Mémoire de recherche
Master 1 Droit Public parcours Fiscalité
Année 2014
Les mécanismes fiscaux offshores : entre
optimisation et évasion fiscale
Remerciements
Je tenais à remercier mon professeur Monsieur Philippe
LUPPI du Master 1 Droit Public parcours Fiscalité pour ses conseils, ses
critiques constructives qui m'ont permis d'élaborer un plan traitant de
l'ensemble des problématiques liées à mon sujet.
De plus, je voulais faire une mention particulière
à mon professeur de Fiscalité internationale Monsieur Christian
Laroche qui m'a enseigné les bases nécessaires et indispensables
pour traiter ce sujet complexe et d'une actualité brulante.
Enfin, je tenais aussi à remercier mes camarades de la
promotion du Master 1 qui m'ont aussi permis d'inclure dans mes recherches des
questions indispensables.
Annexe
Introduction
Partie I : Le contrôle des dispositifs offshore
:P.1
Chapitre 1 : L'encadrement légal des dispositifs fiscaux
offshore :P.2
Section 1 : Les difficultés posées par les montages
fiscaux offshore:P.2
Paragraphe 1 :L'impact des législations offshore sur la
société et l'économie :P.2
A. Emergence historique de la « fiscalité offshore
» :P.3
B. L'internationalisation des échanges
appréhendée par le GATT et l'OCDE:P.5
Paragraphe 2 : Les deux niveaux d'impact des législations
offshore :P.9
A. L'angle international : P.9
B. L'angle national : Article 238 A CGI :
P.13
1. Comment faire la comparaison de législations entre la
législation fiscale française et la législation fiscale
étrangère ?P.14
2. Comment apprécier l'importance de l'écart
constaté entre les deux législations fiscales
?P.16
3. Installation dans un pays à fiscalité
privilégiée : P.18
Section 2 : La portée de la problématique des
législations fiscales offshores : P.19
Paragraphe 1 : La problématique actuelle posée par
les montages offshores :P.19
A. Les mécanismes offshores des sociétés
multinationales : P.19
B. L'avis du Conseil des impôts sur la concurrence fiscale
et l'entreprise : P.23
Paragraphe 2 : Les limites aux législations offshores :
Les mesures nationales et conventionnelles de lutte contre l'évasion
fiscale :P.24
A. Mesures nationales de lutte contre l'évasion
fiscale : P.25
1. Transferts indirects de bénéfices à
l'étranger: L'article 57 du code général des
impôts :P.25
2. Transferts d'actifs hors de France P.26
3. Bénéfices provenant de sociétés
établies dans un pays à régime fiscal
privilégié : P.26
4. Participations dans des structures financières
établies dans un pays à régime fiscal
privilégié : P.28
5. Rémunérations de prestations de services
versées à l'étranger : P.28
6. Déclaration des transferts de fonds vers ou en
provenance de l'étrangerP.29
B. Mesures européennes de lutte contre l'évasion
fiscale : P.29
C. Mesures conventionnelles de lutte contre l'évasion
fiscale : P.32
1. Les clauses d'échange de
renseignements :P.32
2. Les clauses d'assistance au
recouvrement :P.32
3. Les mesures anti-abus d'ordre général (clauses
dites anti-treaty shopping) :P.33
4. Les mesures particulières anti-abus :
P.34
Chapitre 2 :L'approche institutionnelle de l'utilisation des
mécanismes fiscaux offshores :P.36
Section 1 : La dimension sociale, politique et économique
des mécanismes offshores:P36
Paragraphe 1 : L'approche socio-politique des dispositifs
offshores :P 36
A. Les législations offshores comme moyen
d'attractivité économique : P.37
B. Le choix stratégique des prestataires offshores :
P.38
Paragraphe 2 :L'approche économique des dispositifs
offshore:P.41
A. Les comptes bancaires offshores :
P.41
B. Le secret bancaire : P.43
Section 2 : La dimension juridique des mécanismes fiscaux
offshores :P.46
Paragraphe 1 : Approche juridique de l'utilisation des
mécanismes offshores:P.46
A. Ouverture de compte bancaire offshore
:P.46
1. L'obligation de déclaration :
P.46
2. Les sanctions encourues :P.48
3. La présomption de revenus
non-déclarés :P.48
4. Amende P.48
