Chapitre II : Les déterminants de la
participation électorale
L'étude des déterminants de la participation
électorale exige d'avoir à l'esprit deux types essentiels de
facteurs qui caractérisent la participation des citoyens aux
différents scrutins ci-dessus examinés. Il s'agira alors de
s'intéresser d'abord aux règles favorables à la
mobilisation électorale (section I) avant de se pencher sur les
obstacles à la participation (section II).
Section I : Les règles favorables à la
mobilisation électorale
Les principales règles qui concourent à la
mobilisation des acteurs politiques ainsi que des citoyens-électeurs
sont le cadre normatif (§I) qui définit les règles du jeu
d'une part et d'autre part le recours à des règles pragmatiques
(§II) qui se situent en dehors de la norme.
Paragraphe I: L'existence d'un cadre normatif et
institutionnel favorable
Le cadre normatif offre aux protagonistes de la scène
politique et aux électeurs les opportunités de participation.
Ainsi, pour mieux garantir le principe de la liberté de participation
qui est un préalable (A), ce cadre normatif doit aussi faire l'objet
d'un consensus (B).
A- Le principe de la liberté de participation
La liberté électorale est une
caractéristique fondamentale en démocratie. Au Burkina Faso,
l'article 12 de la Constitution en disposant que : «Tous les
Burkinabè sans distinction aucune, ont droit à participer
à la gestion des affaires de l'Etat et de la
société», ne fait nullement de la participation
politique, encore moins électorale, une obligation. C'est plutôt
un droit que chaque citoyen est libre d'exercer ou de ne pas exercer. Il
s'ensuit que le droit de vote apparaît comme un «pouvoir reconnu
aux citoyens de participer, par leur suffrage, c'est-à-dire par leur
voix, à la formation le plus souvent d'une décision politique
relative, soit à un représentant, par son élection ou sa
révocation, soit à un texte ou au principe d'adoption d'un texte,
par référendum (...)»55.
En outre, ce principe de la libre participation aux
élections semble davantage se préciser dans l'article 42 de la
loi N°014-2001/AN du 3 juillet 2001 portant code électoral qui
55COHENDET (A.M), Droit constitutionnel,
Paris, Monchrestien, 2ème éd, 2002, p.137,
citée par LOADA & IBRIGA, op. cit, p.222.
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détermine les conditions pour être
électeur. Cet article ne fait aucune obligation au citoyen de s'inscrire
sur une liste électorale alors même qu'il s'agit d'une
formalité substantielle, obligatoire pour avoir la qualité
d'électeur. L'inscription traduit en réalité la
manifestation de volonté de la part du citoyen désireux
d'acquérir et d'exercer le droit de vote que lui confère la
Constitution. Pour ce faire, il lui appartient de déclarer vouloir
exercer son droit d'électeur.
L'exercice du droit de vote n'est assujetti à aucune
obligation. Les citoyens étant libres d'exercer leur droit ou non, le
vote est facultatif comme l'observe Philippe ARDANT56. Ce qui
signifie que le citoyen peut choisir d'exercer ou non son droit
d'électeur. S'il choisit de s'inscrire sur une liste électorale,
il n'est pas obligé de retirer sa carte d'électeur, s'il
procède au retrait de sa carte d'électeur, il n'est pas
obligé d'aller voter. Cette disposition très libérale de
la Constitution semble toutefois faire l'objet d'une interprétation plus
abusive. Ainsi, au lieu d'être un élément
véritablement incitatif de la participation, la majorité des
citoyens optent pour la liberté de ne pas participer comme le montrent
les différents taux de participation. Mais, comme la liberté de
participation des électeurs demeure une condition sine qua non
pour qu'une élection soit démocratique, elle constitue le
préalable à toute participation, même consensuelle.
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