Conclusion
Ainsi, nous avons vu tout au long de ce travail l'impact de la
disparition du support dans le modèle médiatique des pure-players
; une disparition qui est la caractéristique même de la
définition de ce modèle Ñ pour rappel, le pure-player
vient de l'anglais « pure » et « play », signifiant que son
activité (« play ») est homogène (« pure »).
En d'autres termes, dans le cas qui nous intéresse présentement,
le pure-player est une organisation médiatique occupée dans
l'unique création de contenus écrit (au sens large de
l'acceptation écrit, comme nous l'avons déjà défini
en début de ce travail). De ce fait, ces pure-players sont exempts de la
production du support de lecture de leur contenu, i.e. de publication
matérielle. Le coeur de leur activité est l'écriture, qui
est ensuite virtualisée afin d'être actualisé par les
lecteurs sur leurs propres supports Ñ des supports qui peuvent
également actualiser d'autres médias. Cette disparition du
support, en tant que fruit de l'organisation médiatique par
l'omniprésence de la virtualisation, bouleverse les codes et normes des
médias traditionnels.
L'angle pris par ce travail a été l'analyse de
l'impact de la virtualisation des pure-players sur la temporalité, une
question stratégique majeure.
Nous nous sommes dans un premier temps intéressé
à l'économie générale de la virtualisation et du
numérique, en développant l'importance qu'a prise aujourd'hui
l'économie de l'attention. Dans un monde numérique de
virtualisation où les contraintes du support disparaissent, les
coûts de production de l'information et du contenu prennent une courbe
qui tend vers le nul ; et les coûts d'accès tendent à
emprunter le même chemin : sur un seul support, un nombre
quasi-illimité de contenu peut être actualisé, et le
rapport entre le coût du support et le coût de l'information, au
travers le temps, suit une courbe qui pointe vers le nul. Le lecteur (au sens
large, c'est-à-dire englobant également le journaliste en
position de veille) se trouve ainsi dans une situation d'information
overload, dans laquelle le temps qu'il peut allouer à la lecture
médiatique est immensément moins important que le temps qu'il lui
faudrait pour lire l'ensemble de ce qui est à sa disposition :
l'information, le contenu est abondant là où le temps pour y
accéder devient la ressource rare. L'attention devient un enjeu central
des pure-players, puisque, guidés soit par la publicité soit par
la recherche de présence symbolique, ils doivent maximiser le nombre de
lectures et d'interactions, relativement à leur taille et leur ligne
éditoriale Ñ une tendance gonflée par la place massive
qu'ont pris les RSN dans le cycle de vie des pure-players, système
hautement interactionnels.
Nous avons également développé comme la
virtualisation inhérente à cette forme médiatique
était créatrice d'une temporalité non plus basée
sur une périodicité mais sur une temporalité en
flux-sédimentation : le contenu n'est plus lié à une
publication suivant une régularité basée sur les
contraintes de production du support, mais au contraire existe dans un flux, se
chassant continuellement, en même temps qu'il en vient à se
stocker sur le réseau, dans un potentiel infini d'autant plus
éternel que la virtualisation annihile les barrières temporelles
entre les contenus, généralisant le statut de trace de
l'écriture numérique.
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Colin FAY
Enfin, nous avons analysé l'effet longue traine, et son
caractère synchronique Ñ sur le flux Ñ et diachronique
Ñ sur la sédimentation Ñ : d'un point de vue synchronique,
c'est-à-dire si l'on prend le contenu global produit par un média
à un moment donnée, on constate que les articles populaires se
placent sur un stock de lectures moins important que les articles moins
populaires (notre corpus a révélé que 50 % des lectures
étaient faites sur plus de 85 % du contenu, et donc que les 15 % les
plus populaires n'étaient pas ceux qui engrangeaient le plus fort stock
de lectures, malgré des différences de nombre de lecture par
article immense Ñ là où les 10 articles les moins lus le
sont entre 200 et 300 fois, les 10 les plus le sont entre 40.000 et 80.000
fois) ; d'un point de vue diachronique, nous pouvons constater que les articles
continuent d'augmenter leur nombre de lectures au delà de leur pic de
lecture Ñ alors qu'un pic de lecture est impulsé par le moment de
publication sur les RSN, un article continue à accumuler des lectures au
delà de ce pic où le nombre de lectures / heure est à son
plus haut, ainsi continuant d'engranger un stock attentionnel bien au
delà de son moment d'écriture. Une diachronie d'autant plus
renforcée par le nouveau pic de lecture que peut connaître un
article lorsqu'un signe passeur renvoie vers lui.