5. Prescription décennale P.48
6. Les modalités de
régularisation :P.49
B. L'optimisation fiscale offshore par le
trustP.49
1. Les Employee Benefit Trust :P.50
2. Le trust offshore comme avantage dans le cadre de la
transmission de patrimoine :P.50
Paragraphe 2 : L'utilisation des mécanismes offshore
appréhendée sous la dimension répressive
:P.52
A. La circulaire dite « Cazeneuve
» :P.52
B. Les dérives du recours des mécanismes offshores
combattues par une législation répressive
conséquente : P.55
a. Le blanchiment d'argent et de fraude fiscale :
P.55
1. Le blanchiment d'argent : P.55
2. Le blanchiment de fraude fiscale :
P.58
b. La procédure judiciaire d'enquête fiscale
à l'épreuve des mécanismes offshores :
P.60
Partie II : L'instrumentalisation des mécanismes
offshores : P.63
Chapitre 1 : Les instruments de l'optimisation fiscale par
l'offshore:P.64
Section 1 : La vision statique des régimes fiscaux
privilégiés :P.64
Paragraphe 1 : L'idée à contre-courant d'une
fiscalité française
privilégiée.P.64
A. Principes généraux avantageux
:P.64
1. Le principe de la territorialité
:P.64
2. Le principe de double imputation du crédit
d'impôt :P.65
B. Régimes fiscaux fiscalement privilégiés
:P.65
1. Le régime de l'intégration fiscale :
(L'amendement Charasse) :P.65
2. Le régime des sociétés mères et
filiales :P.66
3. Le régime des quartiers
généraux :P.67
C. Les régimes incitatifs temporaires
:P.68
1. Le régime des sociétés installées
dans les zones d'entreprises :P.68
2. Les régimes fiscaux des Départements et
Territoires d'Outre-Mer :P.68
Paragraphe 2 : Exemples de montages fiscaux offshores
:P.69
A. L'attractivité des sociétés offshore :
l'exemple de la Seychelles IBC : P.69
B. La Tunisie et son régime des institutions
financières « offshore » :P.70
C. Le Maroc et la zone de Tanger : P.71
Section 2 : La vision dynamique des régimes fiscaux
privilégiés :P.72
Paragraphe 1 : Le détournement de la législation
fiscale : licite ou illicite ?P.73
Paragraphe 2 : L'étendue de la clause de sauvegarde de
l'article 209 B CGI : P.73
Paragraphe 3 : La liberté d'établissement de l'UE
protectrice du recours au mécanisme offshoreP.76
Chapitre 2 : La dimension technique des mécanismes
offshores :P.79
Section 1 : Aspect juridique des structures offshore
:P.79
Paragraphe 1 : La frontière entre l'optimisation fiscale
et la finalité des mécanismes offshore :P.79
A. Acquisition de biens à l'étranger :
P.79
1. Acquisition occulte de biens à l'étranger :
P.80
2. Acquisition « officielle » de biens à
l'étranger, les questions de la domiciliation fiscale :
P.80
B. La distinction entre optimisation et évasion fiscales
:une définition juridique des concepts indispensable :
P.82
Paragraphe 2 : Conséquence juridique des structures
offshore :P.85
A. La théorie de l'abus de droit :
P.85
B. La lutte contre la concurrence fiscale dommageable dans les
transactions intragroupes :P.88
Section 2 : L'identification du paradis fiscal permettant
l'élaboration d'un mécanisme offshore :P.90
Paragraphe 1 : La représentation traditionnelle des
paradis fiscaux :P.91
A. L'idéalisme fiscal des « zero-haven
» :P.91
B. Impôt sur les bénéfices
prélevé sur une base territoriale restreinte ou à un taux
réduit :P.93
C. Les « paradis » offrant des avantages
spécifiques à certaines sociétés, activités
ou industriesP.95
Paragraphe 2 : Les vrais « faux » ou faux « vrais
» paradis fiscaux :P.96
A. Les Bahamas, une place paradisiaque de l'offshore
:P.97
B. Le retrait injustifié des Bermudes de la liste des
Etats non coopératifs :P.100
C. Le Luxembourg, un pseudo paradis fiscal à
l'européenneP.100
Conclusion
« Les mécanismes fiscaux
offshores : entre optimisation et évasion
fiscale » :
Introduction
Les recherches sur la question des mécanismes fiscaux
offshores et leur utilisation par le contribuable s'ancrent dans un contexte
économique et financier qui nous amène à avoir un point de
vue assez pessimiste sur la question.
