ii. Les limites méthodologiques
Sur le plan méthodologique notre analyse fut parfois
difficile, compliquée et limitée scientifiquement. Le
problème majeur a été le manque de recul temporel dont
nous disposions. Si l'Entente a été signée en 2008, les
ARM sont entrés en vigueur de manière disparate au cours des cinq
dernières années, ce qui explique le manque de donnée
brute à exploiter.
Alors même que nous disposions de données que
pour 742 autorisations légales d'exercer nous avons établi que
les flux migratoires des ARM vont quasiment systématiquement de la
France vers le Québec. Pourtant, il est compliqué de parler de
tendance lourde et définitive alors que l'ensemble des ARM ne sont pas
entrés en application. Par exemple, notre étude ne prend pas en
compte les ingénieurs, alors que dans les années futures ils vont
jouer un rôle de moteur dans l'émission des ALE. On peut
prévoir que la direction des flux va rester la même, voir
être accentuée avec les ingénieurs, lorsqu'on analyse les
données fournies par le Portrait statistique des immigrants
permanents et temporaires dont le pays de dernière résidence est
la France 2008-2012 de Benzakour. Il n'en reste pas moins que pour notre
essai nous ne disposions pas de l'ensemble des données (Benzakour,
2012). Ce manque de donnée a une incidence directe puisqu'une des
raisons du choix des avocats et des infirmières résulte du fait
qu'ils sont les deux ARM à avoir émis le plus d'ALE. Cela
démontre qu'il est compliqué de vouloir effectuer une
étude approfondie notamment quantitative tant que les données
« officielles » n'ont pas été publiées.
Dans un autre ordre d'idée, dans notre seconde partie
nous avons tenté d'effectuer une analyse la plus juste possible en
comparant les situations socio-économiques entre la France et le
Québec. Si nous avons bien réussi à contrôler avec
le taux de change Parité du pouvoir d'achat (PPA) les variations de
monnaie afin que la comparaison entre les différents revenus soit
fiable, nous avons été mis en difficulté sur
l'inégalité des sources d'informations. Ce manque de
cohérence dans les données crée des biais entre la
réalité et les résultats de notre analyse. Par exemple,
nous avons comparé les revenus des
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infirmières alors même qu'au Québec nous
avions les salaires de 2005 et en France ceux de 2012, il est pourtant
évident qu'en 7 ans les revenus évoluent.
Afin de contrôler les biais de notre analyse
quantitative, nous aurions dû mettre en place une méthodologie
tournée davantage sur les méthodes qualitatives avec par exemple
une série d'entretien des immigrants ayant eu recours à un ARM.
Si nous avions interrogé directement les personnes ayant obtenu une
autorisation légale d'exercer, notre contact avec notre sujet
d'étude aurait été direct donc moins biaisé par les
aléas de la disponibilité des données (Groulx, 1997 ;
Anadon et Guillemette, 2006 ; Gauthier, 2008). Si nous avions voulu rester dans
une démarche quantitative, l'utilisation de questionnaire aurait pu
être une solution. Dans une future recherche sur le sujet, il est
primordial de mettre en place une collaboration étroite avec les ordres
professionnels, car ils disposent autant des données quantitatives,
puisqu'ils émettent les ALE, et qualitatives. Une recherche qui
s'intéresserait aux métiers semble plus aléatoire et
compliquée puisqu'il n'y a pas forcement d'organismes de
représentation auxquelles se référer.
Finalement, un des points essentiels d'une recherche
tournée autour des méthodes qualitatives est de permettre de
comprendre s'il est possible de parler d'immigration de manière macro
sans s'intéresser à la spécificité de chaque
parcours.
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