I.2- LES CARACTERISTIQUES DE LA CRISE DE L'INTERMEDIATION
FINANCIERE:
La crise de l'intermédiation financière
présente un certain nombre de caractéristiques. D'abord, une
dégradation des dépôts, ensuite un rationnement bancaire du
crédit, et enfin une mutation de la carte bancaire se traduisant par une
concentration géographique des guichets dans les zones urbaines.
I.2.1- LA DEGRADATION DES DEPOTS:
Les dépôts ont progressé
régulièrement jusqu'en 1985.Cette progression des
dépôts jusqu'au milieu des années quatre-vingt n'est pas
liée au taux d'intérêt réel
négatifs28 durant toute cette période, elle s'explique
par des effets d'offre avec la multiplication des agences bancaires dans un
climat de croissance économique.
Entre 1985 et 1987, les dépôts à terme et
les dépôts à vue ont chuté de plus de 32% (soit 45%
en volume) et 22% (soit 36%en volume) ; cette baisse aurait été
beaucoup plus importante si les banques n'avaient pas limité le montant
des retraits (Joseph A, 2000).
La chute des dépôts s'explique par le
déclenchement de la crise économique. Le manque de confiance dans
le système bancaire pourrait être à l'origine de ce
phénomène. C'est ainsi que Joseph A. (2000), a montré en
effectuant le test de Chow qu'il existe une rupture de tendance dans la
relation entre les dépôts et le PIB avant et après 1986.
À partir de cette année, les dépôts
observés
28Malgré le fait que l'inflation soit
passée de 16% en 1983à 8% en 1985.
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 40 ~
Croissance et mutations du système financier
au Cameroun. IRIC/BMFI
MEFO'O NGO'O Yves Lionel ~ 41 ~
évoluent plus irrégulièrement que les
dépôts prévus, et sont inférieurs à ceux-ci.
Ce retrait des dépôts illustre un phénomène de
désintermédiation bancaire et de fuite des capitaux. Les banques
quant à elles ont adopté le rationnement du crédit.
I.2.2- LE RATIONNEMENT DU CREDIT:
La relation entre banque et emprunteur est empreinte
d'asymétries d'information. En raison de ces asymétries, et de
l'univers incertain dans lequel s'exerce son activité, la banque est
soumise à un risque de retrait et de non-remboursement des
crédits. L'asymétrie d'information supportée par la banque
dans son activité d'octroi de crédits explique le
phénomène de rationnement de crédit de cette
dernière. Le rationnement du crédit se définit comme le
refus par une banque de prêter aux conditions de quantité et de
taux demandées (Joseph. A, 2000).
Le fait stylisé à expliquer est le suivant :
Lorsque le niveau de risque du débiteur augmente, les banques
n'augmentent pas le taux d'intérêt qu'elles exigent, mais
préfèrent rationner le crédit, c'est-à-dire refuser
le prêt (Stiglitz et Weiss, 1981). Ce
concept de rationnement de crédit est en contradiction avec la
théorie néoclassique d'équilibre des marchés des
prix.
Certains auteurs, en l'occurrence Cukierman
(1978), Keeton (1979), Jaffee et
Modigliani (1969) ont élaboré des modèles
de rationnement de crédit en tenant également compte des
imperfections du marché. Aussi, la carte bancaire a connu une profonde
mutation.
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