TITRE II : LA PORTEE DE LA FAIBLE PARTICIPATION
ELECTORALE
A la suite de l'analyse diagnostique qui a consisté
à découvrir le niveau réel de la participation
électorale au Burkina Faso ainsi que les facteurs qui la
déterminent, il convient d'examiner dans le présent titre la
portée de la faible participation autour de deux centres
d'intérêt.
L'un consiste à analyser les éventuelles
implications de la faible participation aux consultations électorales
sur le processus démocratique (chapitre I) tandis que l'autre permettra
d'énoncer les conditions pour une bonne participation (chapitre II).
Chapitre I : Les implications de la faible
participation électorale
Les élections servent à légitimer le
pouvoir des gouvernants. Cette légitimité est d'autant plus
grande que l'importance de la participation est considérable. A
contrario, peuvent surgir des velléités de contestations
politiques et sociales.
Il sera respectivement évoqué dans ce chapitre,
les implications que pourrait engendrer la faible participation aux
élections sur le pouvoir politique et institutionnel (Section I) ainsi
que sur le processus d'ancrage de la gouvernance démocratique (section
II).
Section I : Les implications sur le pouvoir
politique
Tout processus démocratique caractérisé
par une faible participation électorale implique une fragilisation du
pouvoir politique qui peut se traduire par un affaiblissement de la
légitimité politico-institutionnelle (§ I) dont pourrait
résulter une instabilité sociale (§ II)
Paragraphe I : L'affaiblissement de la
légitimité politique et institutionnelle.
La faible participation des citoyens aux scrutins
électoraux confère une faible légitimité aux
élus (A), ce qui peut engendrer le non respect de l'autorité
politique (B).
A- La faible légitimité des élus
Depuis la déclaration d'indépendance des Etats
Unis d'Amérique de 1776 et la Révolution française de
1789, le consentement et la volonté du peuple sont devenus la seule
source de l'autorité légitime. Au Burkina Faso, la Constitution
du 11 juin 1991 s'inscrit dans cette logique en posant la démocratie
comme principe d'organisation de l'Etat (article 31) et en
33
posant également le principe de la souveraineté
nationale (article 32) qui relève du peuple.
Dès lors, l'élection s'impose comme le seul mode
acceptable de sélection des dirigeants, mais aussi et surtout comme le
seul moyen d'asseoir l'autorité des dirigeants. Ainsi, le régime
démocratique repose fondamentalement sur la légitimité
qui, du reste, est inséparable du principe de
l'imputabilité78. Etant donné que le principe
d'imputabilité implique le renouvellement de confiance en cas de
satisfaction et la sanction le cas échéant, il y a lieu de
s'inquiéter face à l'importance de la désaffection du
corps électoral.
En effet, lorsque la majorité du peuple se comporte en
citoyens passifs lors des élections, il va sans dire que la
légitimité des élus qui en sont issus se trouve
effritée. Tel fut surtout le cas du premier mandat du Président
du Faso, issu de l'élection du 1er décembre
199179. Cela s'explique notamment par le fait qu'en
démocratie, la stabilité politique requiert que les citoyens
croient en la légitimité de leurs gouvernants. Car cette croyance
en la légitimité du système politique permet à ce
dernier d'escompter un minimum de loyauté ou de soutien de la part des
citoyens, même lorsqu'il prend des décisions impopulaires justes
ou nécessaires.
Par contre, la faiblesse de la légitimité peut
faire que toutes tentatives de réformes entreprises par
l'autorité légale soient vivement contestées par
l'opposition qui peut recourir incessamment aux critiques non réalistes
afin de la discréditer.
Pis, une forte abstention permanente traduit une
inefficacité du système partisan qui ne semble pas
répondre aux attentes sociales des populations. Somme toute,
l'autorité investie par une minorité de citoyens est
implicitement rejetée par la majorité qui peut observer une
attitude de défiance en son égard.
|