B- Les élections législatives sous la
4ème République
Toute réflexion sur le niveau de participation des
Burkinabè aux élections législatives impose de porter un
regard attentif sur celles tenues sous la 4ème
république. A la différence de la 2ème et
3ème république, la 4ème
république a l'expérience d'une démocratie
représentative qui a réussi à s'inscrire dans la
durée, avec un renouvellement régulier du mandat des
représentants du peuple à l'hémicycle.
L'analyse des statistiques à l'affiche (Voir tableau
ci-dessous, p 17 et annexe 1) montre que la participation des populations reste
relativement peu élevée. Si le taux d'inscription des populations
est toujours au dessus de la moyenne de 50%, il reste que la participation des
inscrits se révèle assez faible pour le scrutin législatif
de 1992 qui a enregistré un taux de 35,24%; après une
élection présidentielle boycottée et contestée. Au
deuxième scrutin, le taux d'inscription apparaît très
élevé (99,70%)46, avec un niveau de participation
réel de 44,40%. En effet, le nombre d'inscrits passe de 3.564.510
électeurs sur un potentiel électoral de 4.500.000 citoyens en
âge de voter en 1992 à 4.985.352 électeurs, sur un
potentiel électoral de 5.000.000 de citoyens-électeurs. Cet
intérêt de l'électorat pourrait s'expliquer par la
stabilité politique que semblent porter les institutions de la
4ème république, après une décennie de turbulence
politique.
Toutefois, cet élan participatif semble avoir
été brisé par la crise sociopolitique consécutive
à l'assassinat du journaliste Norbert ZONGO, au regard du faible niveau
d'inscription sur les listes électorales (53,03%) dans la perspective
des élections législatives de 2002. Et ce malgré les
réformes politiques47 consenties par le pouvoir en
45 MUASE (C.K), op. cit, p.145
46 L'établissement des listes
électorales relevait encore des attributions du Ministère de
l'Administration Territoriale. A ce titre le rapport de synthèse de
l'organisation des élections législatives du 11 mai 1997 fait
mention du retard dans la transmission de la situation des électeurs
inscrits. Cette situation transmise à quatre reprises diffère de
l'une à l'autre; tantôt élevée tantôt moins
élevée que les chiffres préalablement communiqué
(Cf. p.73). Ce qui montre un manque de transparence et de
sincérité dans l'établissement des listes
électorales par ledit Ministère.
47 Au nombre de ces réformes figurent
l'adoption du mode de scrutin proportionnel avec répartition
complémentaire des sièges au plus fort reste et l'adoption de la
région comme circonscription électorale au lieu de la province.
Ce qui a
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place en vue d'une ouverture démocratique. Ainsi, le
niveau de participation enregistré à ce scrutin est de 32,19%,
malgré la diversité et la pluralité des partis et
formations politiques qui y ont pris part.
Cette tendance à la baisse se confirme davantage aux
élections législatives du 06 mai 2007, quatrièmes du
genre. En effet, à ce scrutin, si le taux d'inscription a connu une
hausse significative par rapport au scrutin précédent, la
participation des inscrits au vote accusera un recul en passant de 60,69% en
2002 à 56,73%, alors que ce sont quarante sept (47) partis et formations
politiques qui ont pris part à la compétition. Ce qui permettra
d'en déduire que la participation des citoyens à l'expression du
suffrage n'augmente pas en fonction de l'importance du nombre de partis
politiques en compétition. Un nombre peu élevé de partis
politiques à un scrutin semble, si l'on s'en tient à celui du 11
mai 199748, plus incitatif par rapport à une pléthore
de partis qui est perçue comme un élément
démobilisateur.
Par ailleurs, la constance du nombre élevé de
bulletins nuls comporte un sens politique qu'il convient d'apprécier au
delà de la simple question de maîtrise de la technique du vote.
Au stade actuel de la réflexion, il apparaît que
l'électorat participe plus aux élections présidentielles
qu'aux élections législatives. Aussi convient-il, à
présent, d'envisager la comparaison avec les élections locales
qui ont pour finalité la démocratisation du pouvoir de
décisions.
3-Tableau récapitulatif du niveau de participation
électorale aux scrutins législatifs.
Années
|
Potentiel électoral
|
Nbre d'inscrits
|
TI
|
Nbre de
votants
|
Suff. Exp.
|
Bulletins nuls
|
TP
|
TPR
|
1970
|
|
2.398.688
|
|
1.157.039
|
1.112.883
|
43.814
|
48,24%
|
|
1978
|
|
2.927.416
|
|
1.121.799
|
1.070.304
|
51.495
|
38,32%
|
|
1992
|
4.500.000
|
3.564.510
|
79,21%
|
1.256.381
|
1.215.419
|
40.962
|
35,24%
|
27,91%
|
1997
|
5.000.000
|
4.985.352
|
99,70%
|
2.220.161
|
2.045.350
|
174.811
|
44,53%
|
44,40%
|
2002
|
5.490.800
|
2.935.285
|
53,03%
|
2.223.838
|
1.743.964
|
154.581
|
60,69%
|
32,19%
|
2007
|
6.539.000
|
4.296.982
|
65,71%
|
2.437.544
|
2.259.263
|
178.279
|
56,73%
|
37,27%
|
d'ailleurs permis à l'opposition de faire une
entrée considérable à l'hémicycle avec 54
sièges contre 57 pour le CDP qui détenait sous la
précédente législature 101 sièges sur 111.
48 Ce scrutin a été
précédé par trois mouvements de regroupement autour de
l'ADF, du CDP et du PDP qui est la principale composante de l'opposition. Ces
regroupements ont eu pour conséquence un nombre peu élevé
de candidats (569 contre 957 en 1992) aux élections législatives
du 11 mai 1997 (Cf. Politique africaine N°69, 1998, p.64).
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