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L'intangibilité des ouvrages publics

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par Henda EL GHOUL
Faculté de droit de Sfax Tunisie - Mastère de recherche en droit public 2013
  

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CONCLUSION

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Conclusion

Faisant appel à des justifications manifestement ambigües, il est apparu, au fil des décisions jurisprudentielles, que le principe d'intangibilité, « principe dangereux »375, voire « choquant »376, était appelé à évoluer. Un auteur a ait conclu que de « ses fondements ambigus », le principe d'intangibilité ne peut pas « tirer une force juridique lui conférant une portée absolue »377. Pour continuer à exister et surtout se justifier, le principe est contraint de traverser une mutation.

S'il était besoin de plaider en faveur de l'intangibilité, force est de constater que le problème n'est pas dans le principe lui-même, mais bien plus dans son utilisation assez souvent abusive. La poursuite de l'intérêt général ne doit jamais dispenser l'administration de respecter le droit. Les actes administratifs justifiés par un tel intérêt n'en sont pas moins annulés par le juge lorsqu'ils sont, par ailleurs, irréguliers378.

Le contrôle juridictionnel de l'invocation du principe s'est perfectionné. Il est devenu plus subtil, ainsi qu'en témoigne l'accent mis, dans la jurisprudence, sur la confrontation impartiale des intérêts par application de la technique du bilan. Le juge est particulièrement attentif à garantir une conciliation rigoureuse entre les droits des individus et les exigences de l'intérêt général pour que celui-ci ne puisse jamais devenir un alibi à la mystérieuse raison d'Etat379.

375 P. DUEZ et G. DEBEYRE, Traité de droit administratif, 1952, p. 856.

376 J-P. GILLI, « L'intervention du juge des référés en matière d'expropriation irrégulière», JOP, 1957, I, n° 1364, p. 2.

377 J-P. MAUBLANC, Note sous OE, sect. 19 avril 1991, Epoux Denard et Epoux Martin, « La remise en cause de l'adage « ouvrage public mal planté ne se détruit pas » », RFDA, 1992, p. 66.

378 M. RECIO, Note sous Cass. Civ, 30 avril 2003, Consorts X c/ Commune de Verdun-sur-Ariège, « Un palimpseste jurisprudentiel : le principe d'intangibilité de l'ouvrage public », LPA, n° 230, 18 novembre 2003, p. 19.

379 Ch. BOUTAYEB, « L'irrésistible mutation d'un principe : l'intangibilité de l'ouvrage public », RDP, n° 5, 1999, p. 1482.

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Conclusion

Cependant, le principe d'intangibilité de l'ouvrage public n'en est pas pour autant abandonné. On peut raisonnablement parler d'une « tangibilité mesurée »380 de l'ouvrage public, d'un encadrement accru de celui-ci dans un souci de légalité et de protection du droit de propriété privée. L'évolution du principe semble plutôt se dessiner vers une tangibilité sous condition, en admettant la possibilité de toucher l'ouvrage, mais moyennant le respect d'effectuer un bilan coût-avantage.

Les principes fondateurs du droit, parmi lesquels le principe d'intangibilité, sont amenés à s'adapter progressivement avec les exigences de notre époque. Le droit administratif lui-même s'est orienté vers la protection des droits des administrés.

380 C. LAVIALLE, Note sur OE., sect., 29 janvier 2003, Syndicat départemental de l'électricité et du gaz des Alpes-Maritimes et communes de clans, RFDA, mai- juin 2003, p. 486.

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