En effet, dans un contexte d'internationalisation croissante des
échanges, la question fiscale est devenue primordiale en ce sens qu'elle
est devenue un point centrale dans la stratégie financière des
entreprises qui ont pour credo la maximisation du profit et mais aussi une
question centrale pour les finances de l'Etat qui voit d'un très mauvais
oeil ce qu'il voit être « une fuite des capitaux vers
l'étranger » qui constitue un manque à gagner.
I. Deux quêtes
distinctes :
La dichotomie d'objectif naturelle qui existe entre le
contribuable qui désire payer moins d'impôt et l'Etat qui
désire maximiser les ressources fiscales en trouvant une assiette sans
cesse plus large fonde le paradoxe sur lequel nos recherches vont se fonder.
L'optimisation fiscale au sein même du pays, est une
faculté pour toute personne physique ou morale qui désire
organiser l'imposition de ses revenus ou bénéfices d'une telle
manière qu'il soit possible de réaliser une économie
d'impôt. Mais le fait est que la réalité est la
suivante : les possibilités d'optimisation fiscale en France sont
possibles, mais l'optimisation fiscale internationale par le biais du recours
à des législations fiscales offshores et sans commune mesure bien
plus intéressante.
Optimiser c'est organiser, c'est faire preuve d'intelligence,
pour certains c'est interpréter la loi fiscale à sa
manière, ou du moins, la comprendre à sa manière pour
contourner le paiement d'une charge fiscale qui pourtant incombe à tous.
Dès lors, toute entreprise serait tenter de jouer le jeu de
l'optimisation fiscale internationale car elle est aujourd'hui accessible aux
PME, et n'est plus seulement réservée aux grands Groupes. Elle
permet d'optimiser, le bénéfice global de l'entreprise mais aussi
les dividendes des actionnaires.
L'optimisation1 pour le contribuable est une chose
mais celle-ci vient buter à l'intérêt de l'Etat qui ne
trouve aucun intérêt devant la localisation des revenus et des
capitaux à l'étranger. On comprend dès lors que pour l'un
les mécanismes fiscaux offshore relève de la stratégie,
pour l'autre, c'est une perte. L'objet de nos recherches sera de comprendre les
enjeux de cette divergence d'intérêt et de savoir quels sont les
solutions trouvées.
II. L'évolution fiscale
internationale :
La mondialisation et les échanges étatiques sous
toutes leurs formes sont au coeur de notre problématique car il est ici
question de libertés protégées par les institutions
internationales.
En effet, la liberté de circulation des capitaux, des
personnes et des marchandises sont des libertés que les Etats de l'Union
européenne se sont engagés à faire respecter, il
découle de cet engagement un droit d'échanger avec le reste du
monde et de bénéficier des législations fiscales qui s'y
appliquent.
Mais les Etats lésés de ces échanges
internationaux ont du s'armer d'un arsenal juridique visant à limiter ce
que certains auteurs nomme « l'exode fiscal ».
L'exemple français n'est pas en reste, on citera parmi les plus connus
les articles 238 A, l'article 57 ou encore l'incontournable article 209 B du
Code général des impôts.
Ces mesures visent à limiter la concurrence fiscale
dommageable qui est une forme de concurrence spécifique en la
matière, elle repose sur le fait que les contribuables vont choisir la
législation fiscale offshore qui est la plus
« attractive » pour eux. L'attractivité repose tout
simplement sur le fait que le choix se portera sur la législation
fiscale qui permet de réaliser la plus grande économie en donnant
moins à l'Administration fiscale.
