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La gestion rationnelle de la pêche aux filet maillant sur le lac Kivu en Répubique Démocratique du Congo

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par BAYONGWA Désiré NZIBONERA
Centre de Promotion de l'Education Continue (CEPROMEC) - DEA 2010
  

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I.3. DESCRIPTION DU MILIEU D'ETUDE

L'étude se déroule dans la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Le Kivu est la province qui a hérité le nom du lac qui se situe en son sein et qui relie ses deux grandes agglomérations urbaines à savoir Bukavu (au sud) et Goma (au nord). L'éclatement du Kivu par une décision gouvernementale en fin de la décennie écoulée engendra trois nouvelles provinces autonomes dont le nord Kivu, le sud Kivu, ainsi que le Maniema.

Cette étude s'intéresse principalement aux pêcheurs riverains de la partie Sud du Lac Kivu oeuvrant dans le bassin de la ville de Bukavu. La description de la zone d'enquête concernera les pêcheurs du village KALENGERA, commune de Bagira étant donné qu'ils sont les premiers bénéficiaires des filets maillants.

I.4. DONNEES DEMOGRAPHIQUES

Cette région représente environ 11% de la superficie du pays et 16% de la population (Banque mondiale, 1984). La densité de la population y est la plus forte du Congo : 18 habitants au km² alors qu'elle n'est que de 12% pour l'ensemble du pays. La densité moyenne dissimule l'écart entre la partie occidentale de la région où la population est clairsemée et la partie orientale où elle est dense.

I.5. SITUATION GEOGRAPHIQUE DU LAC KIVU

Le lac Kivu est situé au sein du fossé tectonique de l'Est d'Afrique entre la latitude sud 1° 84' 30'' et 20° 30'. D'Ouest à l'Est, il est compris entre 28° 50' et 29° 23' de longitude Est. Il forme une frontière naturelle longue d'environ 100km entre la R.D. Congo à l'Ouest et Rwanda à l'est. La partie la plus large du lac atteint environ 50km. Ce dernier se trouve à une altitude de 1463km et est bordé par les hauts sommets de la chaîne des montagnes de Virunga au Nord.

La superficie du plan d'eau est estimée à 2370km². La profondeur maximale varie selon les hauteurs entre 478 mètres (Damos, in Kaningini 1989) et 496 mètres (kiss, in Kaningini,M.1989).

La pente du fond du lac est inverse au sens actuel de l'écoulement des eaux tandis que sa partie nord possède, par rapport au sud, les plus grandes profondeurs (Kaningini,M 1989).

I.6. SITUATION POLITIQUE, SOCIO-ECONOMIQUE DES PECHEURS

A BUKAVU

I.6.1. Situation socio-économique

Le Kivu est une région à vocation agricole, touristique et minière. Sa diversité du sol et du climat due aux différences d'altitude dans l'ensemble de la région, offre des conditions hautement favorables à une variété de cultures vivrières et industrielle. Le Kivu est l'unique région du pays, où l'on produit du thé, du quinquina et de pyrèthre. Le tourisme est favorable au Kivu notamment grâce aux parcs de Virunga, de kahuzi-Biega et une partie de Maiko dans le Maniema. Ses lacs, ses montagnes volcaniques et son relief offrent également un paysage très captivant.

I.6.2. Situation Sociale et politique

Le Kivu est devisé en trois provinces résultant de l'éclatant dont on a fait mention. En dépit de toutes les considérations liées aux potentialités de cette région de la R.D. Congo, le Kivu connaît des problèmes énormes de démographique, de chômage, de guerre sous toutes ses formes principalement dans sa partie orientale appelée Bushi Montagneux.

Nous focalisons notre attention sur Bushi montagneux étant donnée sa proximité avec le lac Kivu.

La pêche au lad profite plus aux habitants de Bushi qu'aux autres habitants de la région. Aussi, toute la zone d'intervention du projet pêche de Bukavu se situe dans le Bushi et les pêcheurs (sujet d'étude) sont tous originaires de cette zone.

Deux calamités sévissent au Bushi : L'érosion du sol et la famine due au climat, à l'exploitation excessive du sol et aux guerres économiques à répétition dont le peuple congolais est victime. La démographie galope et l'implantation des cultures industrielles restreignent les terres cultivables, favorisent l'érosion et entraînent la malnutrition. Puisqu'il se butte à plusieurs besoins familiaux de première nécessité, le cultivateur mushi est contraint de donner à location une partie de son terrain arable sur droit de `'KALINZI'' à ses descendants qui font de même chaque fois que leurs enfants se marient. Etant donné que les surfaces pour les cultures vivrières deviennent sont réduites, chaque famille est obligée d'exploiter son petit lopin de terre de manière continue pour survivre. Par conséquent, comme la terre n'est pas mise en jachère, il y a la dégradation du sol, sa désertification et la diminution de production qui s'ensuivent.

