Section II : Les obstacles à la participation
électorale
Le souci consistera à porter l'attention sur les
obstacles qui sont d'ordre social ou économique (§I) avant
d'aborder ceux qui résultent de l'environnement politique (§II).
63 Il s'agit du Dima de Boussouma du PDP/PS, du chef
Yamdabri de Fada élu du RDA et du Larlé Naaba du CDP.
64 SAWADOGO (F.M), «La démocratie
et les élections au Burkina Faso», in La réforme du
système électoral au Burkina Faso, Ouagadougou, IDEA, 1999,
p.71.
65 GIRAN (J.P), Proximité et politique,
Paris, econmica, 2001, p.95
66 BADO (L), «Démocratie droits de
l'Homme en Afrique et au Burkina Faso», in Burkina Faso, cent ans
d'histoire, (1895-1995), Paris, Karthala, p. 320
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Paragraphe I : Les obstacles
socio-économiques
Sont constitutifs d'obstacles à la participation
électorale, la pauvreté ambiante (A) qui pèse sur un grand
nombre d'électeurs et le manque de démocratie sociale (B).
A- La pauvreté et le coût de la
participation
L'état de pauvreté conduit l'électeur
potentiel qui en est victime à la négation de ses droits
politiques. La participation à la gestion des affaires publiques devient
le dernier souci de la majorité des électeurs qui se
préoccupent plutôt de comment satisfaire leurs besoins sociaux. La
croissance économique enregistrée ces dernières
années ne se traduit pas en termes de développement perceptible
par les populations.
De même, la mise en oeuvre du cadre stratégique
de lutte contre la pauvreté (CSLP), qui était censé
être un outil de répartition des richesses nationales, ne semble
pas produire de retombées profitables à la grande majorité
de la population burkinabè comme le confirment les résultats du
sondage réalisé en 2007 par le CGD67.
Il convient également d'ajouter que le PNB par
tête demeure extrêmement faible (à peine 500
dollars)68 et plus de la moitié de la population vit sous le
seuil de pauvreté. Dans le classement selon l'Indice de
Développement Humain, le Burkina Faso occupe le 177ème
rang sur 182 et est logé dans la catégorie des pays à
développement humain faible69. Plus de 81% de la population
vivent en dessous du seuil de pauvreté avec seulement 2 $US par jour,
sur la période 2000-2007.
Une population ainsi vulnérable accorde très peu
d'importance à l'inscription sur une liste électorale tout comme
au vote. La pauvreté ainsi que la précarité des revenus
sont des facteurs constitutifs d'obstacles à l'exercice du droit de
suffrage. Elles constituent même la négation des droits politiques
dont l'exercice suppose le préalable de la satisfaction des besoins
primaires. La lutte quotidienne contre la pauvreté rend difficile
l'effectivité de l'exercice du droit électoral dont le
coût, immatériel, s'exprime en termes de temps,
d'indisponibilité mais aussi de déplacement vers le bureau de
vote ou encore le temps d'attente à y supporter, se
révèlent comme un ensemble de contraintes qui
démobilisent.
Par ailleurs, la pauvreté, considérée
comme une privation de moyens, limite l'accès à l'information
politique nécessaire à l'exercice des droits politiques. Ainsi,
le pauvre qui n'a
67 CGD, Rapport sur l'état de la gouvernance
démocratique au Burkina Faso, avril 2007, p.16
68 Atlas éco, 2009. p.45
69 PNUD, Rapport sur le développement humain
durable, 2009, p.187
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pas les moyens est exclu de la participation politique; car la
pauvreté conduit celui qui en est victime à la négation de
ses droits politiques; les droits sociaux constituant sa priorité.
Au regard donc de ces contraintes immatérielles qui
pèsent sur les électeurs qui souhaiteraient s'inscrire et/ou
voter, nombreux sont ceux qui choisissent de ne pas les surmonter surtout que
la succession des élections semble répondre moins au besoin d'une
véritable démocratie sociale.
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