1 : Stratégies fiscales internationales Par
Patrick Rassat,ThierryLamorlette,ThibaultCamell, Paris, 2010
251696640
La notion de « dommages »1 que
subit un Etat caractérisé par une lourde fiscalité pour
les contribuables est l'idée selon laquelle la politique qui consiste
à attirer l'investisseur par la fiscalité se fait en
défaveur d'un autre Etat qui se devra d'agir en conséquence, le
fait est que les Etats devront agir comme de véritables entreprises.
A cet égard, le Sénat a soulevé les dangers
majeurs de cette réalité économique : L'Etat se
trouve directement lésé dans sa souveraineté et notamment
dans sa faculté à pouvoir librement lever l'impôt,
l'assèchement des recettes publiques, mais aussi, une
conséquence que l'on n'aurait pas soupçonnée : la
concurrence fiscale favorise les États à diminuer leur taux
d'imposition et à élargir leurs assiettes afin de ne pas diminuer
leurs rentrées fiscales. Indirectement, ce sont les contribuables
eux-mêmes qui pâtissent du recours aux mécanismes fiscaux
offshores de certains.
Cette direction qu'a prise l'évolution fiscale
internationale a abouti à une approche stricte et rigoureuse de
l'évasion et de la fraude fiscale par les Etats qui en souffre.
III. Une question d'actualité liée
à l'évasion et à la fraude fiscale donnant lieu
à des scandales financiers :
Le recours aux mécanismes fiscaux offshore est très
répandu notamment en matière bancaire à tel point
qu'aujourd'hui beaucoup de banques sont accusées d'utiliser leurs
filiales offshore pour constituer leur propre évasion fiscale. Le
domaine bancaire est très touché par la question, mais ce n'est
pas le seul, les scandales politico financiers incluant des
personnalités politiques se sont multipliés au premier rang
desquels on citera l'affaire Cahuzac.
Les comptes bancaires offshores font partie des mécanismes
fiscaux offshores que l'on étudiera au cours de nos recherches, au
même titre que les trusts offshore ou encore l'évasion fiscale par
les prix de transfert. Mais cette question mérite plus d'attention car
elle fait échos à diverses problématique : la
détention et l'ouverture de comptes bancaires à
l'étrangers mais aussi les conséquences des transferts de
capitaux dans les paradis fiscaux.
1 : La concurrence fiscale dommageable: la
coopération des états membres et des autorités
communautaires/Par SelçukAltindag/ Editions L'Harmattan/
Cette question à fait couler beaucoup d'encre dans les
médias à tel point que qu'après un travail d'analyse de 15
mois sous la direction de l'International Consortium of
InvestigateJournalists (ICIJ) à Washington, les journalistes en
question assurent que selon les fichiers informatiques
révélés (courriers électroniques, de bases de
données, de tableurs, de copies de papiers d'identité,
lettres) témoignent d'un réel
« mécanisme fiscale offshore à l'échelle
planétaire », il s'agirait en fait d'un système
mondialisé composé de plus de 120 000 sociétés
écrans localisées dans les pays à fiscalité
privilégiée.
L'évasion fiscale repose sur l'évitement de
l'impôt et il découle de ce comportement le problème de
l'échange d'informations et du secret bancaire. Le secret bancaire
apparait comme étant être une arme des pays à
fiscalité privilégiée car il assure aux contribuables qui
ont recours aux mécanismes fiscaux offshores une confidentialité
des informations relatives aux montants des sommes transférées.
Dans le passé, les Etats avaient la liberté de la
manière d'appliquer le secret bancaire, dès lors, certains Etats
y été fortement attachés alors que d'autres comme la
France n'y avaient strictement aucun intérêt.
Le développement des accords conventionnels relatifs
à l'échange d'informations a obligé les pays à
fiscalité privilégiée à se détacher
progressivement de cette pratique qui là encore participait à la
concurrence fiscale dommageable, ceci c'est fait sous l'impulsion
d'organisations internationales et notamment de l'OCDE.
