été adoptées de manière autonome par le
gouvernement, puis par l'appui des institutions internationales à partir
de 1988. De ces mesures découlent les reformes qui ont comporté
en leur sein des restructurations bancaires, des réformes
juridico-institutionnelles, et les changements de politique
monétaire.
L'objectif de cette section est double. Il présente les
objectifs des mesures mises en place au Cameroun, puis les différentes
réformes engagées à partir de la fin des années
80.
II.1- LES OBJECTIFS DES MESURES D'AJUSTEMENT MISES EN
OEUVRE AU
CAMEROUN
Au lendemain de la crise, le Cameroun se trouvait dans une
impasse financière, économique, et budgétaire. Cette
situation a été aggravée par l'apparition d'importants
déséquilibres des finances publiques, qui augmentaient
d'année en année, une dégradation consécutive des
taux de croissance, et par un tarissement des flux des bailleurs de fonds et
par une moindre compétitivité des produits en raison de leur
surévaluation. Les mesures d'ajustement à travers la mise en
place des réformes, sont clairement apparues comme l'une des meilleures
thérapies du système bancaire visant à créer un
environnement macro-économique sain, nécessaire pour un
fonctionnement efficient du système financier.
Ainsi, les mesures mises en oeuvre par le programme
d'ajustement financier peuvent être regroupées en deux principaux
groupes d'objectifs : Un objectif sectoriel et un objectif global.
30De manière générale, les
objectifs des politiques d'ajustement structurel sont la stabilisation
macro-économique, la correction des prix relatifs et
l'amélioration de la productivité. Les instruments sont la
réduction de la demande intérieure, le rétablissement des
équilibres, budgétaires et de la
compétitivité-prix.
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Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
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