I.2.6. Effets de l'inflation sur le revenu
Dans les pays sous-développés en
général et le Burundi en particulier, le gouvernement fait face
au problème de rétrécissement de l'assiette fiscale. C'est
ainsi que le gouvernement a tendance à augmenter les recettes
nécessaires pour le financement du budget.
Norman Keiser cité par Ndoreraha (2003), a donné
le rôle de l'inflation sur la croissance économique. La
réponse qu'il a donnée a été « ça
dépend » dans la mesure où une augmentation des prix
encourage dans les premiers temps l'investissement. Cette idée, comme
poursuit Ndoreraha (2003), « fut également confirmée par
A. Siaen qui souligna que l'accélération ou l'apparition de
l'inflation stimulait les entreprises initialement mais d'une façon
malsaine. »
Au début, les agents économiques sont victimes
d'une illusion de court terme provoquée par la hausse du niveau des prix
et de l'élargissement des débouchés. A cet effet, ils font
des investissements et on assiste à une croissance de courte
durée. Lorsque l'inflation s'accélère, le comportement qui
guide le consommateur est de s'endetter par le fait qu'il juge
intéressant de consommer aujourd'hui plutôt que demain et le
producteur espérant une hausse future des prix des biens produits
augmente son niveau d'investissement.
Cependant, cette illusion n'a plus de sens dans le long terme
car les entrepreneurs commencent à voir leur profit diminuer suite
à la hausse consécutive des coûts de production. Dans ce
cas l'investissement tourne vers des biens refuges qui sont improductifs comme
les maisons, les métaux précieux etc. En bref, l'inflation
accroît la consommation présente au détriment des
investissements productifs.
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I.2.7. Inflation vue comme stimulant de
l'investissement
Quoique nous accusons beaucoup de maux économiques
à l'inflation, cette vision n'est pas toujours partagée. Certains
économistes révèlent que l'inflation peut être d'une
importance primordiale pour l'essor économique comme nous apprend
Perkins et al. (2008,p. 563) :« ...la hausse des prix pouvait
stimuler l'initiative commerciale et industrielle privée, l'inflation
étant réputée contribuer à l'abandon, par le
travail et le capital, des secteurs économiques en déclin pour
passer à des secteurs dynamiques. » Cependant, les mêmes
économistes n'oublient pas de signaler que cette règle n'est pas
générale et soulignent le cas des pays en
développement.
En fait leur argument en faveur de l'inflation, pour Perkins
et al. (2008,p. 563), trouve son fondement dans la mesure où la
hausse généralisée des prix contribue dans
l'accélération. « du transfert du travail et du capital
des secteurs traditionnels ou de subsistance vers les secteurs modernes au
potentiel de développement maximal ». Cela ne paraît
donc pas pour le cas du Burundi ou pour tout autre pays en voie de
développement. En effet, cette mobilité des ressources des
secteurs traditionnels vers les secteurs modernes évoquée pour
les pays à économie poussée a lieu grâce au fait que
ces pays sont porteurs de divers secteurs économiques et qui sont aussi
très développés.
Dans les pays en développement comme le Burundi
où les secteurs économiques ne sont pas encore
développés, ce comportement d'abandon ou de transfert des
ressources d'un secteur au profit d'un autre n'est pas encore souhaitable.
Ici, nous dévons savoir que les pays
développés peuvent même renoncer à la production de
tel ou tel autre produit pour s'approvisionner sur le marché
étranger en raison du prix concurrentiel mais aussi de leur
capacité à couvrir la totalité des importations pouvant
satisfaire la demande domestique. Dans le paragraphe suivant nous parlons des
effets de l'inflation sur les recettes fiscales.
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