iii. Validation partielle de H2
En conclusion, cette seconde partie confirme en partie notre
hypothèse H2, voulant que les facteurs socio-économiques
expliquent la direction que prennent les flux migratoires. Cependant, on ne
peut pas affirmer que plus les différences socio-économiques sont
élevées, plus les flux migratoires sont asymétriques.
La théorie de l'offre individuelle de travail explique
relativement bien l'asymétrie du flux de migration pour les
infirmières. En effet, une infirmière française verra
l'utilité marginale de son travail augmentée puisqu'en moyenne
les salaires sont 40 % plus importants au Québec. Pour les avocats la
théorie de l'offre individuelle n'est pas confirmée, car le flux
migratoire est similaire alors qu'un avocat français verrait
l'utilité marginale de son travail augmenter fortement en venant au
Québec.
Par ailleurs, pour valider la théorie de l'offre
individuelle, il faudrait effectuer la même démarche pour
l'ensemble des ARM. Cela permettrait de confirmer, où d'infirmer que
l'asymétrie dans les flux migratoires est la résultante d'une
volonté des migrants d'améliorer leurs conditions
socio-économiques. Nous pourrions aussi développer une approche
par l'inverse, c'est-à-dire trouver une activité professionnelle
où les revenus sont plus élevés en France et observer la
direction du flux migratoire. Un contre-exemple intéressant serait les
notaires, puisqu'en moyenne un notaire en France gagne 229 700 € par
année, alors qu'au Québec un notaire a des revenus similaires aux
avocats (INSEE, 2007). Malheureusement pour le moment nous n'avons pas
été en mesure d'identifier une activité professionnelle
où les revenus sont plus importants en France et où il y ait des
mouvements migratoires réels.
Dans un autre ordre d'idée, cette seconde partie
démontre qu'il est complexe de vouloir analyser une entente
quantitativement simplement quelques années après son
entrée en vigueur. Le manque de recul représente un risque,
d'autant plus que certains ARM doivent encore rentrer en application. Nous
reviendrons plus en détail sur notre méthodologie dans la
troisième partie. Nous tenons à souligner que notre seconde
partie
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ne prend pas en compte le statut d'immigrant alors que leurs
revenus sont quasiment toujours plus faibles. La raison est que certains
auteurs ont démontré que les immigrants qui parlent le
français et qui viennent de pays occidentaux ne sont pas
confrontés aux mêmes difficultés d'intégration que
les autres (Picot et Hou, 2003 ; Boudarbat et Boulet, 2010 ; Blaser, 2010 ;
Forcier, 2012).
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