B- Le consensus politico-institutionnel
Sous la 4ème république, le Burkina
Faso a changé de code électoral57 plus de sept (7)
fois. Cette instabilité de la loi électorale ne traduit pas
toujours la recherche d'un consensus électoral dans la définition
des règles du jeu politique. Alors que c'est le consensus qui permet
d'aboutir à une émergence de différentes
sensibilités politiques au sein des instances de
représentation.
En effet, sans être le seul élément
clé dans la participation des citoyens aux consultations
électorales, l'existence du consensus s'avère nécessaire,
surtout pour la classe politique en vue d'une compétition pluraliste,
plus équitable et crédible. Ainsi, les circonstances de consensus
politique et/ou institutionnel dans lesquelles se sont tenus les scrutins
référendaires du 14 juin 1970 et du 27 novembre 1977 ainsi que le
scrutin législatif du 05
56 ARDANT (Ph.), op. cit, p.169.
57 En effet, la loi N°014-2001/AN du 3 juillet
2001 portant code électoral au Burkina Faso a fait l'objet de plusieurs
révisions dont les motifs ont souvent été plus partisans
au lieu de traduire la recherche d'un consensus durable.
22
mai 200258 ont favorisé une participation
assez importante des inscrits. Le pourcentage moyen des votants à ces
élections atteint à peu près de 70% des inscrits.
En outre, l'existence d'un consensus est un
élément déterminant dans la participation de la classe
politique. C'est son défaut sur les règles du jeu
électoral et la question de l'indépendance de la structure en
charge de l'organisation des élections, notamment la Commission
nationale d'organisation des élections (CNOE)59 qui a
expliqué le boycott de l'élection présidentielle de 1998
par l'opposition.
Mais, à la faveur de la mise en place d'une commission
des réformes politiques et institutionnelles, recommandée par le
Collège des Sages, un consensus se manifeste à travers l'adoption
de textes sur les missions de la CENI, le financement des activités des
partis politiques et des campagnes, le statut de l'opposition, la charte des
partis politiques et la création du Conseil supérieur de
l'information (CSI), actuel Conseil supérieur de la communication
(CSC).
Ce consensus a favorisé une participation assez
significative, surtout de la classe politique, à partir des
élections législatives de 2002. A l'issue de ce scrutin,
l'opposition obtient 54 sièges de députés à
l'hémicycle contre 57 pour le parti au pouvoir (CDP).
Cependant, si les acteurs politiques, l'opposition en
particulier, réclament l'établissement d'un consensus favorable
à la mobilisation de l'électorat, il importe de remarquer avec
pertinence qu'ils recourent également et surtout à des
règles non conventionnelles dans leurs tactiques de conquête des
suffrages.
|