B- La clôture du jeu électoral
L'analyse précédente a permis de mettre en
exergue un aspect lié à la faible participation. Ainsi, il
apparait qu'une participation minoritaire semble favoriser la mainmise
politique du parti au pouvoir sur le processus électoral, au
détriment de l'opposition qui est de plus en plus marginalisée.
En effet, le désenchantement électoral d'une majorité des
citoyens contribue à restreindre la compétition
électorale, dans un système partisan caractérisé
par l'incapacité de l'opposition à nouer des alliances.
Dépourvue de stratégies qui puissent lui permettre de
concurrencer le CDP, l'opposition sort toujours laminée des
différents scrutins et donne plutôt l'impression d'animer la
galerie politique92. C'est ainsi qu'à l'élection
présidentielle du 13 novembre 2005, elle ne réunira pas, avec
onze (11) candidats, 20% des suffrages exprimés face au candidat du
parti au pouvoir (CDP).
En outre, elle ne semble pas se préoccuper de
l'alternance, mais cherche à s'intégrer, à court terme,
dans le système hégémonique en place. Le soutien à
la candidature du Président sortant par la plus importante force
politique de l'opposition à savoir l'ADF/RDA et un ensemble d'autres
partis dont l'UPR et la CFD regroupés sous l'Alliance pour la
majorité présidentielle (AMP) est assez significatif en la
matière.
91 LOADA (A.M.G), «Des élections comme les
autres», in politique africaine, N°69, 1998, p.63.
92 En référence aux larges victoires du
CDP aux élections législatives de 1992, 1997 et aux
présidentielles de 1998 et 2005
39
Ce qui exclut toute possibilité d'alternance et
consacre, à chaque scrutin, un raz de marée électoral du
CDP face à la dispersion de l'opposition qui prive ainsi
l'électorat d'un choix réel portant sur une autre vision de
société différente de celle portée par le parti au
pouvoir. L'absence d'une opposition crédible et significative consacre
l'existence d'un parti ultra-dominant, ce qui démontre davantage
l'improbabilité d'une alternance politique au Burkina Faso.
A cette problématique de la crédibilité
de l'opposition, il convient d'ajouter les velléités de
manipulation du processus électoral. En effet, la persistance de
certaines manoeuvres telles que la fraude, la corruption électorale ou
l'achat de conscience sont de nature à entraver la liberté de
choix des électeurs garantie par la Constitution.
Somme toute, l'alternance ne sera jamais une
réalité tant que le pouvoir n'affichera pas une réelle
volonté de transparence dans la tenue du processus électoral.
Mais, elle demeurera un voeu pieux si l'opposition n'abandonne pas sa logique
de dispersion, organisée autour des intérêts particuliers,
pour former une véritable alliance crédible. Enfin, tout cela ne
saurait se réaliser que par une participation efficiente des citoyens
à l'expression du suffrage.
Le refus de participer ne peut que remettre en cause la loi de
la majorité démocratique, principe fondamental en
démocratie.
Paragraphe II : La non-effectivité du
principe de la majorité démocratique
Le principe de la majorité démocratique renvoie
à la légitimation du pouvoir par le plus grand nombre. Une faible
participation des citoyens aux élections induit donc la
non-effectivité de ce principe. Ce qui implique l'exclusion des citoyens
du processus décisionnel (A) et est source d'entraves à
l'enracinement de la gouvernance démocratique (B).
|