IV. Le rôle important de l'OCDE dans le cadre
des mécanismes fiscaux offshores :
L'OCDE a joué un rôle important dans ce que nous
nommerons dans nos recherches « les dérives des
mécanismes fiscaux offshores » afin de montrer que ces
dispositifs sont d'origine légale mais deviennent illégale en
fonction de l'espèce.
1 : www.oecd.org/fiscalite
2 :Documents WORKING PAPERS Par Council of Europe.
Consultative Assembly,Council of Europe/Parliamentary Assembly
251697664
L'OCDE1 adopte des normes qui vont soumettre les Etats
dans le cadre de leurs relations internationales, ces normes visent notamment
à mettre fin au secret bancaire. La fin du secret bancaire dans les pays
à fiscalité privilégiée par le développement
d'accords d'échanges d'informations vise avant tout à permettre
aux Etats victimes de la concurrence fiscale déloyale de permettre
l'application pleine et entière de leurs normes visant à lutter
contre l'évasion fiscales2.
Au fur et à mesures des textes émanant de cette
organisation internationale, l'on a pu remarquer un développement de la
tolérance pour la fraude et l'évasion fiscales vers le bas. A tel
point qu'aujourd'hui on peut l'affirmer : les paradis fiscaux ne disposent
plus d'une liberté totale de marge de manoeuvre en ce sens qu'ils sont
soumis au respect de leurs engagements.
L'action de l'OCDE est là, le Forum mondial sur la
transparence de l'échange des renseignements à procéder
à l'évaluation de ces paradis fiscaux pour aboutir à la
conclusion suivante : tous les pays qui dans le passé
étaient jugés comme étant être les principaux
acteurs de la concurrence fiscale dommageable échangent des informations
bancaires avec les autres pays. Plus de 900 accords bilatéraux pour
échanger ces renseignements ont été conclus et de
très nombreux régimes opaques ont été
démantelés.
Le contrôle opéré par l'OCDE est très
poussé à tel point qu'elle traque les Etats sur l'avancement et
la croissance de leur législations fiscales et notamment le respect des
accords dans lesquels ils se sont engagés, plusieurs pays tels que le
Liechtenstein, dont la législation avait été jugée
insuffisante, ont changé leurs lois pour répondre à ces
exigence, d'autres Etats mettent du temps à adapter leur
législation car, in fine, le Forum mondial examine la pratique effective
de l'échange de renseignements et chaque pays fera l'objet d'une
notation globale qui sanctionnera son comportement.
L'OCDE et les Etats victimes de l'évasion fiscale par le
biais des mécanismes fiscaux offshores se doivent d'être
informés et au courant de la diversité des mécanismes
fiscaux offshores auxquels ont recours les contribuables.
V. Des mécanismes fiscaux offshores d'une
grande diversité :
La qualification de mécanismes fiscaux offshores qualifie
l'ensemble des structures juridiques visant à utiliser une
législation fiscale étrangère au pays dans lequel le
contribuable personne physique ou morale est établi afin de
réaliser un profit.
Ces mécanismes prennent une forme diverse qui est fonction
de la fiscalité dont ils vont bénéficier, les plus connues
sont les holdings, les IBC, les captives d'assurances ou encore les Limited
liabilypartnership (llp). Certains paradis fiscaux font reposer leur
stratégie fiscale sur des entités juridiques spécifiques,
on prendra l'exemple au cours de nos recherches de la
« Seychelles IBC », qui est le fruit d'une
législation qui autorise également l'établissement de
banques offshores, d'assurance offshore, de fonds communs de placement, et le
contrôle d'activités boursières.
Le but de ces mécanismes fiscaux offshores est
l'investissement, c'est le choix qu'on fait certain pays au titre de la
liberté de choix dont il dispose concernant leur politique
économique, certains Etats utilisent ces stratégie fiscales
risquées pour pallier des carences internes, au premier rang desquels on
citera le Liechtenstein qui essaye de combattre par ce genre de politique
fiscale l'étroitesse de son territoire impactant défavorablement
sur son Economie.
La diversité des systèmes fiscaux que nous
traiterons dans le cadre de notre étude nous permet de dégager
des dimensions de différentes.
