B- L'insécurité des populations
L'on se rend compte que malgré la présence des
OMP, on assiste à un nombre de déplacements importants (1) et
à une situation dramatique des réfugiés (2).
1- Le nombre important de
déplacés
Dans les guerres civiles africaines, les populations civiles
se déplacent contre leur gré en raison des conséquences
néfastes des conflits armés. À cause de ces
déplacements, ces populations deviennent plus vulnérables, car
exposées à la famine, aux maladies et aux assauts des
belligérants. Le déplacement massif des populations entraine
indubitablement des violations des droits de l'homme. Malgré la
présence des Casques bleus, l'on assiste à des
déplacements importants dans les zones de conflit en Afrique.
Dans le cas de la RDC, la MONUC n'a pu empêcher les
déplacements des populations, car le caractère perpétuel
des hostilités fait des déplacements massifs le seul moyen
d'échapper aux conséquences des hostilités. Ainsi, dans
les années 2000, on estimait le nombre de déplacés
internes à 2 millions. Ce chiffre est principalement celui de
l'année 2001. En 2011, on se rend compte que même si ce chiffre a
diminué, le problème n'a pas été résolu de
manière importante, puisque le nombre de déplacés est
estimé à 1,7 million cette année-là269.
La présence des Casques bleus n'a donc pas été
déterminante pour stopper ce phénomène et éviter
des violations des droits de l'homme.
269 Rapport du SGNU sur la MONUSCO, janvier 2011
100
À l'est du Tchad, la situation est pareille en ce qui
concerne le déplacement massif des populations. En 2009, un an avant le
retrait de la MINURCAT, on dénombrait 166 000 déplacés.
La Côte d'Ivoire a connu le même problème
malgré la présence des forces de l'ONUCI. En 2011, on comptait
100 000 personnes déplacées, dont 15% qui vivaient dans les
camps270. Le problème des déplacements massifs reste
sérieux dans les pays sus évoqués et entrainant des
violations des droits de l'homme.
2- La situation précaire des
réfugiés
Un réfugié est toute personne qui «
craignant avec raison d'être persécutée, du fait de sa
race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un
certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays
dont elle a la nationalité et qui ne peut, ou du fait de cette crainte,
ne veut se réclamer de la population de ce pays
»271. À partir de cette définition, la
principale caractéristique d'un réfugié est sa
vulnérabilité qui en elle-même est une atteinte aux droits
de l'homme. Comme Louise Aubin l'affirme dans un article du HCR, «
l'existence des populations réfugiées est la conséquence
et l'incapacité du refus du gouvernement de s'acquitter de la
responsabilité d'assurer certains droits de l'homme
»272. À cause des hostilités, la fuite et
l'exil des populations réfugiées « apparaissent moins
comme une réponse que comme une urgence imposée par la
nécessité de survie »273. C'est en raison de
cette vulnérabilité que les OMP ont pour mandat de
protéger les populations réfugiées. Car les terres
d'accueil en Afrique ne sont pas toujours des terres de paix. Les
réfugiés quittent alors des terres de conflit pour d'autres
terres de conflit. Ce qui rend leur situation plus vulnérable. En effet,
les parties aux conflits (gouvernement et opposition) « s'emploient
souvent à contrecarrer l'action conduite par les organisations
humanitaires pour assurer la
270 Rapport du SGNU sur l'ONUCI, 30 décembre 2011,
par.53
271 ART.1 de la Convention de Genève de 1951 sur les
réfugiés
272 Aubin (L), « La sécurité humaine et le
Haut Commissariat aux réfugiés » dans Guillaume Devin (sous
la direction de), Faire la paix. La part des institutions
internationales, Paris, Editions Pepper, 2005, p.115129
273 Cambrezy (L), « réfugiés et migrations
en Afrique : quel statut pour quel vulnérabilité ? »,
Migrations internationales et vulnérabilités, REMI, vol
23, 3, 2007, p.3
101
protection de ces personnes »274.
Pendant les conflits, les réfugiés connaissent les violations de
leurs droits malgré la présence des OMP.
À l'est du Tchad, les réfugiés
centrafricains ont connu des atteintes à leurs droits malgré la
présence des membres de la MINURCAT. Pendant la période allant
d'avril à octobre 2009, les conditions de sécurité dans
l'est du Tchad ont privé les réfugiés de l'aide
humanitaire. Toute chose qui entraine les violations de leurs droits. En effet,
ces personnes vivent essentiellement de l'aide humanitaire, priver ces derniers
de celle-ci revient à les priver du droit à la vie. En plus les
belligérants commettent des graves violations des droits de l'homme dans
les camps de réfugiés. À l'est du Tchad par exemple, les
violences sexuelles et basées sur le genre ont été
perpétrées sur les femmes et les jeunes filles, dont certaines
étaient à peine âgées de 5 ans275.
Malgré la présence des casques bleus, la situation humanitaire
demeure précaire dans les zones conflictuelles en Afrique, entrainant
ainsi les violations des droits de l'homme.
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