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La participation électorale au Burkina Faso

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par Jean-Pierre VOGNA
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Administrateurs Civils 2010
  

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Chapitre II : Les conditions d'une bonne participation électorale.

Pour assurer une bonne participation aux consultations électorales, il importe d'envisager des réformes de nature à inspirer davantage la confiance des acteurs politiques et des citoyens. A cet effet, il apparaît nécessaire de procéder à la création d'un environnement électoral favorable d'une part (Section I) et d'autre part à la promotion d'une véritable culture démocratique (section II).

Section I : La création d'un environnement électoral favorable

Tout processus électoral doit obéir, dans sa mise en oeuvre, à un certain nombre de principes dont la nécessité d'une crédibilisation du jeu électoral (§ I) mais aussi et surtout de l'établissement d'un système véritablement compétitif (§ II).

Paragraphe I : La crédibilisation du jeu électoral

Les institutions qui interviennent dans l'organisation des élections doivent répondre à un certain nombre de critères. Parmi ceux-ci, il sera évoqué la nécessaire effectivité de leur indépendance (A) qui constitue une garantie de la sincérité des scrutins (B).

A- La nécessaire effectivité de l'indépendance des institutions électorales

Avec la transition démocratique, le manque de confiance et la forte politisation du Ministère de l'Administration territoriale97 ont conduit à exiger l'institution d'une Commission électorale dite indépendante.

Mais la question étant politique, elle doit requérir un consensus en vue d'un arbitrage neutre. A ce jour, la question fondamentale qui se pose encore, est celle de l'indépendance effective dans la mesure où c'est elle qui inspire la confiance des acteurs politiques et sociaux.

En effet, l'indépendance reconnue aux institutions électorales est assez relative au regard de la composition et du mode de désignation des membres. Ceux-ci éclairent sur le degré de soumission ou d'indépendance de l'institution.

L'analyse de la composition des institutions comme la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)98 et le Conseil Constitutionnel99 permet de comprendre que le

97 Dans la plupart des Etats d'Afrique francophone, ce Ministère a traditionnellement en charge l'organisation des élections, en référence au modèle français.

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pouvoir de désignation n'est pas suffisamment partagé. Une manipulation du mode de désignation peut aboutir à une politisation de ces institutions qui jouent un rôle capital dans la tenue d'élections crédibles. La nomination des présidents de ces institutions par le pouvoir exécutif limite leur indépendance vis-à-vis du pouvoir.

Qu'il s'agisse de la CENI ou du Conseil constitutionnel, la composition doit respecter le principe d'équité et surtout de neutralité, pour éviter l'hégémonie numérique des représentants choisis par le pouvoir exécutif.

A ce sujet, il convient de relever avec le Pr IBRIGA que les rapports de force au sein de la CENI font qu'on peut connaître à l'avance le résultat de l'élection du Président de ladite institution. Cela s'explique par le fait que les animateurs des organisations de la société civile sont souvent des acteurs politiques déguisés et aux appartenances partisanes plus ou moins bien connues100.

A cette question majeure de la composition s'ajoute le manque d'autonomie financière qui fait que la CENI reste dépendante du pouvoir exécutif101. L'autonomie financière étant un aspect déterminant dans l'effectivité de l'indépendance, il est nécessaire que la CENI en soit véritablement dotée. Cela évitera son assujettissement budgétaire à l'exécutif102 qui pourrait ainsi exercer un chantage sur elle en cas de velléités d'envol hors de la cage du pouvoir.

Mieux, il importe de constitutionnaliser la CENI et ses démembrements et renoncer à la représentation des partis en son sein car cela semble contraire au principe du droit qui veut que l'arbitre ne soit pas en même temps partie prenante de la compétition.

Quant au Conseil constitutionnel qui veille sur la régularité des scrutins103, la retouche consisterait à la détermination de la durée du mandat de son président. En effet, si les membres jouissent d'un statut protecteur104, il n'en est pas de même pour le président qui demeure dans l'incertitude. Un mandat à durée déterminée et non renouvelable est un

98 Composition tripartite, majorité (5 membres)-société civile (5 membres)-opposition (5 membres), avec la supériorité numérique du politique qui est à la fois juge et partie prenante.

99 Sur un total de 10 membres, le Président du Faso en nomme 7, ce qui laisse apparaître une institution largement contrôlée par l'exécutif.

100 L'actuel Président de la CENI est un ancien militant du PAI, d'où les critiques très acerbes de Monsieur Soumane TOURE alors député sous la 3ème législature qui, en réalité, relevaient plus d'un règlement de compte.

101 Si les membres du Conseil Constitutionnel bénéficient d'un traitement conséquent (art.7 de la loi organique N°11-2000/AN du 27 avril 2000), il n'en est pas de même pour les membres de la CENI

102 Le budget de la CENI donne lieu souvent, comme l'ont relevé les Prs LOADA et IBRIGA (op. cit, p.461) à des arbitrages et marchandages entre elle et le Gouvernement.

103 Art. 152 de la Constitution du 11 juin 1991.

104 Art. 153 al. 2 de la Constitution du 11 juin 1991.

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facteur de stabilité, générateur de sérénité et par conséquent d'indépendance. La non-détermination de la durée du mandat du président peut conduire celui-ci à vouloir ménager l'autorité de nomination dans ses décisions105, dans l'espoir d'être reconduit à son poste. Alors qu'il ne devrait pas, dans un souci d'indépendance, répondre de l'autorité de nomination.

Il conviendrait que le président soit élu parmi et par les membres de l'institution avec au préalable la substitution du Garde des Sceaux, Ministre de la justice par l'opposition (à travers son chef de file) comme autorité habilitée à la proposition des membres).

C'est en assurant une indépendance soutenue aux structures en charge de l'organisation et de la régularité des élections, qu'elles pourront garantir la sincérité des scrutins qui demeure un facteur incitatif à la participation des citoyens.

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