Paragraphe II : L'accroissement de l'instabilité
sociale
Deux aspects seront examinés sous cette rubrique. Il
s'agit d'analyser la faible participation comme facteur d'émergence de
la contestation sociale (A) et le risque d'émergence d'une opposition
informelle qui en découle (B).
A- L'émergence de la contestation sociale
Les élections visent à légitimer le
pouvoir des gouvernants afin de disqualifier à l'avance la violence ou
les affrontements. Une participation soutenue des populations aux consultations
électorales pourrait contribuer à éviter le recours
à la contestation. A contrario, une faible participation peut
lériger en mode d'expression politique dans la mesure
où la majorité des citoyens ne croiraient pas en
l'efficacité du bulletin de vote. Le manque de confiance aux
mécanismes électoraux qui se manifeste par le refus de participer
aux élections influence fortement la croyance en l'efficacité de
la contestation
81 L'exemple le plus illustratif à ce titre
reste l'élection présidentielle ivoirienne de 2000 qui a vu
l'arrivée au pouvoir du candidat du FPI, Laurent GBAGBO, dont
l'autorité a longtemps été contestée et le reste
encore.
82 Les élections législatives qui ont
permis la mise en place de la 2ème législature ont
été caractérisées par un quasi unanimisme au vu de
la large victoire du parti majoritaire.
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pour obtenir du pouvoir la prise en compte des attentes
sociales. A ce titre, un citoyen a déclaré lors d'une
enquête sur la participation électorale au Burkina Faso que :
«si on n'avait pas brûlé et cassé, beaucoup de
choses n'auraient pas changé dans ce pays»83.
Ces mouvements de contestation sociale, tels que le Burkina
Faso les a souvent vécus sous la 4ème
république ont le plus souvent échappé aux canaux
légaux qui sont censés canaliser toute manifestation.
Cela laisse donc entrevoir une faible intégration,
surtout de la jeunesse dans le processus électoral avec pour corollaire
les tentatives récurrentes de contourner les organisations politiques et
sociales pour se faire entendre. La rue est alors utilisée comme cadre
d'expression protestataire. A ce propos, le Pr LOADA remarque que les jeunes ne
participent pas aux élections mais privilégient d'autres formes
de participation comme la grève, les marches, les casses, les
débrayages, etc. qu'ils croient plus efficaces que le vote ou le
militantisme84. Ce qui fragilise la paix sociale et remet en cause
certains acquis. Ces contestations sociales traduisent moins le rejet radical
de la démocratie comme idéal que son échec à
l'épreuve des faits.
Toutefois, ces contestations peuvent aussi être l'oeuvre
de partis politiques exclus de la représentation politique ou des
organisations de la société civile. Dès lors un front
d'opposition informelle peut se constituer pour revendiquer, le plus souvent
par la violence, plus de démocratie.
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