Paragraphe II: Le recours aux règles non
conventionnelles
Le dynamisme de la participation d'une partie non
négligeable des électeurs aux consultations électorales
n'est pas le seul fait du cadre normatif ou du consensus institutionnel. La
satisfaction à accomplir son devoir de citoyen et/ou
l'intérêt pour la politique (A) et la mise en branle de
réseaux de solidarité (B) expliquent le déplacement aux
urnes.
58 Il convient en effet de relativiser le taux de
participation (60,69%) obtenu aux élections législatives du 05
mai 2002 au regard du faible taux d'inscription.
59 La CNOE, dans sa première version, a
été créée par Ordonnance N°91-63/PRES du 23
octobre 1991 avec pour mission l'organisation et la supervision de
opérations électorales et comptait 140 membres. Par la suite, la
loi N°010-97/ADP du 12 février 1997 portant création de la
CNOE, composée de 18 membres. En 1998, la CENI, première formule
est créée par la loi N°021-98/AN du 7 mai 1998 et est
composée de 27 membres. Enfin, en 2001, sur recommandations du
Collège des Sages créé par décret
N°99-158/PRES du 1er juin 1999 à la suite de la crise
consécutive à l'assassinat du journaliste Norbert ZONGO, un
nouveau code électoral instituant une CENI à composition
tripartite (majorité-société civile-opposition).
23
A- L'intérêt pour la politique
L'observation des niveaux de participation aux
élections tenues depuis le référendum d'adoption de la
2ème République, permet de déduire de
l'intérêt d'une certaine partie des citoyens pour le jeu
politique. Deux indicateurs majeurs peuvent être utilisés pour
mesurer cet intérêt pour le processus électoral ou plus
généralement pour la démocratie.
Le premier est celui de l'inscription sur les listes
électorales. Un examen du niveau d'inscription dans la perspective de
chacune des quatre (4) dernières élections permet de constater
que ce taux fut de 53,03% en 2002 ; 65,40% en 2005 ; 58,48% en 2006 et 65,71%
en 2007, soit en moyenne un taux de 60,76%. Ce qui justifie d'un certain
intérêt régulier de citoyens pour l'expression du
suffrage.
Le second indicateur est le taux d'abstention. Bien que
parfois supérieur au taux de participation effective (élections
présidentielles de 1978 et 1991, législatives de 1970, 1978, 1992
et 1997 et municipales de 2006), il correspond au nombre d'inscrits sur les
listes électorales qui ne sont pas allés voter, rapporté
au total des inscrits.
Ainsi, l'étude des différents scrutins fait
apparaître la mobilisation régulière d'une partie
importante d'électeurs qui accomplissent leur devoir électoral,
comme le témoignent les différents taux de participation aux
scrutins référendaires de 1970, 1977 et 1991 avec respectivement
75,92%, 71,42% et 48,78% des inscrits. Aux scrutins législatifs de 1997
et 2007 la participation réelle fut respectivement de 44,40% et 37,27%
tandis qu'à l'élection présidentielle de 1998 elle a
atteint 47,39%.
Il ressort de cette approche que l'engagement politique et/ou
la satisfaction qu'un électeur peut tirer de l'accomplissement du vote
constituent des facteurs explicatifs de la participation aux votations. En
fonction des considérations sociales, politiques mais aussi
économiques qui le conditionnent, varie la propension du citoyen
à participer aux élections. C'est pour cette raison que le niveau
de participation diffère de façon significative d'une votation
à une autre.
A cet engagement politique, s'ajoute le facteur moral qui peut
déterminer la participation du citoyen, en âge de voter, à
la désignation des mandataires de la Nation et/ou de sa
collectivité. La satisfaction procurée par la participation peut,
en effet, constituer un motif de participation pour certains électeurs
tel que le souligne une publication du Centre pour
24
la gouvernance démocratique (CGD)60. Par
ailleurs, les fortes attentes qui animent l'électeur dans le contexte
électoral africain contribuent aussi au déploiement de
réseaux clientélistes et de solidarité en vue de le
déterminer à exercer son droit de vote.
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