VI. Une question aux multiples
facettes :
La richesse de la question relative à ces
législations offshores concerne les multiples dimensions qu'elles
revêtent et que nous allons traiter dans notre recherche.
1 : http://www.lecercledesfiscalistes.com
En effet, la dimension sociale et politique de la question nous
permettra d'aborder les stratégies d'attractivité
économiques des Etats qui soumettra le contribuable au choix du
prestataire offshore qui sera primordiale dans la quête à
l'optimisation fiscale. La dimension juridique pour sa part, soulèvera
des questions qui bercent l'actualité
financière actuelle concernant les banques et l'obligation de
déclaration des contribuables.
On ne pourra pas, bien évidemment, faire l'écueil
de la dimension répressive. Cet aspect mérite un
éclaircissement car la répression en matière fiscale est
différente que celle que l'on se fait du droit commun, en effet, il sera
question ici des prérogatives qui ont été reconnues
à l'Administration fiscale pour pouvoir lutter contre ce qu'elle juge
être de l'évasion fiscale. Les recherches nous amènerons
à nous arrêter sur des textes fondateurs de la question
répressive telle que « la circulaire
Cazeneuve » ou « la loi relative à la lutte
contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et
financière ». Cette dimension sera traitée en
finissant par le cas extrême des dérives
financières : le volet pénal avec le blanchiment d'argent et
le blanchiment de fraude fiscale.
Toujours dans l'optique de traiter l'ensemble des aspects
qu'offre à traiter la problématique de ces mécanismes,
l'analyse doctrinale nous fait aboutir à deux visions différentes
mais complémentaires des législations fiscales offshores :
la vision dynamique et la vision statique.
Ces deux visions reposent sur le fait qu'un pays peut
apparaître comme disposant d'une fiscalité « lourde »
pour le contribuable (taux d'impositions élevés, multiples
impositions, taxes et prélèvement) alors que d'autres
apparaissent comme des « paradis fiscaux ». De cette
différence née une vision unanime de la doctrine qui
considère la fiscalité du pays comme un tout, ainsi un pays sera
considéré comme disposant d'une législation fiscale
privilégiée dans son ensemble, c'est la vision statique.
La vision dynamique de la problématique nous
amènera à traiter les divergences jurisprudentielles du Conseil
d'Etat et les conflits d'interprétations des dispositions
législatives relatives aux dispositions de lutte contre l'évasion
fiscale.
La dimension technique de la question nous permettra de
comprendre la relation qui existe entre les systèmes fiscaux offshores
et les contribuables qui désirent s'y assujettir, cela passera
immanquablement par l'étude des législations fiscales offshores
de trois pays : Le Bahamas, le Belize et le Luxembourg.
Cette étude successive s'ancre dans l'idée selon
laquelle chaque pays à fiscalité privilégiée
possède ses propres liens avec les pays dits
« lésés » de la fuite des capitaux.
Le choix de ces trois pays n'est pas anodin en ce sens qu'il nous
permet de traiter de deux pays internationaux considérés comme
des « zerohaven » selon l'auteur Thierry
Lamorlette et d'un pays de l'Union européenne.
La diversité des visions à traiter est le fruit
d'une superposition de systèmes légaux de différents
niveaux.
VII. Des questions de fiscalité nationale,
européenne et internationale mises en jeu :
L'étude de la fiscalité offshore n'est pas qu'une
étude des dispositions fiscales privilégiée de pays
étrangers, c'est une question d'autant plus complexe qu'elle met en jeu
l'étude des liens juridiques unissant le pays de résidence
(auquel on tente généralement d'échapper à
l'impôt) et le pays de destination des revenus et capitaux.
Nous serons donc contraints d'aborder les conventions fiscales
internationales en matière d'échanges d'information, l'impact des
dispositions fiscales nationales de lutte contre l'évasion fiscale qui
vont constituer le risque pour le contribuable qui élabore un
mécanisme fiscal constitutif d'une fraude fiscale.
La question européenne possède une place
conséquente qu'il convient de ne pas négliger dans notre
étude, car le droit de l'Union européenne confère des
droits et libertés sur lesquels vont se fonder le contribuable qui
va pouvoir se fonder sur ces prérogatives pour justifier de la
licéité d'un mécanisme fiscale offshore.
