B- La négation de la dimension sociale de la
démocratie
Il est évident que la démocratie ne saurait se
consolider sans une amélioration des conditions de vie du plus grand
nombre comme le souligne Jean Marc D. PALM70 car l'adhésion
aux valeurs démocratiques ne saurait s'accommoder assez longtemps de la
persistance de la misère, des problèmes de santé ou encore
de l'analphabétisme.
Pourtant, depuis le retour au constitutionnalisme en 1991,
l'indice de développement du Burkina Faso n'a sensiblement pas
varié. Les croissances économiques enregistrées chaque
année et les alléchants programmes et autres promesses
électorales annoncées ne se traduisent pas en termes de
développement partagé. S'il est vrai que les élections
constituent un moyen de réalisation de la démocratie,
«elles devraient aboutir au choix de dirigeants aptes à
promouvoir le mieux-être des citoyens»71.
En outre, la démocratisation dans sa forme actuelle
s'opère seulement sur les fronts économique et politique alors
qu'il s'agit de prouver que la démocratie est en mesure d'apporter un
mieux-être aux populations. L'engagement dans un processus
démocratique doit aboutir à une gestion saine et transparente des
affaires publiques en vue d'une émergence économique qui doit
conduire au règne de la justice sociale. L'équité et la
justice sociale auxquelles doit aboutir la mise en oeuvre de tout processus
électoral consiste à faire en sorte que les richesses nationales
soient équitablement réparties. Ce qui signifie, en
démocratie, la prise en compte du plus grand nombre pour éviter
que les richesses se polarisent entre les mains d'une minorité. La
gestion de la chose publique par les mandataires du peuple doit, en principe,
avoir pour finalité la satisfaction de l'intérêt
général, c'est-à-dire de la majorité. Cependant, la
réalité est tout autre, car la démocratie semble
contribuer à creuser le fossé entre riches et pauvres. Ce qui
contraste avec l'idéal de démocratie.
70 PALM (D.J.M) & HIEN (P.C), (sous la direction
de), Histoire de la représentation politique au Burkina Faso,
Ouagadougou, DIST-INSS/CNRST, 2009, p.131.
71 SAWADOGO (F.M), op. cit, p.70.
28
Un rapprochement avec la période révolutionnaire
permet de remarquer l'importance des performances enregistrées pendant
cette période grâce à un plan socioéconomique
articulé autour de :
-la réduction drastique du train de vie de l'Etat,
-la valorisation des prix payés aux producteurs de coton
et de céréales avec des tentatives de rationalisation des
circuits de commercialisation des produits agricoles, -la promotion des
produits locaux ou la conduite d'une politique volontariste en matière
de santé, de scolarisation et de logement.
Avec l'adhésion aux valeurs démocratiques, force
est cependant de constater que l'adoption d'une économie libérale
et la tenue périodique et régulière d'élections,
semble plutôt côtoyer de médiocres performances dans les
secteurs sociaux prioritaires que sont la santé, l'éducation et
le logement. En somme, la démocratie politique qui consiste actuellement
à la tenue régulière des élections, doit
s'accompagner de la démocratie sociale, faute de quoi, les
élections ne sauraient susciter l'intérêt des citoyens.
A coté de ces contraintes d'ordre économique et
social, il y a la conjoncture politique qui n'est pas sans influence sur la
participation électorale.
|