II.1.3.3.La gestion des risques
dans les IMF
La gestion des risques demeure au coeur des
préoccupations des IMF, qu'elles soient rurales ou urbaines. Or les
réflexions à ce sujet sont éparses, et les IMF ne
disposent pas forcément de moyens financiers et humains, ni des
investigations et d'outils techniques pour y faire face (Churchill et Coster,
2001).
La gestion du risque, ou la prise de risques calculés,
réduit la probabilité de réaliser des pertes et minimise
le degré de la perte au cas où celle-ci arrivait. La gestion de
risque implique la prévention des problèmes potentiels et la
détection anticipée des problèmes réels quand
ceux-ci surviennent. La gestion des risques est un processus continu à
trois étapes.
Figure 1 : Processus de
gestion à trois étapes
Identifier les
vulnérabilités :
Avant de gérer les risques au sein d'une organisation,
il est important d'identifier au préalable les faiblesses, les limites,
les menaces actuelles et potentielles de l'organisation. Un aspect important de
gestion des risques est de prévoir les risques probables de
l'organisation à court, moyen et long terme.
Concevoir et mettre en oeuvre des systèmes
de contrôle :
Une fois que l'IMF a identifié ces points
vulnérables, elle peut concevoir et mettre en exécution des
mesures de contrôles pour les amoindrir.
Suivre l'efficacité des systèmes de
contrôle mis en place :
Une fois le système de contrôle en place, les IMF
doivent pouvoir suivre et apprécier son degré de
fonctionnalité et son efficacité. Les outils de suivi consistent
avant tout en un tableau de bord d'indicateurs de performance que les
Directeurs et Administrateurs doivent établir et suivre afin de
s'assurer de la bonne gestion de l'IMF. La gestion des risques est un processus
continu car la vulnérabilité change avec le temps. Egalement, les
risques varient sensiblement selon l'étape de développement de
l'institution.
De façon spécifique, la gestion du risque de
crédit peut se présenter sous deux aspects : les mesures
préventives que les prêteurs prennent avant l'octroi du
crédit et les mesures d'encouragement après le
déboursement pour permettre le remboursement dans les délais.
II.1.4. les déterminants du risque de
crédit
Nous adoptons ici une approche globale et nous insistons sur
les facteurs macro-économiques.
L'environnement
macroéconomique :
Le risque de crédit, peut être identifiée
par l'existence des facteurs macro-économiques qui ont souvent
joué un rôle non négligeable dans le déclenchement
des crises des institutions financière mais aussi des IMF, plus
particulièrement dans les pays émergents. Parmi ces facteurs nous
pouvons citer généralement : les fluctuations des taux
d'intérêt, la volatilité des flux de capitaux
étrangers, le régime du taux de changes et la volatilité
domestique des taux de croissances et d'inflations.
L'environnement institutionnel,
réglementaire et légal :
La faiblesse de l'environnement institutionnel et
réglementaire rend les institutions financières sensibles au
déclenchement de la crise, cela se réalise dans les pays
où les règles d'application des lois sont faibles, la
bureaucratie inefficace et les mécanismes d'application des contrats
sont peu performants.
L'intervention des autorités
gouvernementales :
Dans certains pays émergents, le fonctionnement des
institutions financières était intimement lié à la
politique et au comportement du gouvernement, cette intervention de la part des
autorités publiques prend diverses formes telles que la participation de
l'Etat dans le capital ainsi que l'intervention dans la décision
d'octroi de crédit. De ce fait, il y a une influence majeure
gouvernementale sur le comportement décisionnel de ces institution peut
conduire à des situations médiocres touchant la solidité
et la profitabilité des établissements de crédits.
Environnement Physique :
Certaines localités sont astreintes à des
calamités naturelles (inondations, tourbillons ou sécheresse) qui
affectent les ménages, les entreprises, les flux de revenus et la
prestation de services de microfinance. En plus, l'infrastructure physique -
telle que le transport, la communication et la disponibilité des
infrastructures bancaire dans la localité de l'IMF - peut l'exposer
à une vulnérabilité accrue.
II.1.5. mesure du risque de
crédit
Le risque de crédit ainsi que son rôle important
sont au coeur des innovations et de développement des divers
modèles permettant de gérer efficacement le risque. La
nécessité de mesurer le risque de crédit a
été mise en place et impulsée par les marchés
financiers et les autorités de supervision (voir accords la Bâle
II), depuis lors, s'est développée la modélisation de ce
risque ; on est passé de l'approche qualitative et subjective de
défaut à une évaluation quantitative et probabiliste de ce
risque.
Plusieurs méthodes ont été mises en place
pour mesurer le risque de contrepartie, à côté des
méthodes statistique appelée aussi l'approche quantitative, on
peut trouver l'approche structurelle présentée par le
modèle de Merton, l'approche actuarielle connu sous le nom de
« rating », l'approche macroéconomique et d'autre
par le « spread ». Toutes ces approches, avec une
diversité au niveau de démarche théorique, ainsi que leur
mise en oeuvre, concourent au même objectif ; la maîtrise du
risque de crédit.
