Section II : Les implications sur l'ancrage de la
gouvernance
démocratique
Dans le contexte actuel d'exigence de la bonne gouvernance qui
implique une gestion participative des affaires publiques, une participation
minoritaire des citoyens à la désignation de leurs mandataires
pose deux problèmes majeurs au processus démocratique. L'un
renvoie à la problématique de l'alternance politique qui est un
élément essentiel en démocratie (§I). L'autre
consiste en la non-effectivité du principe de la majorité
démocratique (§II).
Paragraphe I : L'hypothèque de l'alternance
démocratique
Considérée comme une conséquence de la
faible participation, l'hypothèque de l'alternance démocratique
pourrait se traduire par l'hégémonie de la classe dirigeante (A)
et sa volonté persistante de clôturer le jeu électoral
(B).
A- L'hégémonie de la classe dirigeante
Il s'avère utile de préciser que
l'hégémonie ici évoquée renvoie à la logique
d'accaparement de la vie démocratique nationale, du point de vue de
l'expression des suffrages des citoyens. Le refus de l'alternance
démocratique aboutit alors à la transformation de la
démocratie en une élitocratie dans la mesure où la classe
dirigeante, du fait du désintérêt des citoyens, finirait
par se croire inamovible.
En effet, les leviers de tout le processus démocratique
se trouvent abandonnés à une minorité élitiste au
comportement majoritaire comme le remarque le Pr Laurent BADO90. Une
analyse de l'appartenance politique des élus à la
représentation nationale, permet de constater aisément que la
majorité relève toujours du parti au pouvoir qui dispose
d'ailleurs d'une majorité confortable. Ainsi, l'application d'un mode de
scrutin proportionnel
89 Indépendant n° 864 du 30 /03/2010 ; p.
4
90 BADO L. op. cit, p. 322.
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a donné les mêmes effets qu'un scrutin
majoritaire sous la 2ème législature où le CDP
s'en est sorti avec 101 des 111 sièges de députés à
l'Assemblée Nationale.
Cette confirmation continue et durable de
l'hégémonie du parti au pouvoir, le Congrès pour la
Démocratie et le Progrès (CDP) s'explique selon le Pr
LOADA91, par trois facteurs. Il s'agit notamment de l'organisation
du parti, de ses ressources humaines et matérielles et de sa
capacité d'innovation auxquelles il convient d'ajouter sa forte
implantation sur toute l'étendue du territoire et sa grande
capacité de redistribution. A ces facteurs, s'ajoutent surtout le mode
de découpage électoral qui a consisté à abandonner
la région au profit de la province comme ressort principal pour les
élections des députés et le mode de répartition des
sièges qui n'est pas toujours équitable. En outre, la
volonté d'hégémonie du CDP se traduit par les
révisions opportunistes des règles du jeu électoral. Ce
qui aboutit à l'instauration d'une démocratie factice.
La mainmise du CDP sur le système électoral lui
permet davantage de réussir la clôture du jeu électoral.
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