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La participation électorale au Burkina Faso

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par Jean-Pierre VOGNA
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Administrateurs Civils 2010
  

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B- Les élections législatives sous la 4ème République

Toute réflexion sur le niveau de participation des Burkinabè aux élections législatives impose de porter un regard attentif sur celles tenues sous la 4ème république. A la différence de la 2ème et 3ème république, la 4ème république a l'expérience d'une démocratie représentative qui a réussi à s'inscrire dans la durée, avec un renouvellement régulier du mandat des représentants du peuple à l'hémicycle.

L'analyse des statistiques à l'affiche (Voir tableau ci-dessous, p 17 et annexe 1) montre que la participation des populations reste relativement peu élevée. Si le taux d'inscription des populations est toujours au dessus de la moyenne de 50%, il reste que la participation des inscrits se révèle assez faible pour le scrutin législatif de 1992 qui a enregistré un taux de 35,24%; après une élection présidentielle boycottée et contestée. Au deuxième scrutin, le taux d'inscription apparaît très élevé (99,70%)46, avec un niveau de participation réel de 44,40%. En effet, le nombre d'inscrits passe de 3.564.510 électeurs sur un potentiel électoral de 4.500.000 citoyens en âge de voter en 1992 à 4.985.352 électeurs, sur un potentiel électoral de 5.000.000 de citoyens-électeurs. Cet intérêt de l'électorat pourrait s'expliquer par la stabilité politique que semblent porter les institutions de la 4ème république, après une décennie de turbulence politique.

Toutefois, cet élan participatif semble avoir été brisé par la crise sociopolitique consécutive à l'assassinat du journaliste Norbert ZONGO, au regard du faible niveau d'inscription sur les listes électorales (53,03%) dans la perspective des élections législatives de 2002. Et ce malgré les réformes politiques47 consenties par le pouvoir en

45 MUASE (C.K), op. cit, p.145

46 L'établissement des listes électorales relevait encore des attributions du Ministère de l'Administration Territoriale. A ce titre le rapport de synthèse de l'organisation des élections législatives du 11 mai 1997 fait mention du retard dans la transmission de la situation des électeurs inscrits. Cette situation transmise à quatre reprises diffère de l'une à l'autre; tantôt élevée tantôt moins élevée que les chiffres préalablement communiqué (Cf. p.73). Ce qui montre un manque de transparence et de sincérité dans l'établissement des listes électorales par ledit Ministère.

47 Au nombre de ces réformes figurent l'adoption du mode de scrutin proportionnel avec répartition complémentaire des sièges au plus fort reste et l'adoption de la région comme circonscription électorale au lieu de la province. Ce qui a

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place en vue d'une ouverture démocratique. Ainsi, le niveau de participation enregistré à ce scrutin est de 32,19%, malgré la diversité et la pluralité des partis et formations politiques qui y ont pris part.

Cette tendance à la baisse se confirme davantage aux élections législatives du 06 mai 2007, quatrièmes du genre. En effet, à ce scrutin, si le taux d'inscription a connu une hausse significative par rapport au scrutin précédent, la participation des inscrits au vote accusera un recul en passant de 60,69% en 2002 à 56,73%, alors que ce sont quarante sept (47) partis et formations politiques qui ont pris part à la compétition. Ce qui permettra d'en déduire que la participation des citoyens à l'expression du suffrage n'augmente pas en fonction de l'importance du nombre de partis politiques en compétition. Un nombre peu élevé de partis politiques à un scrutin semble, si l'on s'en tient à celui du 11 mai 199748, plus incitatif par rapport à une pléthore de partis qui est perçue comme un élément démobilisateur.

Par ailleurs, la constance du nombre élevé de bulletins nuls comporte un sens politique qu'il convient d'apprécier au delà de la simple question de maîtrise de la technique du vote.

Au stade actuel de la réflexion, il apparaît que l'électorat participe plus aux élections présidentielles qu'aux élections législatives. Aussi convient-il, à présent, d'envisager la comparaison avec les élections locales qui ont pour finalité la démocratisation du pouvoir de décisions.

3-Tableau récapitulatif du niveau de participation électorale aux scrutins législatifs.

Années

Potentiel électoral

Nbre d'inscrits

TI

Nbre de

votants

Suff. Exp.

Bulletins nuls

TP

TPR

1970

 

2.398.688

 

1.157.039

1.112.883

43.814

48,24%

 

1978

 

2.927.416

 

1.121.799

1.070.304

51.495

38,32%

 

1992

4.500.000

3.564.510

79,21%

1.256.381

1.215.419

40.962

35,24%

27,91%

1997

5.000.000

4.985.352

99,70%

2.220.161

2.045.350

174.811

44,53%

44,40%

2002

5.490.800

2.935.285

53,03%

2.223.838

1.743.964

154.581

60,69%

32,19%

2007

6.539.000

4.296.982

65,71%

2.437.544

2.259.263

178.279

56,73%

37,27%

d'ailleurs permis à l'opposition de faire une entrée considérable à l'hémicycle avec 54 sièges contre 57 pour le CDP qui détenait sous la précédente législature 101 sièges sur 111.

48 Ce scrutin a été précédé par trois mouvements de regroupement autour de l'ADF, du CDP et du PDP qui est la principale composante de l'opposition. Ces regroupements ont eu pour conséquence un nombre peu élevé de candidats (569 contre 957 en 1992) aux élections législatives du 11 mai 1997 (Cf. Politique africaine N°69, 1998, p.64).

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