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La participation électorale au Burkina Faso

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par Jean-Pierre VOGNA
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Administrateurs Civils 2010
  

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Paragraphe I : Au cours des élections législatives

Le Burkina Faso n'a fait l'expérience d'une démocratie multipartite que sous la 2ème, la 3ème et la 4ème République. Il conviendrait donc d'examiner le niveau de participation enregistré au cours des élections législatives sous la 2ème et la 3ème République d'une part (A) et sous la 4ème République d'autre part (B).

A- Les élections législatives sous la 2ème et la 3ème République

Le retour au multipartisme sous la 2ème République s'est véritablement matérialisé par la reprise de l'activité politique avec la tenue des élections législatives le 20 décembre 1970. Des huit (08) partis politiques qui ont pris part à la compétition, trois (03) seulement

38 Le taux de participation réelle est considéré comme le rapport entre le potentiel électoral et le nombre de votants.

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avaient une envergure nationale. Il s'agit du RDA, du PRA et du MLN39. L'examen des résultats tels qu'ils se présentent dans le tableau ci-dessous (Voir p 16) montre que seuls 1.156.697 électeurs sur 2.395.226 inscrits40 ont exercé leur droit de vote. Ce qui correspond à un taux de participation de 48,24% des inscrits. Il se dégage à première vue un fort désintéressement de l'électorat par comparaison au scrutin référendaire qui a précédé. Le rejet des joutes politiques par des populations encore marquées par les valeurs culturelles telles que le consensus social ou la prééminence de la séniorité peut servir d'hypothèse explicative à cette réserve de l'électorat. Ces élections sans enjeu majeur consacrèrent la large victoire du RDA qui obtint 37 des 57 sièges à pourvoir.

Mais, sous la 3ème République, le niveau de participation décroît de façon significative lors du scrutin législatif du 30 avril 1978 qui intervint cinq (5) mois après le référendum constitutionnel du 27 novembre 197741. Ces élections législatives enregistrèrent la participation de sept (7) formations politiques qui ont investi au total 312 candidats42 pour 57 sièges de députés à pourvoir, soit au moins cinq (5) candidats pour un poste. Cependant, si ces sept (7) formations politiques se distinguaient par le sigle et l'emblème, leur différenciation doctrinale et idéologique s'avérait difficile, sinon impossible, à l'exception près de l'UPV qui prônait le Socialisme43.

Toutefois, ces élections, à la différence des législatives précédentes, revêtaient un enjeu particulier dans la mesure où il ne s'agissait pas d'une simple compétition mais surtout d'élection-concours qui devait consacrer les trois (3) partis autorisés par la Constitution44.

Malgré cet enjeu, les électeurs ont boudé le scrutin puisque sur un total de 2.926.023 électeurs inscrits, 1.162.314 votants, soit 37,37% des inscrits, ont été recensés. En rapprochant ce taux de 37,37% de celui de 48,24% enregistré au scrutin du 20 décembre 1970, il apparaît un recul de plus de 10% du taux de participation des inscrits sur les listes électorales. Cette désaffection de la participation des citoyens aux élections semble s'expliquer par la forte crédibilité des organisations de la société civile, en l'occurrence les mouvements syndicaux dont le succès a contribué à discréditer la classe politique

39 MUASE (C.K), op.cit, p.129

40 Voir Procès Verbal du 22 juin 1970 relatif à la proclamation des résultats définitifs par la Cour Suprême, in Avis juridiques de la Cour Suprême de 1970 au 30 mars 1984, Conseil Constitutionnel, mai 2009.

41 L'article 113 de la Constitution de la 3ème république disposait que: «les élections tant législatives que présidentielles ont lieu les six (06) mois qui suivent l'adoption de la présente Constitution».

42 KABORE Bila Roger, op. cit, p.113

43 Idem, p.81

44 L'article 112 de la Constitution de la 3ème république disposait que: «la limitation des partis politiques à trois au maximum interviendra après les prochaines élections législatives. Ces trois partis seront ceux qui, individuellement, auront obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés»

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préoccupée par une course effrénée au pouvoir. C'est en cela que peut bien être saisi le sens de l'appel des syndicats à l'endroit des forces laborieuses de se démarquer de tous les hommes politiques sans distinction aucune; car tous ont fait la preuve de leur incapacité à apporter des solutions aux problèmes du peuple45.

Du reste pour une vue d'ensemble sur la participation aux élections législatives, il convient d'accorder une attention à celles qui se sont tenues sous la 4ème république.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon