I.2.3- MUTATION DE LA CARTE BANCAIRE:
La mutation de la carte bancaire se rapporte à
l'ensemble des changements survenus dans la répartition
géographique des établissements bancaires sur le territoire
national. Cette mutation s'est traduite au Cameroun par deux mouvements. En
premier lieu, une mutation de la structure des établissements bancaires,
marquée par le retrait de certains établissements bancaires et la
restructuration d'autres. En second lieu, une concentration géographique
des banques dans les agglomérations urbaines telles que Yaoundé,
Douala, Bafoussam.
a) Mutation de la structure des établissements
bancaires:
Suite aux difficultés économiques du pays,
certaines banques ont été retirées du paysage bancaire.
C'est ainsi que les banques telles que la Banque Camerounaise de
développement (BCD),
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
la Cameroon Bank, la Banque Paribas Cameroun, la Bank of
America, la Boston Bank, ont été fermées.
Sous un autre aspect, les banques viables ont subi des
restructurations et des privatisations. A cet effet, le Crédit Agricole
du Cameroun (CAC) a connu une restructuration qui a abouti à la
privatisation après assainissement de son bilan.
C'est ainsi que la Société Camerounaise de
Banque (SCB) est devenue Société Commerciale de
Banque-Crédit Lyonnais Cameroun (SCB-CLC) après scission,
dissolution et acquisition des actifs saints par le Crédit Lyonnais
(1989).La BICIC est devenue la BICEC le 14 mars 1997 à la suite d'une
restructuration interne. La Commercial Bank of Cameroon (CBC), a pris les
intérêts du Crédit Agricole du Cameroun et de la BMBC.
Ces changements constituent les résultats des mesures
financières adoptées dans le cadre du programme d'ajustement
financier. Aux disparitions de certaines banques, émergent d'autres
nouvelles banques dont leur structure sera évoquée plus tard.
b) Modification géographique des guichets
bancaires:
La crise bancaire avait été attribuée en
partie aux erreurs de gestion des banques liées aux effectifs
pléthoriques et aux charges excessives. Leur retour à
l'exploitation bénéficiaire impliquait dans la
quasi-totalité des banques, une forte réduction des charges qui
passait notamment par la fermeture des points de vente déficitaires. Il
s'agissait beaucoup plus des guichets de campagne qui subissaient les effets de
la baisse des prix des produits de base.
Aussi a-t-on assisté à un redimensionnement du
réseau bancaire en faveur de la réduction du nombre de guichets
permanents d'une part, et de la concentration des guichets dans les zones
urbaines d'autre part. A cet effet, la plupart des banques sont
installées dans les grandes villes, notamment Douala, Yaoundé, et
Bafoussam, et quelques chefs-lieux de province. C'est ainsi que, des 186
guichets29 que comptait le système bancaire en 1987, 96 se
trouvaient dans les seules villes de Douala, Yaoundé et Bafoussam et 90
seulement pour l'ensemble des autres villes.
29Rapport annuel du Conseil National du Crédit,
1999
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 42 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Cette situation a affecté les marges
bénéficiaires dans les grandes villes, et a également
conduit à soulever le débat sur la surbancarisation au Cameroun.
Cette surbancarisation se traduit par la concentration des guichets dans les
zones urbaines.
Pareil débat met en lumière, l'incapacité
des banques à recevoir de bonnes informations sur l'état de
l'économie nationale. Il faut tout de même noter que la
disparition des guichets des zones rurales soulève des interrogations
sur le lien entre l'efficacité des banques et leur éloignement de
leurs champs d'activité. Ce qui a nécessité la mise en
place des mesures d'ajustement financier. Tout comme l'activité
financière s'est développée depuis les années 1970,
le réseau des banques camerounaises a connu de nombreuses modifications
qui sont en relation avec les différentes périodes de
propriété économique et de crise systémique. Un
examen sommaire du réseau bancaire nous renseigne sur
l'amélioration de la collecte de l'activité économique.
Aussi, dans cette sous-section nous envisagerons le processus de
développement financier à travers l'étude de
l'étendu du réseau bancaire sur la période allant de 1975
à 2004. Ainsi, le tableau 1 nous donne l'évolution du nombre de
banques et d'agences sur les périodes significatives depuis les
réformes du système en 1973.
Tableau 1 : Évolution du nombre
|
de banques et d'agences.
|
|
|
Années
|
Nombre de banques
|
Pourcentage (%)
|
Nombre d'agences
|
Pourcentage
(%)
|
1975
|
4
|
-
|
88
|
-
|
1980
|
11
|
17.5
|
143
|
62.5
|
1987
|
7
|
-36
|
116
|
-23
|
1992
|
11
|
57
|
84
|
-26
|
1996
|
8
|
-27
|
74
|
-12
|
1999
|
8
|
0
|
64
|
-13.5
|
2004
|
10
|
25
|
85
|
33
|
Source: Rapport du Conseil National du
Crédit.
Du tableau 1, il ressort une progression de 17.5% du nombre de
banques et de 62.5% du nombre d'agences entre 1975 et 1980. Cette progression
corrobore bien les résultats de notre première sous-section.
Ainsi, dans la décennie 1970, le système financier camerounais
s'est enrichi. Seulement à partir de 1982, le secteur bancaire subit la
conjoncture économique de telle sorte qu'en
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 43 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 44 ~
1987, on observe une chute drastique du nombre de banques et
d'agences qui passent respectivement de 11 à 7 et de 143 à 116. A
l'issu de la restructuration bancaire enclenchée dès le
début des années 1990, le nombre total des banques est
porté à 8 et le nombre d'agences à 64 en 1999.
L'assainissement du système financier camerounais a
conduit en 2004 à une expansion de réseau des banques et à
la naissance d'un tout nouveau type d'intermédiaires financiers qui sont
les établissements de microfinance. Elles occupent désormais une
place non moins importante dans le système en ce sens qu'elles offrent
des conditions de crédit moins rudes et offrent des opportunités
de placement à la hauteur de l'épargne des petits
ménages.
Tableau 2 : Distribution
géographique des agences bancaires au Cameroun.
Villes
|
1975
|
1983
|
1987
|
1994
|
1999
|
2004
|
Douala
|
17
|
27
|
47
|
9
|
8
|
15
|
Yaoundé
|
13
|
20
|
39
|
7
|
7
|
13
|
Bafoussam
|
5
|
7
|
10
|
6
|
6
|
8
|
Sous-total
|
35
|
54
|
96
|
22
|
21
|
36
|
Autres
|
43
|
113
|
90
|
56
|
43
|
49
|
Total
|
88
|
167
|
186
|
78
|
64
|
85
|
Source: Rapport du Conseil National du
Crédit.
Le tableau 2 nous montre comment le réseau des
principales banques a évolué sur le plan géographique
depuis la création de la BEAC. L'analyse de ce tableau nous permet de
dire que depuis sa mise en route, le système financier camerounais a
connu une certaine dichotomie spatiale. On observe dans les principales villes
de Douala, Yaoundé et Bafoussam une concentration et une densification
du réseau bancaire. La capitale économique
bénéficie toujours du plus grand nombre d'agences bancaires.
Cette concentration a une raison d'être
économique : les banques cherchent à se rapprocher de sa
clientèle. Les grandes villes étant réputées pour
leur surpopulation et leurs pôles industriels, les fonds prêtables
y sont par conséquent facilement mobilisables et les placements
financiers comparativement plus rentables.
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
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