V-3- Analyse de l'impact écologique de la chasse
sportive dans la région du Nord Cameroun
La pratique de la chasse sportive en Afrique sub-saharienne ne
concourt pas à la conservation de la diversité biologique. Au
contraire, elle pose un problème environnemental, voire constitue une
menace
13 Ministère de l'environnement, de la
protection de la nature et du développement durable
14 Ministère des arts et de la culture
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pour les espèces animales et l'environnement (Bennet et
Robinson, 2000). D'avis contraire, Adams et Hulme (2001) pensent plutôt
que la chasse sportive joue un rôle, pas seulement dans l'industrie du
tourisme, mais également dans la politique de conservation car vise
à impliquer les populations locales comme principaux acteurs dans la
gestion des ressources fauniques. Ce qui rejoint le contexte camerounais. En
plus des revenus issus de la rétrocession, elle offre des
opportunités d'emplois.
Les quotas annuels d'abattage sont fixés chaque
année. En théorie, ceux-ci devraient être attribués
après inventaire des différentes ZIC, ainsi que dans les parcs
nationaux. Mais ceci ne s'applique pas toujours du fait des grandes superficies
de ces AP et le manque de moyens . Pourtant les revenus de la chasse sont
importants mais il n'y a pas assez de réinvestissements dans la
protection des zones protégées, dans la mise en application des
règles (inventaires), et surtout dans la mise en application des mesures
de conservation (mesures anti-braconnage). L'administration procède donc
par « gestion adaptative » (Chardonnet, 1995 bis), qui consiste
à déterminer les prélèvements en fonction des
évolutions des paramètres tels : la superficie des ZIC, le suivi
de la qualité des trophées, le suivi du taux de réussite
dans les ZIC et surtout, l'analyse de l'effort de chasse et du taux de
recouvrement des quotas.
L'estimation des quotas d'exploitation théorique de
certaines espèces fauniques, basée sur la méthode de
Martin et Thomas (1991) pourrait également contribuer à
l'élaboration des quotas annuels de chasse. Mais celle-ci
nécessite également une estimation des différentes
populations (données indisponibles pour plusieurs espèces).
On constate d'après le tableau IV et la figure 7, que
le taux de réalisation (ou taux de prélèvement effectif)
pour le Lion est assez faible. La demande étant pourtant
élevée. La population des Lions en nette baisse sur l'ensemble
des aires protégées et dans les zones de chasse du Nord et de
l'Extrême-Nord, pourrait en être l'explication. Ceci se confirme
par le taux élevé de réalisation du Damalisque dont les
populations sont nombreuses dans les aires protégées et les zones
de chasse, d'où une facilité pour les abattre.
En utilisant cette même estimation des quotas et, en
fonction des estimations de la population de Lions du tableau VI, nous nous
rendons compte que le quota théorique (17,44) n'a pas été
atteint. Seuls 8 lions ont été réellement abattus pour 16
estimés. Selon une étude menée par Croes et al
(2011, bis), la densité des Lions dans les zones de chasse (0,56
Lion/100 km2) est bien plus faible qu'au sein des parcs nationaux
(1,81 lion/100 km2) dans la région du Nord. Ces chiffres ont
permis à l'Université de Leiden de conclure que la cause de ces
différences significatives pourrait être imputée au quota
élevé
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de prélèvement des Lions. Il a ainsi
été recommandé au MINFOF, d'asseoir un moratoire de 5 ans
afin de permettre la restauration des densités de Lions dans les zones
de chasse (LCI15, 2013).
Pour ce qui est des Hippopotames (tableau IX), 38
étaient prévus pour l'abattage. Le quota théorique
calculé s'élève à 9 et le nombre
réalisé est de 18, donc 2 fois supérieur à ce qu'il
fallait. Face à cela et étant donnée la baisse de
l'effectif de l'espèce, un quota d'abattage n'a pas été
attribué pour la prochaine saison cynégétique.
Le plan d'action de conservation du Lion au Cameroun (PACLC) a
pour objectif le maintien de la population de Lions afin qu'elle soit
écologiquement et économiquement viable, ceci dans un habitat peu
perturbé et dont l'exploitation durable sur le plan
éco-touristique et sur le plan cynégétique procure des
retombées à l'Etat et aux populations riveraines de sa zone de
distribution (MINFOF, 2007). Le Lion reste une espèce très
demandée par les chasseurs. Les estimations en nombre de la population
dans les 3 parcs et leurs ZIC ont été faites et sont
répertoriées dans le tableau VII. Il en ressort que, suivant le
nombre estimé, le PNB renferme plus de Lions, suivi du PNBN et enfin du
PNF.
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