I.3. DESCRIPTION DU MILIEU D'ETUDE
L'étude se déroule dans la province du Sud-Kivu
en République Démocratique du Congo. Le Kivu est la province qui
a hérité le nom du lac qui se situe en son sein et qui relie ses
deux grandes agglomérations urbaines à savoir Bukavu (au sud) et
Goma (au nord). L'éclatement du Kivu par une décision
gouvernementale en fin de la décennie écoulée engendra
trois nouvelles provinces autonomes dont le nord Kivu, le sud Kivu, ainsi que
le Maniema.
Cette étude s'intéresse principalement aux
pêcheurs riverains de la partie Sud du Lac Kivu oeuvrant dans le bassin
de la ville de Bukavu. La description de la zone d'enquête concernera les
pêcheurs du village KALENGERA, commune de Bagira étant
donné qu'ils sont les premiers bénéficiaires des filets
maillants.
I.4. DONNEES DEMOGRAPHIQUES
Cette région représente environ 11% de la
superficie du pays et 16% de la population (Banque mondiale, 1984). La
densité de la population y est la plus forte du Congo : 18
habitants au km² alors qu'elle n'est que de 12% pour l'ensemble du pays.
La densité moyenne dissimule l'écart entre la partie occidentale
de la région où la population est clairsemée et la partie
orientale où elle est dense.
I.5. SITUATION GEOGRAPHIQUE DU LAC
KIVU
Le lac Kivu est situé au sein du fossé
tectonique de l'Est d'Afrique entre la latitude sud 1° 84' 30'' et
20° 30'. D'Ouest à l'Est, il est compris entre 28° 50' et
29° 23' de longitude Est. Il forme une frontière naturelle longue
d'environ 100km entre la R.D. Congo à l'Ouest et Rwanda à l'est.
La partie la plus large du lac atteint environ 50km. Ce dernier se trouve
à une altitude de 1463km et est bordé par les hauts sommets de la
chaîne des montagnes de Virunga au Nord.
La superficie du plan d'eau est estimée à
2370km². La profondeur maximale varie selon les hauteurs entre 478
mètres (Damos, in Kaningini 1989) et 496 mètres (kiss, in
Kaningini,M.1989).
La pente du fond du lac est inverse au sens actuel de
l'écoulement des eaux tandis que sa partie nord possède, par
rapport au sud, les plus grandes profondeurs (Kaningini,M 1989).
I.6. SITUATION POLITIQUE, SOCIO-ECONOMIQUE DES PECHEURS
A BUKAVU
I.6.1. Situation
socio-économique
Le Kivu est une région à vocation agricole,
touristique et minière. Sa diversité du sol et du climat due aux
différences d'altitude dans l'ensemble de la région, offre des
conditions hautement favorables à une variété de cultures
vivrières et industrielle. Le Kivu est l'unique région du pays,
où l'on produit du thé, du quinquina et de pyrèthre. Le
tourisme est favorable au Kivu notamment grâce aux parcs de Virunga, de
kahuzi-Biega et une partie de Maiko dans le Maniema. Ses lacs, ses montagnes
volcaniques et son relief offrent également un paysage très
captivant.
I.6.2. Situation Sociale et
politique
Le Kivu est devisé en trois provinces résultant
de l'éclatant dont on a fait mention. En dépit de toutes les
considérations liées aux potentialités de cette
région de la R.D. Congo, le Kivu connaît des problèmes
énormes de démographique, de chômage, de guerre sous toutes
ses formes principalement dans sa partie orientale appelée Bushi
Montagneux.
Nous focalisons notre attention sur Bushi montagneux
étant donnée sa proximité avec le lac Kivu.
La pêche au lad profite plus aux habitants de Bushi
qu'aux autres habitants de la région. Aussi, toute la zone
d'intervention du projet pêche de Bukavu se situe dans le Bushi et les
pêcheurs (sujet d'étude) sont tous originaires de cette zone.
Deux calamités sévissent au Bushi :
L'érosion du sol et la famine due au climat, à l'exploitation
excessive du sol et aux guerres économiques à
répétition dont le peuple congolais est victime. La
démographie galope et l'implantation des cultures industrielles
restreignent les terres cultivables, favorisent l'érosion et
entraînent la malnutrition. Puisqu'il se butte à plusieurs besoins
familiaux de première nécessité, le cultivateur mushi est
contraint de donner à location une partie de son terrain arable sur
droit de `'KALINZI'' à ses descendants qui font de même chaque
fois que leurs enfants se marient. Etant donné que les surfaces pour les
cultures vivrières deviennent sont réduites, chaque famille est
obligée d'exploiter son petit lopin de terre de manière continue
pour survivre. Par conséquent, comme la terre n'est pas mise en
jachère, il y a la dégradation du sol, sa désertification
et la diminution de production qui s'ensuivent.
