B- Les élections présidentielles sous la
4ème République
A la lecture des résultats des trois consultations
présidentielles organisées sous la 4ème république
(Voir tableau ci-dessous, p 13), il apparaît un niveau de participation
très faible lors de la première.
En effet, ce scrutin a fait l'objet de boycott par
l'opposition qui, par la revendication préalable d'une Conférence
Nationale Souveraine, espérait établir un équilibre de
forces entre elle et le pouvoir dans la compétition électorale,
ou bien plus, de se mettre en meilleure posture.
C'est ainsi que considérant, de facto, que
l'échec de la revendication amenuisait ses chances, elle s'est
retirée de la compétition, laissant le candidat Blaise COMPAORE
seul en lice.
Ainsi, pour un corps électoral évalué
à 3.466.54832 électeurs inscrits, seuls 870.707
citoyens exerceront leur droit de vote. Soit un taux de 25,12% de participation
des inscrits contre 74,88% d'abstention.
Ce niveau de participation a été diversement
interprété. Pour l'opposition, c'est le résultat de son
appel au boycott et conteste la légitimité du président
élu tandis que pour le pouvoir, «la candidature unique a fait
croire aux militants que le vote n'était pas nécessaire puisque,
de toute façon, l'élection de Blaise COMPAORE ne posait a priori
aucun problème»33.
32 Résultats définitifs du
référendum, présentés par YE (B.A), op. cit,
p.156.
33 YE (B.A), idem.
12
Mais, à la différence de ce scrutin, celui de
1998 ne sera pas boycotté par toute l'opposition. Le président
sortant, candidat à sa propre succession aura deux (02)
concurrents34 qui entreront en compétition sous
l'égide de la nouvelle Commission électorale nationale
indépendante (CENI) et les auspices de la nouvelle loi portant code
électoral au Burkina Faso35. Le niveau de participation des
citoyens aura plus que doublé. Le taux d'inscription passe de 77,02% en
1991 à 84,52% en 1998 comme le montre le tableau récapitulatif,
ci-dessous, sur la participation aux scrutins présidentiels.
Toutefois, cette dynamique participative des citoyens à
l'expression du suffrage aux élections ne sera pas observée
à l'élection présidentielle de 2005, et ce, malgré
une participation inédite de l'opposition. Il s'agit de
l'élection présidentielle qui a le plus mobilisé la classe
politique car treize (13) candidatures, y compris celle du président
sortant, ont été enregistrées. Mais le treizième
choisira de ne pas participer.
Le corps électoral composé de 3.924.328
électeurs inscrits36 sur un potentiel d'un peu plus de 6
millions37 régresse de 302.030 électeurs par rapport
au précédent scrutin présidentiel. Ce recul du taux
d'inscription s'explique par l'adoption du principe de la libre inscription par
la loi portant code électoral, alors que l'inscription fut
précédemment systématique.
En définitive, la participation des citoyens à
ce dernier scrutin présidentiel en date est en net recul puisqu'il passe
de 47,39% en 1998 à 37,71% en 2005. A ce faible niveau de participation,
s'ajoute l'augmentation significative du nombre de bulletins nuls qui atteint
le chiffre record de 196 629: ce qui suscite bien des interrogations, dans la
mesure où le bulletin unique avait déjà été
expérimenté lors du scrutin législatif de 2002.
En outre, cette faible participation permet d'établir
un lien de comparaison avec les résultats du premier tour de
l'élection présidentielle de 1978 pour déduire que plus le
nombre de candidats en lice est élevé, moins participent les
électeurs. Autrement dit, les électeurs burkinabè
semblent, au regard des statistiques, plus réticents à exprimer
leur suffrage dans des situations de candidatures assez diversifiées.
C'est pourquoi, il s'avère légitime d'étendre cette
analyse aux résultats de la participation aux scrutins
législatifs, en vue d'en savoir plus.
34 Il s'agit des candidats Ram OUEDRAOGO de l'UDVB et
Frédéric GUIRMA du Front de Refus/RDA.
35 Loi N°21-98/AN du 07 mai 1998 qui consacre
l'indépendance, de la structure en charge de l'organisation et de la
gestion des élections, à savoir la CENI.
36 Cf. décision N°2005-011/CC/EPF du 25
novembre 2005, portant proclamation des résultats définitifs de
l'élection du Président du Faso du 13 novembre 2005.
37 Estimation réalisée sur la base des
résultats du RGPH 1996.
13
2.Tableau récapitulatif du niveau de participation aux
scrutins présidentiels.
Années
|
Potentiel électoral
|
Nbre d'inscrits
|
TI
|
Nbre de
votants
|
Suff. Exp.
|
Bulletins nuls
|
TP
|
TPR38
|
1978 1er
Tour
|
|
2.889.312
|
|
1.029.404
|
1.000.788
|
28.616
|
35,19%
|
|
2nd Tour
|
|
2.972.526
|
|
1.279.008
|
1.255.841
|
23.167
|
43,55%
|
|
1991
|
4.500.000
|
3.466.548
|
77,02%
|
870.707
|
750.473
|
120.234
|
25,28%
|
19,28%
|
1998
|
5.000.000
|
4.210.134
|
84,52%
|
2.361.294
|
2 264 293
|
97.001
|
56,09%
|
47,39%
|
2005
|
6.000.000
|
3.924.328
|
65,40%
|
2.262.899
|
2.066.270
|
196.629
|
57,66%
|
37,71%
|
Sources :-Avis juridiques de la Cour
Suprême de 1970 au 30 mars 1984.
-Décisions de la Cour Suprême et du Conseil
Constitutionnel portant proclamation des résultats définitifs
d'élections présidentielles.
Légende: TI= taux d'inscription;
TPR= taux de participation réelle
Section II : Le niveau de participation
électorale dans les scrutins proportionnels
Il s'agira, dans cette rubrique, d'examiner les
résultats de la participation lors des élections
législatives (§I) et des élections municipales (§II) en
vue d'une analyse comparative avec le niveau de participation au cours des
scrutins majoritaires et référendaires.
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