1.2.2.4. Epargne des migrants
En vue de s'assurer d'avoir un revenu à chaque
période, lequel revenu lui permettra de lisser sa consommation, le
ménage incite parfois les membres de sa famille à migrer vers les
pays où le facteur travail est mieux rémunéré. En
admettant l'hypothèse selon laquelle il y a absence d'obstacles à
la mobilité du facteur travail, certains membres du ménage vont
migrer et à partir de l'étranger vont commencer à
opérer des transferts vers leurs pays d'origine.
1.2.2.4.1. Motifs de transferts
Lillard et Willis (1997) distinguent sept motifs
présentés ci-dessous de transfert de revenu par les migrants.
- Financement de la retraite : le ménage qui
s'attend à vivre longtemps cherche à sécuriser son vieil
âge. Dans les pays en développement comme la RDC, il existe peu
d'alternatives en matière d'épargne pour le futur car les
institutions font défaut. Les montants que les parents investissent dans
les enfants constituent une source de revenu futur ;
- Repaiement parental : ici, le transfert est
considéré comme un prêt et non comme une épargne. On
suppose que la rémunération des enfants est proportionnelle
à l'emprunt qu'ils ont reçu des parents ou des membres de famille
;
- Risque et assurance : ici le transfert est conçu
comme un mécanisme de gestion du risque ;
- Altruisme : cette hypothèse suppose que le chef
de ménage altruiste alloue les ressources de manière à
satisfaire les sommes pondérées des utilités des membres
du ménage et va investir beaucoup dans l'éducation des
enfants ;
- Transfert comme mode d'échange : cette
hypothèse suppose que le transfert constitue un moyen de paiement du
service rendu ;
- Pouvoir de marchandage intra-ménage : ceci
suppose que le partenaire qui a le plus de pouvoir de marchandage
contrôle la consommation du ménage ;
- La différence due aux genres : la question
soulevée par cette hypothèse est de savoir s'il y a des
différences de comportement de transfert selon le sexe des enfants.
1.2.2.4.2. Importance des transferts des
migrants
Le FMI estime le montant global des envois de fonds
effectués par les migrants en direction des pays en développement
à plus de 105 milliards de dollars pour la seule année 1999. Ce
chiffre est probablement très en deçà de la
réalité puisqu'il ne tient pas compte des envois en nature et des
transferts qui échappent aux circuits formels. L'OCDE estime pour sa
part que ces transferts représentent, en moyenne, 50 % des sommes
reçues par les pays du Sud au titre de l'aide publique au
développement. Pour certains pays, les transferts d'économies des
travailleurs sont considérables (Penent, 2003).Il est clair qu'une bonne
politique d'encadrement de l'épargne des migrants aura comme effet le
développement économique et le bien-être collectif de la
population du pays d'origine.
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