I.7. LA PECHE SUR LE LAC KIVU

I.7.1. Historique de la pêche au lac Kivu

L'évolution de la pêche au lac Kivu connait par trois moments importants: La période avant l'introduction, en 1958 du Limnothrissa miodon et du stolothrisso Tounganyikae, puis la période entre cette introduction et les premières découvertes de la réussite de l'expérience et enfin, la période qui va débuter de la pêche de « Ndagala » à nos jours.

La première période qui se situe avant 1958, est dominée par la pêche empirique. Elle est pratiquée par quelques pêcheurs disséminés sur les côtes du lac. Le matériel de pêche est rudimentaire : Constitué de petites sennes de plage, de nasses et d'épuisettes pour la pêche des Haplo Chromiss, de filets dormants et de lignes pour la capture des Tilapia et des claries. La pêche sert principalement à l'autosubsistance familiale et occupe une place secondaire parmi les activités productives du ménage.

Quinze ans vont s'écouler depuis l'introduction du « Ndagala » et son exploitation dans le secteur congolais du lac Kivu. On signale la capture de Limnothrissa miodon pour la première fois au mois d'Août 1973 dans les bassins de Katana et de Bukavu, respectivement aux environs de la cimenterie de Katana (CIMENKI) et de la Brasserie.

Fort de cette expérience, la première unité congolaise de pêche artisanale est lancée en 1974 et d'autres suivirent par la suite. En 1979, un groupe des pêcheurs plus expérimentés venus du lac Tanganyika, réussissent à s'implanter définitivement à Bukavu. Et, depuis, la pêche au lac Kivu entre dans une nouvelle phase avec la coexistence de deux sortes du pêche : la pêche artisanale et la pêche empirique.

I.8. DEFINITION DES CONCEPTS CLES.

I.8.1. Approche

L'approche est l'ensemble de démarches préparatoires ou manoeuvres visant à atteindre un but. (1)

L'approche est une démarche intéressée (2)

I.8.2. Participation

Selon Gilles FORGET, Directeur général du CRDI (centre de recherche de développement et informations) en Afrique Centrale et de l'Ouest, définit la participation étant comme processus grâce auquel les ayant droit réussissent à influencer ou même à contrôler le développement d'initiatives, la prise de décision et le contrôle des ressources.

I.8.3. Gestion

La gestion est l'action de gérer, d'administrer. Elle est un ensemble d'opérations d'administrations des biens que possède un individu, une entreprise ou une nation (3)

Ahumed SILEM et Jean-Marie ALBERTIN ont écrit que la gestion est une science de décisions stratégiques et tactiques dans les organisations (4)

I.8.4 Rationnel

Selon le dictionnaire Encarta, rationnel signifie qui est conforme au bon sens. (5)

I.8.5. Halieutique

Le dictionnaire Petit Robert définie halieutique comme ce qui concerne la pêche ; ensemble des techniques, des disciplines concernant la pèche. (6)

I.8.6. Approche participative

L'approche participative regroupe les méthodes qui offre l`autonomie aux communautés en suscitant les prises de conscience, la compréhension et le sentiment de propriété des projets de développement qui aboutissent à des changements durables. Ces méthodes sont orientées vers les personnes pour plus de respect de la dignité humaine et une amélioration des conditions de vie décentes. (7)

I.8.7. Ressource

Rerévet (1991) montre bien qu'en matière de gestion des pêches, il est très difficile de définir la ressource : s'agit-il du stock de poissons, de la colonne d'eau, de la chaîne alimentaire? Aussi, propose- t- il de considérer comme ressource l'écosystème marin dans toute sa complexité, le poisson étant un de ses produits et le fonds marins l'intégralité spatial, balisable, le plus contrôlable du biotope marin, l'équivalant du sol pour l'agriculture.

Cette définition n'est pas satisfaisante. La gestion des ressources halieutiques ne peut en effet être réduite à la gestion de support physique mais doit prendre en compte les différentes dimensions et représentations de l'espace. (8)

CHAPITRE DEUXIEUME

HISTORIQUE DE LA PECHE SUR LE LAC KIVU

II.1. HISTORIQUE

(cette partie mise en rouge se retrouve de la p.21 à la p.22) Pourquoi ?

L'étude de la pêche sur lac Kivu, comme son histoire, se fait en trois temps fondamentaux : la période avant l'introduction du limnothrisa miodon en 1958 et du stolothrisa tanganyikae, puis la période entre cette introduction et le premières découvertes de la réussite de l'expérience et enfin, la période qui va du début de la pêche de ndagala, à nos jours.

La première période qui se situe avant 1953, est dominée par la pêche empirique. Elle est pratiquée par quelques pêcheurs disséminés sur le pourtour du lac. Le matériel de pêche est rudimentaire : constitué de petites sennes de plage, de nasses et d'épuisettes pour la pêche des haplochromis, de filets dormants et de liquide pour la capture des Tilapia et des clarias. La pêche sert principalement à l`autosubsistance familiale et occupe une place secondaire parmi les activités productives du ménages.