Aussi, nous nous sommes penchés sur l'impact du
côté du narrateur. Nous avons analysé le bouleversement des
récits, dont la contextualisation et la définition des bornes
spatio-temporelles sont devenues complexes car floues, de par l'effondrement de
ces bornes dû à la virtualisation.
Nous avons aussi analysé la dissolution de la figure
écrivante par les différentes identités narratives
numériques adoptées par les pure-players, ainsi que leur impact
sur la légitimité des scripteurs comme des organisations de
manière globale. Une dissolution d'autant plus
accélérée par l'importance prise par les RSN et leur
injonction à l'interaction Ñ c'est l'identité de
l'organisation qui est devenue centrale sur les RSN, au détriment de
celle du narrateur.
Nous avons ensuite analysé l'importance massive prise
par l'injonction à la vitesse, créatrice d'un certain nombre de
pratiques et de tensions au sein de l'organisation. D'abord, nous avons vu
comme cette injonction à la vitesse était créatrice d'une
illusoire pratique de l'immédiateté, d'autant plus
renforcée par l'usage de RSN comme Twitter ou Instagram. Une pratique de
l'immédiateté qui provoque des tensions quant aux
temporalités de travail : un immédiat ne peut se combiner avec la
périodicité du travail traditionnel Ñ les temps
entrecoupés travail / non-travail ne s'accordent pas sur le
modèle de l'immédiat. Un peu plus loin, la couverture
événementielle « directe », en « live »,
contredit elle aussi cette périodicité traditionnelle du
travail.
Nous avons ensuite abordé la délégation
à la technique de cette injonction à la vitesse, combinée
à un usage important de l'image, signe plus immédiat que
l'écrit. La question du rapport à l'information a enfin
été traitée, autour du rapport du narrateur à ses
sources et de la tentation de ces scripteurs à avoir recours au
copier-coller. Tous ces points sous-tendent une place forte prise par les
processus de synchronisation au sein de l'organisation.
Du côté du lecteur, nous avons vu comme la
virtualisation autorise l'accès, dans des temporalités et sur des
supports semblables, à des écrits spatialement ou
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temporellement déconnectés : les
frontières traditionnellement dressées par le temps et l'espace
s'effondrent au profit d'une uniformisation du temps d'accès, quels que
soient les lieux ou les moments d'écriture et de lecture. La
contextualisation ainsi que la légitimité devient diffuse,
difficilement définissable et bornable. En même temps, ils
deviennent acteurs de la lecture, ce sont eux qui ont entre leurs mains le
processus d'actualisation.
La lecture est devenue action, et action d'écriture, de
par la traçabilité du mouvement au sein du numérique,
traçabilité Ñ visible et invisible Ñ faite sur les
RSN. Ces RSN, de par leur injonction à l'interaction (sous-tendues par
des algorithmes pour certains, rendant au passage caduque le hasard et la
sérendipité), entrainent le lecteur à devenir de plus en
plus acteurs, c'est-à-dire performateur au delà du simple fait de
lecture : écritures, réactions, échanges, partages sont
devenus des pratiques courantes sur le réseau face à une lecture,
dépossédant le narrateur un peu plus de son texte, d'autant plus
si le lecteur relève une erreur ou se révèle expert sur un
sujet (peut-être plus que le journaliste), rendant une sensibilité
forte du média au relèvement de points faibles ou d'erreur.
Nous avons également vu comme l'injonction à la
vitesse laissait de moins en moins de place à la fois à la
vérification comme à la lecture complète : une faible
proportion des articles sont lus, et une proportion est même
partagée sans être lu.
