Paragraphe I : Au cours des élections
législatives
Le Burkina Faso n'a fait l'expérience d'une
démocratie multipartite que sous la 2ème, la
3ème et la 4ème République. Il conviendrait
donc d'examiner le niveau de participation enregistré au cours des
élections législatives sous la 2ème et la
3ème République d'une part (A) et sous la
4ème République d'autre part (B).
A- Les élections législatives sous la
2ème et la 3ème République
Le retour au multipartisme sous la 2ème
République s'est véritablement matérialisé par la
reprise de l'activité politique avec la tenue des élections
législatives le 20 décembre 1970. Des huit (08) partis politiques
qui ont pris part à la compétition, trois (03) seulement
38 Le taux de participation réelle est
considéré comme le rapport entre le potentiel électoral et
le nombre de votants.
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avaient une envergure nationale. Il s'agit du RDA, du PRA et
du MLN39. L'examen des résultats tels qu'ils se
présentent dans le tableau ci-dessous (Voir p 16) montre que seuls
1.156.697 électeurs sur 2.395.226 inscrits40 ont
exercé leur droit de vote. Ce qui correspond à un taux de
participation de 48,24% des inscrits. Il se dégage à
première vue un fort désintéressement de
l'électorat par comparaison au scrutin référendaire qui a
précédé. Le rejet des joutes politiques par des
populations encore marquées par les valeurs culturelles telles que le
consensus social ou la prééminence de la séniorité
peut servir d'hypothèse explicative à cette réserve de
l'électorat. Ces élections sans enjeu majeur consacrèrent
la large victoire du RDA qui obtint 37 des 57 sièges à
pourvoir.
Mais, sous la 3ème République, le
niveau de participation décroît de façon significative lors
du scrutin législatif du 30 avril 1978 qui intervint cinq (5) mois
après le référendum constitutionnel du 27 novembre
197741. Ces élections législatives
enregistrèrent la participation de sept (7) formations politiques qui
ont investi au total 312 candidats42 pour 57 sièges de
députés à pourvoir, soit au moins cinq (5) candidats pour
un poste. Cependant, si ces sept (7) formations politiques se distinguaient par
le sigle et l'emblème, leur différenciation doctrinale et
idéologique s'avérait difficile, sinon impossible, à
l'exception près de l'UPV qui prônait le
Socialisme43.
Toutefois, ces élections, à la différence
des législatives précédentes, revêtaient un enjeu
particulier dans la mesure où il ne s'agissait pas d'une simple
compétition mais surtout d'élection-concours qui devait consacrer
les trois (3) partis autorisés par la Constitution44.
Malgré cet enjeu, les électeurs ont boudé
le scrutin puisque sur un total de 2.926.023 électeurs inscrits,
1.162.314 votants, soit 37,37% des inscrits, ont été
recensés. En rapprochant ce taux de 37,37% de celui de 48,24%
enregistré au scrutin du 20 décembre 1970, il apparaît un
recul de plus de 10% du taux de participation des inscrits sur les listes
électorales. Cette désaffection de la participation des citoyens
aux élections semble s'expliquer par la forte crédibilité
des organisations de la société civile, en l'occurrence les
mouvements syndicaux dont le succès a contribué à
discréditer la classe politique
39 MUASE (C.K), op.cit, p.129
40 Voir Procès Verbal du 22 juin 1970
relatif à la proclamation des résultats définitifs par la
Cour Suprême, in Avis juridiques de la Cour Suprême de 1970 au
30 mars 1984, Conseil Constitutionnel, mai 2009.
41 L'article 113 de la Constitution de la
3ème république disposait que: «les élections
tant législatives que présidentielles ont lieu les six (06) mois
qui suivent l'adoption de la présente Constitution».
42 KABORE Bila Roger, op. cit, p.113
43 Idem, p.81
44 L'article 112 de la Constitution de la
3ème république disposait que: «la limitation
des partis politiques à trois au maximum interviendra après les
prochaines élections législatives. Ces trois partis seront ceux
qui, individuellement, auront obtenu le plus grand nombre de suffrages
exprimés»
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préoccupée par une course effrénée
au pouvoir. C'est en cela que peut bien être saisi le sens de l'appel des
syndicats à l'endroit des forces laborieuses de se démarquer de
tous les hommes politiques sans distinction aucune; car tous ont fait la preuve
de leur incapacité à apporter des solutions aux problèmes
du peuple45.
Du reste pour une vue d'ensemble sur la participation aux
élections législatives, il convient d'accorder une attention
à celles qui se sont tenues sous la 4ème
république.
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