1.3. DETERMINANTS DE L'EPARGNE
PRIVEE
Dans cette section, il sera
question de présenter les hypothèses et théories de
l'épargne des ménages. Ensuite, nous allons présenter les
facteurs affectant l'épargne des ménages. Nous terminerons enfin
par dire un mot sur le comportement d'épargne des entreprises.
1.3.1. HYPOTHESES ET THEORIES SUR L'EPARGNE DES MENAGES
Dans les pages qui suivent, nous présentons quelques
théories et hypothèses sur l'épargne des
ménages.
1.3.1.1. Hypothèse du revenu absolu
De nombreux économistes considèrent qu'on peut
appliquer de manière générale, le rapport simple entre
épargne et revenu. Ils considéraient que l'épargne des
ménages dépend directement du revenu courant disponible. La
propension à épargner une partie du revenu courant disponible
augmente, estime-t-on avec les revenus. C'est l'hypothèse
keynésienne sur le revenu. Les études ont montré que cette
hypothèse ne reste valable qu'à court terme, car à long
terme la consommation et l'épargne restent constantes. (Malcolm,
1990).
1.3.1.2. Hypothèse du revenu relatif
Cette hypothèse développée par
Duesenberry (1947) soutient que l'épargne et la consommation
dépendent non seulement du revenu courant mais également du
niveau antérieur de revenu et des habitudes de consommation
passée. La croissance à long terme des revenus amène les
consommateurs à adapter leurs dépenses à des niveaux de
consommation supérieure.
Cette hypothèse a été utilisée
pour expliquer le comportement en matière de consommation et
d'épargne aux Etats-Unis. Ultérieurement, des chercheurs ont
soutenu qu'elle peut également s'appliquer aux pays en
développement. Certains ont laissé entendre que le jeu d'un
« effet de démonstration » entraîne une
élévation en dent de scie de la consommation et de
l'épargne dans les pays en développement, à mesure de la
croissance de revenu (Malcolm, 1990).
1.3.1.3. Hypothèse du revenu permanent
Développée par Friedman en 1957.
L'hypothèse de revenu permanent se fonde sur l'idée selon
laquelle le revenu courant comporte deux éléments : le revenu
permanent et le revenu transitoire. L'idée de base de cette
hypothèse est la suivante : les individus qui s'attendent à
vivre de longues années, prennent, en matière de consommation,
des décisions à longue échéance. Les écarts
positifs entre revenu disponible et revenu permanent font progresser
l'épargne, alors que les écarts négatifs engendrent une
désépargne (Stinglhamber, Nieuwenhuyze et Zochary, 2011). Ici,
l'épargne joue le rôle d'amortisseur à travers le temps.
Le revenu courant est le revenu total de l'individu
composé du revenu permanent et de la richesse financière de
l'individu en valeur actualisée (Carroll, Rhee, B et Rhee, C., 1994). Ou
encore, c'est le produit de la richesse, notamment des actifs issus du capital
matériel et du capital humain (éducation par exemple) à la
disposition du ménage.
Pour Friedman, les individus peuvent prévoir
(anticipation relative) avec un degré de certitude raisonnable
l'importance de ces flux pendant leur existence et fondent leur consommation
sur ce qui est, à leurs yeux, leur revenu normal ou permanent, lequel
tend à être stable sur une longue période.
Dans la variante la plus restrictive de l'hypothèse du
revenu permanent, la consommation tend à représenter une
proportion constante du revenu permanent proche de 100% de celui-ci.
Dans sa version la plus extrême, l'hypothèse du
revenu permanent soutient que les individus épargnent 100% de tous les
revenus transitoires. Mais les recherches économétriques
effectuées depuis les années 1970 ont mis en cause cette
hypothèse. Certaines études montrent que la propension à
consommer le revenu transitoire est assez élevée surtout dans les
pays en développement où le niveau de revenu des agents est
faible.
Des versions modifiées de l'hypothèse du revenu
permanent se bornent à soutenir que l'épargne tirée du
revenu permanent est constante pendant la vie d'un individu, mais
peut-être positive et qu'en dépit de la forte propension à
épargner le revenu transitoire, celui-ci n'est pas automatiquement
épargné dans sa totalité.
|