Du côté écriture, nous avons vu
l'importance prise par une nouvelle forme de signes : les signes passeurs,
permettant de structurer les récits en même temps qu'annihilant
les distances temporelles. Ce sont des signes qui, dans le milieu qu'est
Internet, sont des noeuds de passages, des points névralgiques de
parcours indispensable dans l'économie de l'attention. En même
temps, ce sont des signes qui font disparaitre l'uniformité d'une
logique de parcours, permettant différents points d'entrée au
sein d'un récit, points d'entrée apparaissant parfois de
manière diachronique, bien après l'événement
premier d'écriture d'un article. Ce sont des signes qui demandent une
connaissance approfondie du territoire, une pratique régulière de
ce dernier, pouvant être relayé à un acteur qui
écrit sur l'article sans pour autant le signer.
Aussi, comme nous l'avons déjà abordé
plus haut, l'injonction à la vitesse fait que l'écriture se
relaye en partie à la technique, à l'automatisme, en même
temps qu'elle devient peuplée d'images, de vidéos et de sons, une
forme d'écriture plus immédiate que le texte, mais à
l'impact différent.
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Limites
Comme toute étude, notre angle d'analyse
présente un certain nombre de limites.
D'abord, nous avons souhaité nous concentrer
majoritairement sur le support Ñ ou plutôt, ici, sur l'absence de
ce support Ñ, en laissant de côté le contenu. Cette
concentration est faite par choix, car se concentrer sur le support permet une
plus grande théorisation des pratiques. D'autant que la trame commune
des pure-players reste cette absence de support, bien plus qu'une unité
de contenu. La faiblesse présentée par ce choix reste que le
contenu a lui aussi un pouvoir d'influence sur les dynamiques de travail,
notamment lorsque nous nous interrogeons sur la temporalité Ñ
d'autant plus que dans notre corpus, le rapport à la temporalité
reste relatif, il n'y a pas, pour un contenu culturel, de véritable
rapport à l'urgence, ce qui permet un recul plus important dans
l'écriture, en même temps qu'il y a très peu de sujets
« sensibles » pouvant créer la polémique : les points
de faiblesse possiblement pointés par les lecteurs (et donc
référant au contenu), restent à impact faible.
Cette étude s'est également centrée sur
un média uniquement numérique, et la dialectique print/web n'est
donc pas prise en compte dans les tensions professionnels. Cependant, ce
nouveau paradigme est central, non pas aux nouveaux médias naissant sur
le web, mais aux anciens voulant survivre à cette transition.
Le corpus que nous avons choisi est également
créateur d'un certain nombre de limites : en tant que support marketing
appartenant à une seule marque, le droit de regard de la marque est
omniprésent, plus que sur un support médiatique autre qui, bien
que fonctionnant sur un modèle publicitaire, dépend moins d'une
marque unique. Également, ce support est de naissance récente, et
ne relève pas d'une transition entre le physique et le web : les
tensions temporelles et organisationnelle entre print et web ne se manifestent
pas. D'autant plus que l'équipe rédactionnelle du corpus
envisagé est une petite équipe, composé majoritairement de
« natifs numériques », possédant une aisance avec le
numérique : les tensions organisationnelles créées par la
transition vers web dans les rédactions ne se ressentent pas sur notre
corpus Ñ ce ne sont pas d'ancien journalistes du print tournés
vers le numérique. De plus, la création de ce média reste
récente, l'histoire de l'entreprise pèse un poids très
faible, presque peu existante. Il y a peu de mémoire collective de ce
média, d'autant plus aux vues de enchevêtrement de l'équipe
de ce média avec d'autres organisation : d'une part l'équipe
rédactionnelle partageant les lieux et les territoires
d'écriture, en même temps que d'autre part le regard donnée
à la marque et son histoire99.
99 La pertinence du choix de ce corpus est
développée dans la première partie de l'Introduction.
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Quelle valeur ajoutée ?