I.7. LA PECHE SUR LE LAC KIVU
I.7.1. Historique de la pêche au lac
Kivu
L'évolution de la pêche au lac Kivu connait par
trois moments importants: La période avant l'introduction, en 1958 du
Limnothrissa miodon et du stolothrisso Tounganyikae, puis la période
entre cette introduction et les premières découvertes de la
réussite de l'expérience et enfin, la période qui va
débuter de la pêche de « Ndagala » à
nos jours.
La première période qui se situe avant 1958, est
dominée par la pêche empirique. Elle est pratiquée par
quelques pêcheurs disséminés sur les côtes du lac. Le
matériel de pêche est rudimentaire : Constitué de
petites sennes de plage, de nasses et d'épuisettes pour la pêche
des Haplo Chromiss, de filets dormants et de lignes pour la capture des Tilapia
et des claries. La pêche sert principalement à l'autosubsistance
familiale et occupe une place secondaire parmi les activités productives
du ménage.
Quinze ans vont s'écouler depuis l'introduction du
« Ndagala » et son exploitation dans le secteur congolais
du lac Kivu. On signale la capture de Limnothrissa miodon pour la
première fois au mois d'Août 1973 dans les bassins de Katana et de
Bukavu, respectivement aux environs de la cimenterie de Katana (CIMENKI) et de
la Brasserie.
Fort de cette expérience, la première
unité congolaise de pêche artisanale est lancée en 1974 et
d'autres suivirent par la suite. En 1979, un groupe des pêcheurs plus
expérimentés venus du lac Tanganyika, réussissent à
s'implanter définitivement à Bukavu. Et, depuis, la pêche
au lac Kivu entre dans une nouvelle phase avec la coexistence de deux sortes du
pêche : la pêche artisanale et la pêche empirique.
I.8. DEFINITION DES CONCEPTS
CLES.
I.8.1. Approche
L'approche est l'ensemble de démarches
préparatoires ou manoeuvres visant à atteindre un but. (1)
L'approche est une démarche intéressée
(2)
I.8.2.
Participation
Selon Gilles FORGET, Directeur général du CRDI
(centre de recherche de développement et informations) en Afrique
Centrale et de l'Ouest, définit la participation étant comme
processus grâce auquel les ayant droit réussissent à
influencer ou même à contrôler le développement
d'initiatives, la prise de décision et le contrôle des
ressources.
I.8.3. Gestion
La gestion est l'action de gérer, d'administrer. Elle
est un ensemble d'opérations d'administrations des biens que
possède un individu, une entreprise ou une nation (3)
Ahumed SILEM et Jean-Marie ALBERTIN ont écrit que la
gestion est une science de décisions stratégiques et tactiques
dans les organisations (4)
I.8.4 Rationnel
Selon le dictionnaire Encarta, rationnel signifie qui est
conforme au bon sens. (5)
I.8.5. Halieutique
Le dictionnaire Petit Robert définie halieutique comme
ce qui concerne la pêche ; ensemble des techniques, des disciplines
concernant la pèche. (6)
I.8.6. Approche
participative
L'approche participative regroupe les méthodes qui
offre l`autonomie aux communautés en suscitant les prises de conscience,
la compréhension et le sentiment de propriété des projets
de développement qui aboutissent à des changements durables. Ces
méthodes sont orientées vers les personnes pour plus de respect
de la dignité humaine et une amélioration des conditions de vie
décentes. (7)
I.8.7. Ressource
Rerévet (1991) montre bien qu'en matière de
gestion des pêches, il est très difficile de définir la
ressource : s'agit-il du stock de poissons, de la colonne d'eau, de la
chaîne alimentaire? Aussi, propose- t- il de considérer comme
ressource l'écosystème marin dans toute sa complexité, le
poisson étant un de ses produits et le fonds marins
l'intégralité spatial, balisable, le plus contrôlable du
biotope marin, l'équivalant du sol pour l'agriculture.
Cette définition n'est pas satisfaisante. La gestion
des ressources halieutiques ne peut en effet être réduite à
la gestion de support physique mais doit prendre en compte les
différentes dimensions et représentations de l'espace. (8)
CHAPITRE DEUXIEUME
HISTORIQUE DE LA PECHE SUR LE LAC KIVU
II.1. HISTORIQUE
(cette partie mise en rouge se retrouve de la p.21 à la
p.22) Pourquoi ?
L'étude de la pêche sur lac Kivu, comme son
histoire, se fait en trois temps fondamentaux : la période avant
l'introduction du limnothrisa miodon en 1958 et du stolothrisa tanganyikae,
puis la période entre cette introduction et le premières
découvertes de la réussite de l'expérience et enfin, la
période qui va du début de la pêche de ndagala, à
nos jours.
La première période qui se situe avant 1953,
est dominée par la pêche empirique. Elle est pratiquée par
quelques pêcheurs disséminés sur le pourtour du lac. Le
matériel de pêche est rudimentaire : constitué de
petites sennes de plage, de nasses et d'épuisettes pour la pêche
des haplochromis, de filets dormants et de liquide pour la capture des Tilapia
et des clarias. La pêche sert principalement à l`autosubsistance
familiale et occupe une place secondaire parmi les activités productives
du ménages.