La modélisation de risque de défaut est
considérée comme une innovation en matière de gestion de
risque, d'où malgré les avantages découlant de ces
approches, il y a une complexité et des limites qui restent toujours
présentes.
· L'approche structurelle : modèle
de la firme
L'approche structurelle du risque de crédit a vu le
jour suite aux travaux de Merton (1974), qui sont fondés sur la
théorie d'évaluation des options développés par
Black & Scholes (1973). Le modèle de Merton
(1974) est le premier modèle moderne de défaut ainsi que le
premier modèle structurel, du fait qu'il relie directement le risque de
crédit à la structure financière de la firme, d'où
qu'une possibilité de faire défaut se manifeste lorsque le prix
des actifs se trouve au-dessous d'un certain seuil, qui est situé
à proximité inférieurs de la valeur des dettes.
Ce type d'approche est développé aussi par
divers travaux autres que ceux de Merton (1974) en essayant de présenter
le défaut comme un processus endogène directement lié
à la structure du capital d'une firme, en d'autre terme le profil de
gains des actionnaires et des créanciers, est comparable à celui
des options. En outre, le model structurels saisit le risque de crédit
comme la probabilité d'insolvabilité, en d'autre terme le risque
que la valeur des actifs d'un débiteur ne couvre plus le montant de ses
dettes, de même cette approche conduit théoriquement à une
évaluation de la dette risque et des produits dérivés de
crédit qui correspond à la valeur des actifs de l'entreprises.
Cette approche qui trouve son application dans les
modèles bancaires d'analyse de portefeuille de crédit, son
avantage majeur est d'articuler le risque de crédit et la performance de
la firme, permettant une évaluation intégrée et
cohérente des divers titres émis par l'entreprise qu'ils
s'agissent des actions ou d'obligations convertibles, ou encore des dettes
risquées. Ainsi les modèles structurels sont
considérés comme une approche systématisée qui
remplacerait une démarche traditionnelle d'évaluation au cas par
cas du risque crédit de chaque firme à partir de
l'évolution de son comportement.
Les limites qui découlent de ces modèles de la
firme sont d'ordre conceptuel et pratique, du fait qu'il est difficile à
mettre en place la procédure d'évaluation de la structure
complexe des priorités de remboursement, en fonction de la
séniorité de toutes les dettes du passif et du hors bilan. De
plus ils trouvent généralement des difficultés à
rendre compte d'une manière convenable de la structure des spreads de
crédit observée, et de leurs sensibilités à
certaines variables (taux d'intérêts), d'où ils ne prennent
pas en compte de la non convergence vers zéro des spreads de
crédit pendant une échéance courte même pour les
entreprises moins endettés (Ilhem ZORGUI,2006).
· L'approche
macroéconomique :
Ce type d'approche d'ordre macroéconomique
considère le défaut comme une fonction de la position d'un
secteur dans le cycle économique. En d'autre terme, cette approche
consiste à évaluer la manière dont les différents
scénarios macroéconomiques peuvent affecter le risque d'un
portefeuille, d'où celui-ci est considéré comme une
agrégation « bottom-up » du risque propre à
chaque entreprise, et d'autre de type « top-down » qui
évalue des déterminants communs et applicables à
différentes catégories des débiteurs.
A ce stade, l'approche macroéconomique a pour objectif
majeur de transformer les matrices inconditionnelles de transition à une
autre matrice conditionnelles à la position de l'économie dans
l'ensemble du cycle, d'où en période de chute d'activité
les probabilités de défaut augmentent et la situation des
emprunteurs s'aggrave, alors que dans la période de maturité on
se trouve dans une situation inverse. Ainsi une nécessité d'un
modèle multifactoriel afin de simuler les probabilités de
distribution de défaut et de migration pour les débiteurs dans
différentes industries pour chaque pays, ces probabilités sont
déterminées d'une manière conditionnelle en fonction des
facteurs macroéconomique, comme le taux de croissance, le taux de
chômage, le taux de change, les taux d'intérêts,...
La probabilité de défaut est
présentée comme suit :
P,t j = F(Yj,t ; Vj,t)
Où : Pj,t : la probabilité
conditionnelle d'un débiteur classé dans le segment j (pays,
industries, catégorie de rating) au temps t.
Yj,t : indice macroéconomique spécifique au
segment j (pays, industries, catégorie de rating) construit sur la base
d'un modèle multifactoriel de la forme suivante :
Yj,t = G(Xi,t ; Vj,t) et Vj,t ~ N(0,j)
Où Xi,t=(X1,t ; X2,t ; .......Xn,t)
Les différentes variables macroéconomiques, dont
dépend le segment j sont en période t, et Vj,t
considérées comme un terme d'erreur qui suit une démarche
aléatoire et représente les divers chocs et innovations ,
indépendamment des Xi,t.
Ce modèle se partage en deux compartiments, les
variables macroéconomiques qui caractérisent le cycle, et les
innovations (systémiques et spécifiques aux secteurs), qui
créent l'incertitude sur la distribution des pertes dans les simulations
de Monte Carlo.