La question de la valeur ajoutée est devenue
inévitable au sein de l'économie de l'attention. En effet, «
il est difficile de capter de l'attention nouvelle en répétant
exactement ce que vous ou quelqu'un d'autre a déjà fait
auparavant, cette nouvelle économie est basée sur une
originalité sans fin, ou tout du moins la tentative de cette
originalité. » (Goldhaber,1997, notre traduction, nous
soulignons100) En effet, comme nous l'avons déjà
amplement développé, les lecteurs, vivant l'information
overload ainsi qu'une forme de pénurie temporelle, recherchent une
information nouvelle, non-redondante, afin de ne pas « gaspiller »
leur temps. Le média doit trouver cette « originalité
», au sens d'unique, de singulier, qui attire l'oeil du lecteur et va le
rendre enclin à cliquer. Cette originalité n'est pas pertinente
uniquement de manière ponctuelle, mais bel et bien également sur
le long terme : nous avons amplement développé l'effet longue
traine, révélant que le stock attentionnel ne se place pas
uniquement dans la rapidité, mais bien dans la durée Ñ
i.e. dans la sédimentation, notamment grâce à l'existence
des signes passeurs.
C'est pourquoi les médias doivent jouer la carte de la
double temporalité : l'écriture doit produire du contenu
synchronique et diachronique. Synchronique, c'est-à-dire de
l'écriture qui apparait comme proche du moment de
l'événement, et diachronique, i.e. dont la distance temporelle
entre la lecture et l'écriture n'est pas l'angle central pris par
l'article, c'est au contraire la question thématique qui vient prendre
ensemble l'hétérogène des actions. Sur le corpus que nous
avons analysé, le synchronique s'applique massivement à des
formats courts (plus ou moins 300 mots), là où le diachronique
prend en règle général des formes longues (800 mots et
plus) de par sa tournure thématique demandant de recouper divers
événements au sein d'un même article. Sur notre corpus, les
rôles restent définis sur ces contenus, puisque les pigistes
travaillent uniquement sur des formats longs, là où les
rédacteurs fixes prennent place au sein des deux formes. En même
temps, l'on constate que les écrits longs des pigistes récoltent
deux fois plus de lectures que la moyenne du corpus. Si nous prenons les cent
articles les plus lus de notre corpus, 42 sont au format court, 58 au format
long, là où 54 sont synchroniques et 46 diachroniques. Si l'on se
concentre sur les 10 premiers, 3 sont courts, 7 sont longs. 5 sont
synchroniques, 5 diachroniques. Sur la tranche de cent, 7 articles ont
été écrits par des pigistes. Sur les cinquante les plus
lus, 4 l'ont été par un pigiste. Sur la tranche des dix plus lus,
un a été écrit par un pigiste.
Ainsi, nous constatons que plus nous avançons dans le
classement du plus lu au moins lu, moins les pigistes (employés pour du
format long) sont présents : ils représentent 10 % des dix plus
lus, 8 % des cinquante les plus lus, et 7 % des cent les plus lus. Nous voyons
donc que l'écriture par les pigistes reste liée à un fort
taux de lectures Ñ leur identité narrative présentant un
poids concurrentiel dans le taux de lectures. En même temps, il ne semble
pas se dégager de tendance face au caractère court/long ou
synchronique/diachronique de l'article : la
100 « it is hard to get new attention by repeating
exactly what you or someone else has done before, this new economy is based on
endless originality, or at least attempts at originality.
» Comme le souligne le Oxford Advanced Learner's Dictionnary,
originality renvoie à « the quality of being
new and interesting in a way that is
different from anything that has existed before. »
(nous soulignons)
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répartition de ces caractéristiques sur les
articles les plus lus semble se faire pour moitié dans chaque plan.