Quinze ans vont s'écouler depuis l'introduction du Ndagala et son exploitation dans le secteur congolais du lac Kivu. On signale la capture de limnothrissa miodon pour la première fois au mois d'Août 1973 dans les bassins de Katana net de Bukavu, respectivement aux environs de cimetière et de la Brasserie.

Forte de cette expérience, la première unité congolaise de pêche artisanale est lancée en 1974, d'autres suivront. En 1979, un groupe des pêcheurs plus expérimentés venus du lac Naganyika, réussissent à s'implanter définitivement. Et, depuis, la pêche sur lac Kivu entre dans une nouvelle phase avec la coexistence de deux normes de pêche : la pêche artisanale et la pêche coutumière.

II.2. L'EVOLUTION DES PRATIQUES DE PECHE AU LAC KIVU.

Une mission d'évaluation des possibilités d'exploitation du limnothrissa miodon a été réalisée en 1976 avec une unité artisanale de type catamaran en provenance du lac Tanganyika. C'est un mode de pêche nocturne qui utilise un filet soulevé conjointement à un système d'éclairage puissant attirant le poisson au-dessus du filet. Les résultats encourageant et intérêt qu'y portent les autorités rwandaises, permettent un développement rationnel de cette pêche au lac Kivu par l'initiation des projets de développement de la pêche au lac Kivu financés par le PNUD et exécuté par la F.A.O.

La technique de pêche promue par la F.A.O. jusqu'en 1985 est essentiellement l'unité de pêche artisanale en toutefois apportées. La forme et le maillage du filet sont adaptés aux nouvelles conditions de pêche, une embarcation supplémentaire est adjointe, la puissance lumineuse est doublée et la surface du carrelet agrandi.

Suite à quelques études comparatives en 1987, les catamarans sont systématiquement transformés en trimaran dont les captures étaient 4 à 5 fois supérieures à celles des catamarans (Trepart, G, 1989).

La pêche artisanale au lac Kivu est donc calquée sur le modèle de pêche au Ndagala (Stolothrissa et limnothrissa) par attraction lumineuse pratiquée sur le lac Tanganyika (Kaningini, 1990), avec toutefois, quelques modifications :

- augmentation du nombre des embarcations : au lac Tanganyika, deux pirogues assemblées forment les catamarans tandis qu'au Kivu, trois pirogues associées constituent le trimaran auquel s'ajoute la pirogue de renfort pour la chasse du banc des poissons.

- renforcement du système d'éclairage : les deux lampes''drums'' habituelles sont renforcées par 4 ou 6 lampes `'Coleman'' portées à l'avant de pirogue dite de ''renfort''. Ce dispositif semble être conséquence de la faible transparence des eaux du lac Kivu.

- augmentation de l'effectif des pêcheurs de 6 sur le lac Tanganyika à 10-11 sur le lac Kivu.

- La campagne mensuelle de 20 à 24 jours avec un arrêt de 7 à 10 jours pendant la pleine lune.

Depuis 1988, des pêches expérimentales sont organisées au filet maillant dérivant de différentes mailles, d'abord 10 et puis 8, 9, 10,11 et 12 mm de noeud à noeud. Les filets expérimentaux sont posés soit en surface (0-10 mètres), soit plus en profondeur (10-20 mètres).

II.3. LA PROBLEMATIQUE ECONOMIQUE

Certaines pratiques mettent en danger la survie de la ressource piscide. Nous avons observé trois types de comportements non écologiques qui sont les suivantes :

- Les pêcheurs à la senne de plage utilisent des filets dont la dimension des mailles est si petite qu'ils capturent des poissons immatures ;

- Les trimarans qui fonctionnent par attraction lumineuse sont tentés de pêcher dans les baies calme (`'Kirewa'' dans la langue mashi) lors des nuits de pleine lune. C'est souvent dans ces zones que les poissons se reproduisent. Il y a donc de fortes chances de capturer les jeunes individus ;

- Plusieurs personnes pratiquent la pêche aux larves dans le bassin de Bukavu, malgré l'interdiction de la loi. Selon Dr B. KANINGINI et J.Cl. MICHA, il a été estimé que 1kg de larves pêchées équivalait à la capture de 500kg de poissons matures. Si on suppose que chaque pêcheur capture 5kg de larves par jour et travaille un jour sur deux, la production annuelle des larves s'élève à 2700kg, ce qui représente une quantité estimée à 13.500 tonnes de poissons matures gaspillées par an par un échantillon de trente pêcheurs.

CHAPITRE TROISIEME

L'APPROCHE PARTICIPATIVE POUR UNE PECHE RESPONSABLE

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"