2.6. Importance économique de l'anacardier pour
la Guinée Bissau.
2.6.1. Le rôle de
l'anacardier et son influence sur la culture céréalière
L'anacardier joue un rôle socio-économique
important pour la Guinée Bissau. Par ailleurs, l'instauration d'un
système d'échange entre la noix de cajou et le riz fait que sa
culture se généralise de plus en plus et tend à se
substituer progressivement aux cultures vivrières contribuant ainsi
à modifier les stratégies de la production des paysans. C'est
ainsi que les superficies cultivées en anacardier augmentent au
détriment de celles des céréales (figure 1).
En outre, les facteurs qui ont influencé cette
évolution (Djassi, M. 2002) sont : Le prix de la noix au niveau
mondial, les associations nationales des agriculteurs qui défendent les
droits des producteurs, les ONG dans l'instauration des unités de
décorticage et la facilité de conduite de cette culture qui
nécessite moins d'entretien par rapport aux céréales.
En effet, aujourd'hui, la noix de cajou représente la
principale source d'exportation du pays. C'est ainsi que chaque année,
l'Etat Bissau Guinéen encaisse des milliards de FCFA provenant de
l'exportation de la noix d'acajou (Ministère des Finances, 2006) ainsi
que d'autres activités liées à ce secteur d'exportation.
En plus de la noix d'acajou, le faux fruit ou pédoncule d'acajou,
destiné à la fabrication du jus et de vin de cajou
génère également des revenus aux producteurs (annexe
III).
Aujourd'hui, il existe 43 différentes unités de
décorticage de la noix de cajou en Guinée Bissau (Andrade, 2007)
dont neuf ont été mises en place dans le cadre du Project
TIPS/USAID dans les années 1990. Mais, actuellement seules 25
unités sont fonctionnelles avec la capacité de transformer 4% de
la production totale, ce qui représente une grande perte puis que la
vente d'amande de cajou est 4 fois plus à la vente de la noix brute
(Annexe IV).
Figure 1.
Evolution inter annuelle des superficies cultivées
d'anacardiers et de céréales (1985-2004)
Source : Division de Statistique Agricole (DSA) et Carte
politique de Développement Agricole (CPDA)
La figure 1 montre en général une tendance
à la baisse de la superficie cultivée en céréales
(riz, mil, sorgho et maïs). Avec une augmentation de la population,
normalement la superficie des céréales devrait augmenter afin de
couvrir ses besoins alimentaires, puisque les céréales
constituent la base de sécurité alimentaire da la population
Bissau Guinéenne.
La réduction des superficies rizicole de 1998-2004 est
due principalement à l'instabilité politique de 1998 (ESASU,
2006) qui a entraîné la destruction de nombreuses infrastructures
rurales, la dégradation des périmètres hydro agricoles,
l'acidification et la salinisation des sols, puis que la zone rizicole n'est
pas appropriée à la culture de l'anacardier.
La diminution de la superficie cultivée des
céréales s'effectue au profit de celle de l'anacardier qui
connaît une croissance exponentielle. C'est ainsi qu'elle a connu une
augmentation de 20% par an de 1986 à 1996 (Camará &
Vayssié, 1997) et à partir de 1996 elle devient un peu lente par
suite de la raréfaction des terres et de l'absence de main d'ouvre pour
les travaux de défrichement.
En conséquence de cette diminution de superficies
cultivées de céréales, la production
générale a connu des baisses considérables comme le montre
la figure 2.
Figure 2.
Variation inter annuelle de la production céréalière
(1979-2004).
Source : Division de la Statistique
Agricole
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