Nous pouvons donc constater qu'il devient difficile de
définir la valeur à apporter à l'écriture :
là où les coûts de production Ñ physiques Ñ
semblent tendre vers zéro, il devient complexe de définir
là où se place la valeur de l'écriture. En même
temps qu'elle peut se définir par le temps passé à sa
création, ce temps d'écriture n'est pas corrélatif du
nombre de lectures qu'il va engendrer. Juger la valeur d'une écriture
sur la fraicheur de son actualité Ñ sa synchronie Ñ ne
semble pas pouvoir garantir non plus un haut taux de lecture, tout comme la
valeur d'un groupement thématique, long, « de fond » Ñ
et donc diachronique Ñ ne garantie pas lui non plus un nombre
conséquent de lectures. Privilégier l'une ou l'autre de ces
valeurs ne permet pas de garantir un fort stock attentionnel, là
où 1 article à 10 000 lectures permet un stock plus faible que
100 articles à 201 lectures.
Nous pouvons donc en conclure que la valeur ajoutée est
devenue diffuse, et que la stratégie d'écriture se doit
d'être mixte : à la fois du contenu court ou long, axé sur
une temporalité synchronique ou diachronique. Une stratégie qui
demande une équipe aux caractères multiples Ñ un contenu
court et synchronique nécessite de la rapidité ainsi qu'une forte
compétence de veille, de synthèse et de connaissance du
territoire afin de pouvoir juger de la pertinence ; un contenu court
diachronique (restant une pratique minoritaire) conjugue un besoin de
créativité thématique, de connaissance précises sur
le point traité, ainsi qu'un besoin de synthèse ; un contenu long
synchronique existe à condition de veille efficace, de
réactivité, de rapidité de lecture et d'écriture,
de fortes compétences rédactionnelles, mais aussi de connaissance
sur le sujet traité ; enfin, le contenu long à tendance
diachronique sous-tend une créativité pour déceler une
thématique, un temps disponible pour la recherche sur la question et/ou
une haute connaissance du thème traité, ainsi que de bonnes
compétences rédactionnelles.
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Colin FAY
Ouverture
Nous avons montré que l'économie de l'attention
était en adéquation avec le modèle économique
publicitaire actuel, d'autant plus important que tout comme le contenu, sur un
pure-player la publicité n'est plus limitée par les bornes du
support. Dans la prolongation du paradigme traditionnel, les médias
numériques actuels continuent de se construire selon les
catégories usuelles utilisées par la presse : notre corpus en est
l'exemple parfait, où la rédaction reste à fonctionner sur
une temporalité traditionnelle de travail. Ce sont des organisations qui
fonctionnent sur un modèle économique de rétribution de
production de contenu : les organisations emploient des producteurs de contenu
(les narrateurs, comme nous les avons appelés). Cependant, dans ces
paradigmes où le support ne limite plus ni le temps ni l'espace Ñ
un acteur peut produire un ou mille mots dans la même journée de
travail, sans surplus économique de production matérielle
Ñ comment évaluer la valeur de ce travail ? Là où,
dans un média traditionnel, il était encore simple de quantifier
une valeur au nombre de mots produits (dans un média traditionnel,
l'équipe d'un journal doit produire tant de pages, une émission
doit durer tant de minutes, etc.), cette absence de contraintes du support
laisse en suspens la question de la valeur du travail : schématiquement,
comment juger qu'une seule production médiatique dans une journée
a plus de valeur que dix productions ?
D'autant plus dans des rédactions qui combinent les
deux formes de publications (print et web), comment faire vivre ensemble ces
deux types d'écriture et leur donner une valeur ? Ces médias
doubles n'ont pas été étudié dans ce travail, mais
cette double existence de l'écrit est pourtant au centre des
questionnements actuels d'un grand nombre de médias « anciens
» qui souhaitent survivre à la transition du web.
L'économie de l'attention semble être une
première réponse, situant la haute valeur d'un contenu à
la haute attention que les lecteurs lui porte : haut nombre de lectures et
d'interactions, en d'autres termes, c'est le temps passé par le lecteur
sur un contenu qui apporterait la haute valeur d'une production Ñ non
plus le temps de travail passé sur la production, comme
l'avançaient les théories traditionnelles de la valeur (notamment
développées par Ricardo puis Marx). La complexité de cette
modélisation restant l'imprédictibilité du nombre de
lecture en amont de la publication.
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