L'interaction des droits de différents niveaux nous oblige
à passer par la résolution de problématiques majeures qui
ne concerne pas que les législations des mécanismes offshores
telles que le fait de savoir si la liberté d'établissement est
susceptible d'un abus de droit.
La question de la théorie de l'abus de droit et de l'acte
anormal de gestion va s'appliquer à notre problématique car le
recours à ce type de mécanismes est constitutif d'un
détournement que l'Administration fiscale estime être fait
à son préjudice. Elle trouve à s'appliquer en ce que
l'acte constitutif d'abus est une fraude fiscale que le Conseil d'Etat sera
maître d'apprécier.
Partie I : Le contrôle des dispositifs offshore :
|
Les dispositifs offshores sont l'ensemble des mécanismes
légaux qui vont permettre à un contribuable de construire un
montage législatif visant à profiter de la législation
plus favorable d'un autre Etat. La recherche que nous allons mener ici va
concerner la constitution de mécanismes offshores dans le but d'une
optimisation des charges fiscales à la fois des personnes physiques mais
aussi, et plus largement des personnes morales.
Il convient de poser dès le début la
définition et le concept de « société ou
mécanismes offshores » que nous allons utiliser dans cette
recherche. Par cette expression nous entendons tout type de
société qui dispose de liens fiscaux avec un autre Etat, par
liens fiscaux l'on fait référence à l'assujettissement
à une imposition, une redevance, une cotisation, ou autres
prélèvements qui sont de nature à lui faire
réaliser un bénéfice.
De par le risque d'évasion fiscale, le recours aux
mécanismes offshore se traduit par un encadrement légal
très rigoureux de la part du pays où l'entreprise a son
activitéqui voit s'échapper certaines sources de richesse d'une
possible taxation (I), il en découle que les Etats qui
instituent un cadre légal rigoureux doivent prendre en compte l'impact
de la « fiscalité offshore » à la
fois sur l'économie, la politique fiscale et avant tout l'impact
juridique caractérisé par un foisonnement législatif,
entre circulaire, lois et accords qui visent à limiter ce
phénomène constitutif d'un danger certain pour l'Economie des
Etats (II).
Chapitre 1 : L'encadrement légal des dispositifs
fiscaux offshore :
Bénéficier d'un avantage fiscal dans un pays tiers
n'est pas sans conséquences, les montages offshore sont le fruit de
l'histoire qui est la raison du fait qu'un pays ait ou non une fiscalité
dite « privilégiée » ou
« lourde ». C'est pourquoi, d'un point de vue
international l'étude des mécanismes offshores ne peuvent se
faire sans l'étude de l'internationalisation des échanges, de la
fiscalité liée aux sociétés multinationales et des
conventions internationales de lutte contre l'évasion fiscale
(I). Du point de vue interne, les difficultés
que pose ce type de structure se fondent sur la lutte contre l'évasion
fiscale et par la prise de mesure destinées à freiner la fuite
des revenus vers l'étranger(II).
Section 1 : Les difficultés posées par les
montages fiscaux offshore:
Les personnes qui possèdent des participations, des
parts, des actions ou tout simplement de revenus dans des pays à
fiscalité privilégiée sont très souvent au coeur de
l'actualité économique. Le but des Etats est de lutter contre la
délocalisation des revenus et contre la mondialisation des
échanges qui se fait en dépit de l'une des ressources
primaires : la fiscalité.
C'est dans le cadre de cet objectif émanant des
difficultés des montages fiscaux offshores que si l'on se situe dans le
contexte international il existe des programmes de divulgation volontaire
(Internal Revenue Service aux États-Unis1) et autres
cellules de dénonciation qui ont été créés,
permettant aux évadés fiscaux de revenir en échappant
à la sanction fiscale. Ces difficultés auxquelles doivent faire
face les Etats ne signifie pas que tous les montages fiscaux offshores sont
synonyme d'évasion fiscale, les dispositifs législatifs que nous
allons étudier sont uniquement des moyens visant à éviter
cette évasion.
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