En ce qui concerne les corrélations de défaut
entre divers segments de risque, elles ne sont pas modélisées,
car elles sont déterminées d'une manière implicite
à travers la réactivité de chacune d'elles, et à
travers des variables communes ce qui est contradictoire avec les deux autres
approches.
En effet le modèle met en évidence les effets de
diversification et les facteurs systémiques non diversifiables.
D'où, plus le portefeuille sera diversifié moins les chocs non
systématiques seront importants. Ainsi son avantage se manifeste dans
l'utilisation des sources d'information plus diverses par apport à
celles utilisées par les autres modèles, mais l'existence d'une
certaine relation de causalité dans le passé, qui est
utilisé comme un outil statistique de régression peut ne pas
être vérifiée dans le futur, puisque une information sur
les taux de défaut par pays ou par industrie est relativement rare, de
plus il peut être considéré comme délicat la
réalisation de certaines estimations en se basant sur des variables
macroéconomiques sélectionnées arbitrairement.
· L'approche actuarielle :
Une nouvelle approche s'est développée
grâce au recours aux « rating » appelée aussi
notation de crédit. C'est l'approche actuarielle qui est similaire
à celle de management du risque de marché où aucune
hypothèse n'est faite sur la cause des mouvements de prix de
marché, d'où le risque de défaut n'est pas
nécessairement relié à la structure capitalistique de
l'emprunteur ni à la situation économique du secteur auquel il
appartient.
En effet les ratings ne mesurent pas directement des
probabilités de défaut, mais ils se constituent comme une base
pour les estimer, du fait que les agences de notation attribuent des notes
concernant des échantillons d'entreprises suffisamment large dont
l'objectif recherché, et que ces données historiques de
défaut soient significatifs pour les prendre en considération ,
en d'autre terme les données statistiques de défaut historique
peuvent être utilisées comme l'estimation des probabilités
futures de défaut.
Ce type d'approche actuarielle des événements de
crédit par les ratings nécessite de bien définir les
caractéristiques de ces derniers sous certains aspects, l'horizon
d'estimation, la dépendance par rapport aux cycles économiques et
l'homogénéité sectorielle. Ainsi, des tables de
défaut sont mise en place par les agences de notation, appelées
aussi (de mortalités), qui consistent à rassembler les
séries historiques ceux de défaut passées comportant des
taux de mortalités marginales (pour un horizon d'un an) et ceux
cumulés (horizon de plusieurs années) par classe de rating. De
plus l'existence d'une matrice de transition qui est considérée
comme « la matrice qui définit pour un crédit, une
classe de crédit ou encore tout un portefeuille, l'ensemble de
migrations c'est-à-dire des probabilités de passer d'une classe
de crédit à une autre (y compris la probabilité de faire
défaut à partir de chaque classe de crédit).
L'approche par les ratings, est en ce qui concerne sa
méthodologie est utilisée d'une manière fréquente
dans la filière crédit des banques, pour la matrice de
transition, qui se base sur des données établies sur une longue
période, peut entraîner l'extrait d'une probabilité moyenne
et très approximatifs, en d'autre terme il y a une supposition que ces
probabilités de transition sont les même au cours du temps et
elles sont indépendantes des événements passés,
alors que la situation financière d'un emprunteur se trouve
conditionnée par sa situation au cours des périodes
précédentes. D'une manière générale ce
matrice se trouve stable dans l'espace, puisqu'il décrit le risque d'une
façon identique quels que soient le secteur et la localisation
géographique, de plus toutes les entreprises de même rating ont la
même probabilité de défaut quel que soit leurs taux de
recouvrement.
· L'approche par les
spreads :
La naissance de ce type d'approche est pour résoudre
les difficultés des modèles de Merton, ainsi que pour tarifier
les produits dérivés de crédit, son rôle majeur est
de partager le taux d'intérêt nécessaire pour le
financement d'une contrepartie entre le taux sans risque et une prime de risque
appelée « spread », ce dernier incorpore
diverse informations sur la qualité de l'emprunteur, ainsi que la
liquidité de la transaction sous-jacente ou plus générale
du marché.
Du fait qu'une autre méthode se manifeste par le
lancement d'une nouvelle approche qui consiste à calculer la
probabilité de défaut et les extraire directement des spreads,
d'où ce type d'approche est fondé sur un processus exogène
qui caractérise la probabilité de défaut.
Duffie et Lando(1999), qui mettent en évidence que la
sous-évaluation des modèles structurels ne prennent pas en compte
la manque d'information sur les investisseurs , d'où les données
comptables publiées restent toujours insuffisantes et incomplètes
, alors que dans les modèles sous forme réduit, le temps de
défaut est défini d'une manière exogène et donne
plus d'importance au processus stochastique basé sur des informations de
marché au lieu d'information comptable.
Alors en ce qui concerne l'hypothèse d'absence
d'opportunité d'arbitrage est centrale, ce qui implique que
l'espérance du rendement des actifs est égale au taux sans
risque, en fait on peut déduire des tauxYt, à la
période t la probabilité de défaut
htappelée aussi risque neutre en supposant un taux de perte
en cas de défaut noté L, ce qui implique :
Avec, rt : taux sans risque
htL : Le spread, qui permet de mesurer la
perte anticipée
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