Quinze ans vont s'écouler depuis l'introduction du
Ndagala et son exploitation dans le secteur congolais du lac Kivu. On signale
la capture de limnothrissa miodon pour la première fois au mois
d'Août 1973 dans les bassins de Katana net de Bukavu, respectivement aux
environs de cimetière et de la Brasserie.
Forte de cette expérience, la première
unité congolaise de pêche artisanale est lancée en 1974,
d'autres suivront. En 1979, un groupe des pêcheurs plus
expérimentés venus du lac Naganyika, réussissent à
s'implanter définitivement. Et, depuis, la pêche sur lac Kivu
entre dans une nouvelle phase avec la coexistence de deux normes de
pêche : la pêche artisanale et la pêche
coutumière.
II.2. L'EVOLUTION DES PRATIQUES DE
PECHE AU LAC KIVU.
Une mission d'évaluation des possibilités
d'exploitation du limnothrissa miodon a été
réalisée en 1976 avec une unité artisanale de type
catamaran en provenance du lac Tanganyika. C'est un mode de pêche
nocturne qui utilise un filet soulevé conjointement à un
système d'éclairage puissant attirant le poisson au-dessus du
filet. Les résultats encourageant et intérêt qu'y portent
les autorités rwandaises, permettent un développement rationnel
de cette pêche au lac Kivu par l'initiation des projets de
développement de la pêche au lac Kivu financés par le PNUD
et exécuté par la F.A.O.
La technique de pêche promue par la F.A.O. jusqu'en
1985 est essentiellement l'unité de pêche artisanale en toutefois
apportées. La forme et le maillage du filet sont adaptés aux
nouvelles conditions de pêche, une embarcation supplémentaire est
adjointe, la puissance lumineuse est doublée et la surface du carrelet
agrandi.
Suite à quelques études comparatives en 1987,
les catamarans sont systématiquement transformés en trimaran dont
les captures étaient 4 à 5 fois supérieures à
celles des catamarans (Trepart, G, 1989).
La pêche artisanale au lac Kivu est donc calquée
sur le modèle de pêche au Ndagala (Stolothrissa et limnothrissa)
par attraction lumineuse pratiquée sur le lac Tanganyika (Kaningini,
1990), avec toutefois, quelques modifications :
- augmentation du nombre des embarcations : au lac
Tanganyika, deux pirogues assemblées forment les catamarans tandis qu'au
Kivu, trois pirogues associées constituent le trimaran auquel s'ajoute
la pirogue de renfort pour la chasse du banc des poissons.
- renforcement du système d'éclairage : les
deux lampes''drums'' habituelles sont renforcées par 4 ou 6 lampes
`'Coleman'' portées à l'avant de pirogue dite de ''renfort''. Ce
dispositif semble être conséquence de la faible transparence des
eaux du lac Kivu.
- augmentation de l'effectif des pêcheurs de 6 sur le
lac Tanganyika à 10-11 sur le lac Kivu.
- La campagne mensuelle de 20 à 24 jours avec un
arrêt de 7 à 10 jours pendant la pleine lune.
Depuis 1988, des pêches expérimentales sont
organisées au filet maillant dérivant de différentes
mailles, d'abord 10 et puis 8, 9, 10,11 et 12 mm de noeud à noeud. Les
filets expérimentaux sont posés soit en surface (0-10
mètres), soit plus en profondeur (10-20 mètres).
II.3. LA PROBLEMATIQUE ECONOMIQUE
Certaines pratiques mettent en danger la survie de la
ressource piscide. Nous avons observé trois types de comportements non
écologiques qui sont les suivantes :
- Les pêcheurs à la senne de plage utilisent des
filets dont la dimension des mailles est si petite qu'ils capturent des
poissons immatures ;
- Les trimarans qui fonctionnent par attraction lumineuse sont
tentés de pêcher dans les baies calme (`'Kirewa'' dans la langue
mashi) lors des nuits de pleine lune. C'est souvent dans ces zones que les
poissons se reproduisent. Il y a donc de fortes chances de capturer les jeunes
individus ;
- Plusieurs personnes pratiquent la pêche aux larves
dans le bassin de Bukavu, malgré l'interdiction de la loi. Selon Dr B.
KANINGINI et J.Cl. MICHA, il a été estimé que 1kg de
larves pêchées équivalait à la capture de 500kg de
poissons matures. Si on suppose que chaque pêcheur capture 5kg de larves
par jour et travaille un jour sur deux, la production annuelle des larves
s'élève à 2700kg, ce qui représente une
quantité estimée à 13.500 tonnes de poissons matures
gaspillées par an par un échantillon de trente pêcheurs.
CHAPITRE TROISIEME
L'APPROCHE PARTICIPATIVE POUR UNE PECHE
RESPONSABLE
|